8/09/2024 : gouverner

Prédication du 7 juillet 2024 par le pasteur Marc LABARTHE

Psaume 125

Nous l’avons dit, nous sommes dans un culte pour nous réjouir du Seigneur, de son amour pour nous, de sa patience, de son pardon.
Nous l’avons dit, nous rendons grâce au Seigneur pour l’espérance et l’action positive que nous pouvons vivre avec toute la Création.
Nous l’avons dit, nous sommes réunis pour célébrer le don de Dieu qui appelle des femmes et des hommes à exercer le gouvernement de nos églises, et à les reconnaître en tant que tels.
Nous l’avons dit, un peu moins fort, que nous ne voulions pas suivre les chemins tortueux du mal et du mépris.

Tout cela, mes soeurs et mes frères, nous l’avons dans le ps 125. Bien sûr, son auteur n’avait pas les mêmes considérations que les nôtres; il n’avait pas la vision globale de notre boule bleue qui est la nôtre, et ne connaissait pas les défis de la crise climatique actuelle. Mais son chant résonne encore pour nous, et nous fait rêver à ceux qui font confiance au Seigneur, soit presque toute notre assemblée ! Et puis, il parle des montagnes et de Jérusalem, du gouvernement et des justes, ce qui ne peut qu’eveiller notre catéchisme au sujet de David, qui chantait derrière ses troupeaux sur les monts de Judée, puis en tant que roi qui s’installe à Jérusalem, d’où il exerce la justice — parfois corrompue, hélas.

• Les 2 1ers v. établissent un enchevêtrement des données qui rejoint et réjouit ceux qui voient une interdépendance des êtres vivants avec le végétal et le minéral : Ceux qui ont confiance dans le Seigneur sont comme la montagne de Sion, qui sera toujours là, inébranlable; Jérusalem est entourée de montagnes ; de même le Seigneur entoure son peuple, à tout jamais.

Les croyants sont comparés à la montagne de Sion, puis le Seigneur Dieu entoure les croyants comme les montagnes autour de Jérusalem. La montagne solide est une identité du croyant, et les montagnes qui ne bougent pas et protègent un secteur sont images de Dieu, toujours là et fidèle. Les croyants sont une montagne comme Dieu lui-même en est plusieurs ; il y a une proximité dans l’identité et la stabilité, entre Dieu et les croyants. Et il y a aussi différence d’action et d’expression entre un Dieu multiforme comme ces montagnes, et ce monolithe comme les croyants figés à Sion. La stabilité du paysage naturel fonctionne de concert avec la constance de Dieu, envers son propre peuple, pour offrir stabilité et réconfort.

-> En regardant nos propres collines et montagnes (26&07), trouvons-nous inspiration et encouragement ? Cela nous soutient-il, nous inspire-t-il ou nous fait-il ériger d’autres murs ?

Jésus a retoqué cette vision, en disant que la foi déplace des montagnes. Or si la foi peut les déplacer, l’injustice le peut aussi, par l’exploitation sans frein du sous-sol, qui efface des montagnes. Des changements se produisent dans l’état et la santé de la nature, bien au-delà de ce qu’imaginait le psaume, et ces bouleversements se voient désormais au cours d’une génération.

Or la Création de Dieu est composée des Cieux et de la Terre, unis, des règnes animal, végétal et minéral, entrelacés, interconnectés, interdépendants, en tout ou partie. Cette prise de conscience encourage des responsables de diverses Eglises à affirmer aujourd’hui, que la profanation de l’équilibre du climat et des relations entres les règnes du créé, est un « péché », au même titre que rendre un humain esclave, l’exploiter ou le pourchasser.

• Allons plus loin, avec le coeur du ps, le v.3, qui tire la conséquence de la fidélité de Dieu : il ne maintiendra pas un gouvernement indigne sur le pays des justes, de peur que ceux-ci soient tentés de prendre part au mal. Le poète sait que le pouvoir peut se laisser entrainer à la corruption. Il sait aussi que ce n’est pas l’orientation que Dieu établit, et qu’il résiste au mal, chassant ceux qui font le malheur des autres, écrit-il. Et donc les justes doivent eux aussi résister et ne pas être tentés de prendre part au mal.

Qu’est-ce qui peut être tentant, dans le gouvernement d’une paroisse ? Le coeur de l’homme est un chemin tortueux dit le v.5… Il n’y a pas toujours de l’argent à détourner à son profit ; mais sous couvert de l’histoire, des anciens, ou de sauvegarder un bien pour l’église, ce bien-là devient plus sacré que d’aller au culte et de témoigner de sa foi ; nous avons tous des exemples de ce renversement, conseillers anciens et nouveaux.

Pourtant l’auteur a une idée derrière la tête, et poursuit sa prière en demandant que la bonté de Dieu encourage les humains au coeur droit et éloigne ceux au coeur tortueux et qui font le malheur des autres. Cette attente pourrait nous faire tomber dans le travers nationaliste, en valorisant à l’excès le Mont Sion, Jérusalem et les chefs d’Israël, le seul peuple élu. Ce qui pour nous serait le nationalisme paroissialma paroisse mon temple, moi, moi, et moi ! et surtout pas de liens avec la voisine, car elle nous mangera, on perdra son identité !

Mais, le poète demande à Dieu d’éloigner ceux qui font le malheur des autres ; il se situe ainsi dans la ligne des prophètes et de Jésus, qui demandent avant tout d’être attentifs aux faibles plus qu’aux puissants. Par ex, Jésus n’a cessé de franchir les frontières des paroisses, entre Nazareth et Cana, entre Galilée et Judée, entre le nord et le sud, entre juifs et samaritains et païens. Lui est resté stable, fidèle, solide comme la montagne, entourant les siens d’un amour constant, sans agir par derrière ni étouffer ceux qui partent. Il a refusé que son amour devienne barrière de séparation d’avec les autres ; il a dénoncé les clans au sein de ses disciples ; il a rappelé que le Règne de Dieu est inclusif, et non excluant (si ce n’est le mal), aussi a-t-il insisté sur le service et la solidarité, qui franchissent toute montagne.

Le ps s’achève avec l’invocation de la paix sur Israël. Lorsque nous accueillons les montagnes autant comme protection que comme lien vers les autres, alors le gouvernement établira des sentiers, redressera des routes pour consolider les relations et refuser le malheur de l’autosatisfaction. Le shalom de Dieu en sera le fruit – paix joie épanouissement pour tous. Qu’il en soit ainsi -pour nos Eglises, notre Eglise Unie en Christ !

 

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