- Accueil
- Articles
- 2021
- Prédications
- 9/05/2021 : Actes-Eglise sans privilège
9/05/2021 : Actes-Eglise sans privilège
Partage
prédication du 9/05/2021 par le pasteur Marc LABARTHE
Et nous voici arrivés à cette belle histoire de la « conversion de Corneille ». On se prend pour Pierre, et on se réjouit de voir Corneille venir à Christ comme un étranger d’Asie, d’Afrique ou d’Amérique. Oui, ce païen qui rencontre Jésus nous plaît – enfin une bonne nouvelle ! Cependant, nous oublions 2 choses importantes. La 1e est que dans le NT, un païen c’est un non-juif : est-ce qu’il y a un juif parmi nous ?? Vous êtes donc TOUS des païens !
La 2nde est le titre qu’on donne à cette histoire : il n’est pas le bon. Luc ne dit pas que Corneille se convertit, car il veut entendre la bonne nouvelle, et il est remplit du SE, comme Pierre à la Pentecôte. Luc nous raconte en fait, la conversion d’une autre personne, une conversion qui provoquera même de profonds remous au sein de l’église de Jérusalem. Vous devinez : PIERRE !
• Vous avez tous devant les yeux cette image d’un drap qui descend du ciel et qui contient des animaux, des reptiles, des oiseaux, que Pierre ne peut pas manger, parce qu’ils sont interdits par la Torah, par la kashrout, au risque de tomber dans le péché. Et voilà que la voix divine brise le tabou qu’elle avait instauré avec Moïse ! Pierre osera-t-il se libérer de Moïse et de son autorité ? Non, 3 fois Pierre refuse ! comme les 3 reniements ! Pierre est face à un choix cornélien – c’est le cas de le dire- puisque Corneille et ses attentes sont appuyées par Dieu lui-même.
Dès le début du chap. Pierre se bat contre des interdits, des impossibilités. Un vrai parcours du combattant ; il doit s’adapter à une situation nouvelle qui change à tout moment, alors même qu’il est encore en train d’analyser ce qu’il vient de comprendre, qu’il commence à accepter, quelque chose d’autre se produit. Pierre doit lâcher toujours plus ses repères, comme s’il s’aventurait à nouveau sur l’eau d’une mer agitée, ne faisant confiance qu’à un souffle, celui de l’Esprit St.
• Nous n’avons lu que les étapes ultimes, racontées par Luc à sa manière, à la fois ironique envers Pierre et percutante pour les juifs disciples de Jésus. Ironie, oui, lorsque Pierre dit, v29, c’est sans aucune réticence que je suis venu quand tu m’as fait demander : Pierre ne veut pas montrer qu’il tergiverse encore, aussi à cause de ses compagnons juifs qui l’accompagnent. Il y a une lutte intérieure contre ses principes légalistes, il est poussé dans ses retranchements, parce que Dieu le veut de cette manière-là : Pierre l’admet : v28, Dieu vient de me faire comprendre. C’est bel et bien Dieu qui est sans réticence, plutôt que lui, Pierre !
Je relève un geste au début, inhabituel pour nous, et trop anodin : Corneille, le gradé de l’armée d’occupation, s’agenouille devant un civil inculte et ennemi. Pierre aurait pu en rester là, le païen reconnaissant la supériorité et la vocation du juif. Mais Pierre refuse ce regard, comme Jésus; il saisit donc cet homme pour l’aider à se relever, comme il a saisi le paralysé à la Porte Belle du temple. Ce double geste, d’humilité et d’accueil, sans tenir compte des règles qu’imposent la Torah ou Pax Romana, vient fissurer davantage encore les certitudes de Pierre. Il s’en explique, d’abord pour lui-même, et pour ses hôtes, et pour nous aussi : J’ai commis le crime de pactiser avec un ennemi immonde et d’entrer dans sa maison impure ! mais Dieu m’a fait comprendre qu’aucun être humain ni son entourage ne sont intouchables.
C’est vite lu, vite dit. Mais arrêtons-nous sur cette affirmation…; elle témoigne d’un basculement radical; elle clame que le choix de Dieu n’est pas ce que nous avons compris et appliqués, quant aux traditions religieuses et culturelles. Dieu ne condamne pas Pierre pour ses réticences; à partir d’elles, D conduit Pi à les mettre en question, jusqu’à les considérer comme non-valables aux yeux de Dieu, et donc inaplicables dans les relations entre tous les humains.
Par cette découverte, Dieu ne demande ni à Pierre de se faire païen, ni à Corneille et ses amis de se faire juifs. Dieu est impartial, et quiconque le craint et pratique la justice, reçoit bon accueil près de lui v.35. Une conclusion claire, qui aurait dû servir de fondement à la mission de l’Eglise, mais qu’elle a trahie, maintes fois à l’égard des humains d’Afrique ou d’Amériques, quand ce n’est pas envers ses propres entrailles, entre confessions chrétiennes. PAs besoin d’un dessin !
• Pierre se lance alors dans la prédication et rappelle l’oeuvre de Jésus, sa mort sur le bois et sa résurrection opérée par Dieu. Jésus est le messie par lequel le pardon est accordé quant à ce qui sépare vraiment de Dieu, les péchés, le refus de faire confiance à Dieu, et non pas les questions de profanation de lois, même religieuses, ou de cultures. Dieu a fait de Jésus le juge des vivants et des morts. Cela signifie que tout le ministère de Jésus nous sert de reconnaissance quant à nos modes d’engagements dans la société ; l’attitude de Jésus éclaire nos comportements quant à des interdits sociaux, politiques ou religieux — jusqu’aux règles instituées ou reprises par nos églises.
• Pierre parle encore, quand surgit une tempête imprévisible : voilà que Dieu dépasse les bornes : il fait tomber le SE sur tous ceux qui écoutent la parole. C’est la stupeur chez les juifs, pourtant disciples de Jésus. Que Jésus et Dieu accueillent d’autres humains parce que créatures, ça peut passer; qu’on puisse un jour se saluer et s’inviter les uns les autres, avec prudence mais possible. Mais que Dieu donne son Esprit, qu’il vienne habiter ces païens autant qu’il habite les juifs, c’est l’absurdité la plus complète. Il n’y a donc plus de privilèges ! plus de préséance dans le royaume ! Si les juifs qui accompagnent Pierre toléraient et contrôlaient ses incartades, voilà que Dieu passe outre leur contrôle et donne même le SE à ces païens qui connaissent à peine l’évangile de JC !
Oui, le SE est donné à des non-juifs, à ces païens qui n’ont pas encore confessé JC comme Seigneur, au grand dam des « vrais » chrétiens !
Le vent souffle où il veut, et tu entends son bruit, mais tu ne sais pas d’où il vient ni où il va. Ainsi en est-il avec tous ceux qui sont nés de l’Esprit, disait Jésus, Ce ch. parle de l’ouverture de l’église aux non-juifs, par Dieu lui-même et donc du besoin de conversion au coeur même de l’église. C’est l’histoire de la façon dont les gens qui aiment Jésus deviennent eux-mêmes beaucoup plus comme Jésus, au fil du temps ! C’est l’histoire de la lente formation d’une nouvelle communauté de croyants qui est composée à la fois de juifs et de païens, ouvriers et patrons du CAC40, hommes et femmes, oppresseurs et opprimés ; oui, le lent devenir du corps du Christ à partir de personnes qui ne connaissent que des murs de division et d’hostilité – avant l’arrivée de Jésus, avant l’annonce de son oeuvre !
Demandons à Dieu de nous donner toujours plus de son Esprit, pour changer nos coeurs et nos pensées, et accueillir comme lui accueille, sur d’autres bases que nos calculs, nos habitudes, nos histoires passées, oui, sur des bases un peu moins fermées que celles que nous avons encore. Que cette prière concerne nos relations internes à Lilo, celles avec Confluences; avec le Consistoire et la Région; celles avec les catholiques et les évangéliques, et ainsi de suite, jusqu’aux plus étranges étrangers. Parce que l’oeuvre du SE est de nous rappeler constamment le commandement de JC : aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés.