8 janvier 2023 : chemin nouveau !

Prédication du 8/1/2023 par le pasteur Marc LABARTHE

Esaïe 60, 1 à 3 & Matthieu 2, 1 à 10

Les mages, que ne savez-vous pas encore à leur sujet ? Vous savez qu’ils sont parfois 3 parfois 4, ou même une petite troupe ; vous savez qu’ils sont des astrologues, des savants un peu magiciens, et et même qu’ils sont des rois ! Ils sont même de couleurs différentes et donc de cultures différentes; et c’est ainsi que vous savez qu’ils ont des noms (Gaspard, Melchior, Balthazar) et qu’ils représentent l’orient (Inde), l’occident (Perses) et le sud (Arabie et Afrique) – même si les auteurs divergent largement (G=Arabie; B=Tarse; M=Saba). Vous savez que les Eglises ont fait de cette histoire des mages d’abord le jour de Noël, de la naissance de Jésus; puis en occident on a séparé le Noël – nativité, du jour de l’épiphanie, le jour de la manifestation de Jésus au monde en tant que Christ; ainsi, vous savez que 12 jours après la naissance, Dieu fait connaître aux nations non-juives, les païens, qu’il envoie son fils comme une lumière pour guider les peuples. Et vous savez cette fête de l’épiphanie a longtemps réuni les mages avec le baptême de Jésus et les noces de Cana. Ce sont les 3 premières manifestations de Jésus au monde qui l’entoure.

Vous savez donc tous ça, et vous racontez certainement à vos petits enfants, la visite des mages à Jésus dans la même nuit que celle des bergers !

Une des façons de mieux comprendre cette histoire des mages, c’est de se mettre à lire de nombreux textes du 1er testament, depuis la Genèse jusqu’aux prophètes, parce que l’on peut retrouver presque chaque point avancé par Mt comme une reprise d’une histoire tirée d’un passage ancien. Ainsi, ce passage du livre d’Esaïe qu’on vient d’entendre renvoie vers quelques images possibles : Regarde : la nuit couvre la terre, un brouillard enveloppe les peuples. Mais sur toi, le SEIGNEUR se lève et sa gloire brille sur toi.

Toutes les périodes de l’histoire humaine peuvent ainsi être rencontrées. Autrefois comme aujourd’hui, le monde est comme plongé dans un hiver symbolique, qui revient sans cesse. Les ténèbres couvrent la terre avec plus ou moins de densité : conflits incessants, violence sans répit, corruption à perte de vue, des populations entières jetées sur les routes de l’exil, d’autres sont prises dans le brouillard des « faits divers », des familles sont emportées par les “fake news » propagés par de puissants et subtiles manipulateurs.

Une de ces nuits… semblable à mille et une autres nuits… des mages de ce lointain Orient, portent leurs regards sur les alentours et voient poindre une lumière comme nulle autre. Ils se frottent les yeux, regardent à deux fois. Non, ce n’est pas un songe, il y a bien un astre inattendu. L’univers leur réserve encore des surprises. C’est souvent en contemplant le familier que se révèle l’extraordinaire, n’est-ce pas ?

Du moins, c’est la conviction des prophètes, d’Esaïe en l’occurrence : il lance un Avis aux peuples dans la nuit : soyez attentifs, un lumière vient, c’est le Seigneur, oui, c’est lui qui se lève comme un astre brillantissime ! Et bien souvent, une telle lumière déroute ! Si vous ne voulez pas être dérangés… si vous ne voulez pas sortir de vos sentiers battus, de vos mirages après lesquels vous courrez à perdre souffle, mieux vaut détournez vos regards, car la lumière de cette étoile peut susciter une telle curiosité, une telle envie de la suivre, que vous ne tiendrez plus en place, comme les sages, partis de tous les horizons, en marche vers une destination qu’ils semblent pressentir.

Et c’est ce que nous dit Mt. Des mages partent et arrivent à Jérusalem. Ça parait naturel, évident : Jérusalem ! Une étoile nouvelle, et paf ! RDV à Jérusalem ! Ces mages semblent avoir quelques notions, quelques repères qui nous échappent, alors il ne nous reste plus qu’à faire comme les pharisiens de Jérusalem, lire et relire encore le 1er Testament, pour y découvrir du sens, la réalisation des promesses.

Les mages cherchent le roi des juifs qui vient de naître, mais que veulent-ils voir au juste ? Pourquoi un roi, et pourquoi celui des juifs ? Qu’espèrent-ils trouver en lui ? Peut-être ne le savent-ils pas, eux-mêmes. Qui n’a jamais fait l’expérience de chercher quelqu’un ou quelque chose sans pouvoir l’identifier explicitement pour autant ?

Les sages reconnaissent qu’ils n’ont pas la science infuse, en vrais leaders ; ils valorisent et mettent à contribution les connaissances et les compétences des autres : ils interrogent autour d’eux. Mais, comme tous les humains, ils cherchent à réaliser par eux-mêmes une partie de la promesse divine. Et c’est alors que des dangers inattendus surgissent; les aides consultées sont à double face, comme celle du roi Hérode : sourire par devant, politique d’alliance et d’ouverture, et terreur par derrière, génocide en sous-main. Hérode livre quand même de précieux renseignements : Allez à Bethléem.

Nos sages, eux, venus de l’Orient, retrouvent la lumière, et sont conduits jusqu’à la demeure de l’Enfant de Bethléem. Quand ils voient que l’astre s’immobilise dans le ciel, ils sont remplis de joie, avant même d’avoir encore vu ce mystère qui les a mis en route. C’est l’euphorie des pèlerins au sommet de leurs aspirations ; l’extase des gens en recherche spirituelle.

En entrant dans la maison, la curiosité qui avait amené les sages jusqu’ici cède la place à l’adoration. En voyant l’Enfant, ils reconnaissent que cet endroit n’est autre que la maison de Dieu : désormais le Très-Haut demeure ici-bas, avec les humains. Oui, un enfant peut faire toute la différence. Cet enfant grandira et remettra le monde à l’endroit. À cause de lui, nul ne pourra se dire ni trop petit, ni trop faible pour choisir en toute circonstance la solidarité, la justice, la paix, la communion, la vie pour toutes et tous.

Une autre nuit, semblable à mille et une autres nuits… tout était pareil… mais rien n’était comme avant : les sages comprennent qu’il faut choisir un autre chemin; un chemin moins balisé, moins familier, plus ardu ou même plus dangereux – puisque ce n’est pas celui qu’ils ont pris jusqu’alors. Ce choix va faire la différence. Une différence malheureuse pour les uns (Bethléem), et pour nous, l’occasion d’accueillir à nouveau cette étoile qui parle de l’Enfant, Roi à jamais, une étoile qui nous attire, un enfant qui nous met en route, un chemin qui nous fait sortir de nos palais, de nos acquis, de nos habitudes.

Jésus à ses disciples, dira la même parole dérangeante : viens, et suis-moi, et encore, Allez faire des nations des disciples… Quelle étoile, quelle lumière, quelle priorité, dans nos coeurs et dans notre église, cette année ? Sommes-nous attirés au point de nous lancer sur des chemins moins connus ? Que le souffle de Dieu nous éclaire !

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