250720-Cliousclat-Ephésiens 2-réunis dans un seul peuple

Le texte à télécharger contient toute la liturgie du culte ; un second texte permet de lire le passage de la lettre

ci-après que le texte de la prédication sur le chapitre Deux

Dans sa prière à la fin du ch.1, Paul a demandé à Dieu que les chrétiens aient une intelligence nouvelle, une sagesse revisitée, par l’Esprit du Christ, afin de comprendre dans quelle espérance nouvelle nous vivons, et que nous laissions la puissance de Dieu changer notre mentalité délétère. Ce que Paul nous partage de ce projet divin, c’est la volonté de Dieu de nous réunir au Christ, de faire de tous les croyants, le corps du Christ. C’est donc un programme fondamental sur l’existence de l’Eglise, sur son identité profonde. Et Paul poursuit sa catéchèse, en abordant plusieurs sujets.

Pour comprendre sa démarche, il est bon de nous rappeler que l’Eglise d’Ephèse, comme les autres Eglises alentours, était une Eglise composée d’une forte majorité de chrétiens issus du paganisme, des non-juifs. Ça ne nous parle plus vraiment, dans notre contexte où les juifs sont absents. Nous devons donc faire un effort pour entrer dans sa réflexion, avec les données qu’il nous livre.

Car Paul, un juif, s’adresse à vous, non-juifs, pour vous rappeler 2 choses : d’abord que vous étiez morts à cause de vos péchés, et ensuite, que vous ne faisiez pas partie du peuple de Dieu. Mais- et c’est la bonne nouvelle – tout cela a changé grâce à Dieu.

Alors pourquoi s’en souvenir ? pourquoi remuer le passé ? Tout simplement parce que Dieu est le premier à  se souvenir de son lien avec l’humanité dans l’AT.

Pour la première partie v1à3 — Ce n’est pas de la mélancolie sur un passé idéalisé, ni du voyeurisme malsain d’un vie de débauche dans le péché. Paul n’accable pas les non-juifs que nous sommes, en évoquant notre état de mort à cause de nos péchés; car il précise que cette mort due aux péchés venait de notre soumission aux puissances maléfiques, celles qui s’opposent à Dieu en poussant les humains à se rebeller contre tout ce qui peut venir de Dieu. Et cet esprit maléfique rend l’ambiance lourde et malsaine, l’atmosphère générale est de se dresser contre Dieu et son Fils jésus-Christ. Autrefois comme aujourd’hui.

Mais Paul ajoute quelque chose d’important, il souligne que les Juifs —nous, malgré la révélation qu’ils avaient reçue, ne sont pas meilleurs que les autres. Malgré leurs avantages – qu’il précisera par la suite – ils étaient eux aussi esclaves de leurs passions et pulsions humaines.

Donc, aussi bien vous que nous, païens et juifs, nous subissions la colère de Dieu; c’est-à-dire, nous étions en rupture totale de pensée, d’orientations, de sagesse avec Dieu et de capacité d’agir selon Dieu. Nous étions morts !

Mais tout a changé, pour les uns et les autres, et c’est grâce à Dieu, en JC. C’est tellement grandiose, extraordinaire, que Paul s’y reprend à 3 fois pour nous le dire !  V.4-7, puis 8-9, puis 10, en ajoutant à chaque fois quelques précisions nouvelles. D’abord le fondement, c’est la bonté de Dieu qui agit, en JC, pour nous donner une vie nouvelle. Ensuite 8-9, cette grâce de Dieu n’est en rien obtenue ou augmentée par nos actions, nos oeuvres, mais par un lâcher-prise, la foi. Enfin, 10, en JC, juifs et non-juifs ont des oeuvres à faire, que Dieu nous demande de vivre. Quelles sont-elles ?

Les premières oeuvres, c’est la mémoire de la mutation opérée par Dieu v11-12: nous ne sommes pas juifs, ni de culture ni de religion, et donc, nous étions sans Christ, nous étions étrangers / métèques, nous n’étions pas le peuple de Dieu; les promesses et les alliances ne nous concernaient pas. D’autres divinités que Dieu nous dirigeaient v2. Nous étions loin de Dieu, nous étions des païens — et nous le sommes encore, ce côté-non-juif n’a pas changé. 

Mais maintenant, v13-18, en Jésus-Christ, nous avons été rendus proches; Jésus a intégré dans un peuple nouveau, et les juifs et les païens. Sa mort sur la croix est le moyen que Dieu a utilisé pour former un peuple nouveau v15. Par cette mort, Dieu a brisé la loi et ses règles, celles des juifs comme celles des païens, et fait surgir la paix de la vie nouvelle, rendue possible par l’Esprit Saint qui nous conduit ensemble devant Dieu. 

C’est pourquoi, nous dit Paul v19-22, voici les conséquences que nous devons nous rappeler, nous païens, et en le disant, les frères et soeurs Juifs l’entendent. Pas besoin de devenir juif pour entrer dans le peuple choisi par Dieu, car vous les non-juifs, vous faites partie de sa maison, cette maison qui s’étend et se construit sur Jésus et ses porte-parole. Et les juifs qui suivent Jésus n’ont pas à renier leur judaïté, ils font aussi partie de la maison, en ayant conscience que la foi d’Abraham prime sur la loi de Moïse.  La loi nouvelle et ses règles, viennent de la vie et de l’enseignement de Jésus : il est la pierre angulaire, celle qui fait tenir l’édifice tout entier. Si vous ôtez JC, ou si vous ajoutez d’autres idées à celles du Christ, l’église n’est plus qu’expression de l’orgueil humain semblable à Babel.

Paul conclut ce passage comme au chap.1 en mettant l’accent sur la communauté nouvelle qui est en formation, unissant juifs et non-juifs, conduits par et unis dans le Christ Jésus; et en elle, Dieu vient établir sa demeure par son Esprit v22. C’est vraiment un enjeu d’église qui est posé ici, parce que dès le départ, cela n’a pas été facile à vivre !

Nous n’allons pas rester sur ce lien oublié juif / non-juif dans ce corps nouveau. Car ça ne nous concerne pas au quotidien de notre vie d’église. Nous sommes plutôt concernés par d’autres tensions internes. Et la démarche initiée par Paul dans ce chap’ peut nous être profitable. 

Partons de tensions que l’on peut tout à fait comprendre, que je ne ferai qu’évoquer, parce que chacun à sa poutre dans son oeil en voyant la paille dans celle de l’autre : nous sommes en tensions avec les chrétiens évangéliques, comme on les appelle. Ils créent des communautés plus vivantes que les nôtres bien souvent ; ils estiment avoir la bénédiction de Dieu plus que nous, ils veulent formater la pensée des chrétiens à leur méthode doctrinale, et j’en passe. En nous calquant sur ce chap.2, serions-nous les juifs et eux les non-juifs du passage ? ou l’inverse ? et que cela peut-il nous dire ? Laissons les catholiques de côté…

Autre regard : les tensions entre anciens que nous sommes et les 30-50 ans qui ne sont plus là : quels sont les murs que nous avons érigés, nos lois et règles qui nous sont indispensables, et qu’ils ne peuvent et ne veulent plus franchir ? Et je ne parle pas des moins de 30 ans… En Christ Jésus, le mur de haine, le mur d’incompréhension, le mur de nos habitudes indispensables, a normalement été abattu… Comment le comprendre et surtout le vivre ?

Souvenez-vous donc, car c’est en Christ seul que le présent peut changer !

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