7/07/2024 : être témoin chez soi

Prédication du 7 juillet 2024 par le pasteur Marc LABARTHE

Ezéchiel 2, 2-5            Marc 6v 1 à 6

Nous connaissons bien mieux l’histoire racontée par l’Ev selon Luc : Jésus se rend à Nazareth, il est dans la synagogue et il lit un passage du prophète Esaïe, qu’il actualise immédiatement sur lui-même. L’assemblée réagit en le conduisant au sommet de l’escarpement qui domine la ville pour le jeter en bas, mais Jésus s’en va loin d’eux.

Alors, que nous dit l’Ev. selon Marc ? Pouvons-nous entendre ce qu’il écrit sans aller chercher chez Luc ce qui nous semble manquer à l’histoire, malgré que  nous croyons que Luc sait mieux le déroulé réel cette visite de Jésus dans son village d’enfance.

Parti de là, il vient dans son pays, et ses disciples le suivent. Quand le sabbat fut venu, il se mit à enseigner dans la synagogue. Une multitude d’auditeurs, ébahis, se demandaient : pour qui se prend-il ?

La première chose qui m’a surpris, c’est l’absence du nom de la ville de Nazareth. Marc exprime le déplacement de Jésus d’une manière étonnante, et si l’on s’y arrête quelques instants, ce qu’il écrit peut venir titiller nos habitudes, élargir nos catéchismes bien construits.

Parti de là, il vient dans son pays. D’où part-il ? vous vous en souvenez ? Prenez votre bible, et regardez quelques versets plus haut ! Et vous découvrirez qu’il est dans une maison (Mc5.38), celle de Jaïros, de sa femme et de sa fille. Et sa maison est proche de la mer – la mer de Galilée, et quelque part dans la ville de Capharnaüm (Mc2.1). Parti de là, donc, Jésus vient dans son pays.

Selon Mc, Jésus se rend dans son pays natal, dans la zone d’origine de ses ancêtres, sa patrie. C’est là que vit sa famille, ses parents et ses frères et soeurs. Et Mc le précise au travers des questions posées par cette grande famille présente à la synagogue, lorsque Jésus se met à enseigner. La communauté réunie à la synagogue de sa patrie, est donc celle de la parenté, des amis d’enfance, des connaissances de la famille élargie. Une réunion familiale qui se retrouve lors du culte!

Jésus enseigne; là encore, Mc nous laisse sur notre faim – oublions Luc ! – on ne sait pas ce qu’il dit. Mais ses paroles font réagir son entourage. D’abord sur le fait qu’il a des compétences inattendues et qui sèment le doute sur les origines de ses acquis : d’où ça lui vient ? qui lui a donné cette sagesse ?  Puis sur ce qu’il fait maintenant avec ses mains : des miracles ! alors qu’il travaillait le bois en tant que charpentier… Ces grosses mains d’ouvrier du bois font maintenant de la thérapie.

Et ces 2 aspects viennent contredire son lien de parenté évident : regardez sa mère, ses frères, ses soeurs – aucun n’a développé des compétences aussi larges, aussi puissantes, autant efficaces. Au pire, c’est louche, au mieux c’est incompréhensible. Et finalement, ça corrobore vraiment ce que ses frères ont raconté, lorsqu’ils ont tenté de le ramener à la maison : il est fou (3.21), et même la présence de sa mère n’y a rien fait (3.31), puisqu’il proclame que sa mère et ses frères sont ceux qui suivent Dieu (3.35).

Si Jésus, ce jour-là, n’est pas écouté par les gens de sa patrie, c’est qu’il y a anguille sous roche : selon eux, il y a des raisons. Cependant, Jésus leur tend encore la perche, en utilisant le mot de prophète. Cela aurait pu éveiller les souvenirs au sujet des prophètes d’Israël, la façon dont Dieu les saisit et les conduit à devenir porteurs d’une parole nouvelle et décapante, et même à accomplir des miracles. Ils savent aussi que les prophètes eux-mêmes ont été refusés, moqués, persécutés par ceux auxquels ils s’adressaient, leur patrie, leur parenté.

Mc relève el refus avec un mot très fort, le verbe scandaliser. Jésus scandalise les gens. Il les dérange profondément, son discours et sa présence ne sont pas recevables ; il est trop différend de l’homme connu avant. Alors les moyens trouvés depuis toujours pour régler ce problème, c’est de l’empêcher d’agir, de tenter de le piéger dans ses paroles ; de détourner son message pour lui faire dire autre chose, de dénigrer son identité, de rabaisser son lien avec Dieu, de le crucifier !

Jésus s’étonne du manque de foi, de leur non-foi, leur incrédulité. Sa patrie est incrédule, elle ne peut faire le lien entre Jésus-le-fils-de-Marie et Jésus-l’enseignant-guérisseur. Ils ne peuvent franchir le pas de la confiance, ils ne veulent pas faire le saut entre le connu et le nouveau, entre leurs savoirs très terre à terre et la liberté de l’Esprit de Dieu qu’ils ont déjà qualifié de Baalzeboul (3.22).

À quelques exceptions près, ses compatriotes ont choisi de rejeter sa volonté et sa puissance. Où cela nous mène-t-il donc maintenant ? Quel est l’intérêt de tout cela pour nous ? Une réponse vient dans la suite du texte, avec l’envoi en mission des 12 et leur confrontation à l’échec. Mais pour la plupart d’entre nous, nous sommes témoins de Jésus, chez nous, auprès de ceux qui nous connaissent déjà, nos familles, nos voisins, nos collègues d’associations diverses, à l’image de Jésus dans sa patrie. Avons-nous une parole et des actes qui disent une autre conviction, une autre vitalité, une autre dimension de la justice et de l’amour ?

C’est pourquoi, par ex, votre présence le dimanche matin est un témoignage, en particulier lorsque vous faites la fête chez vous ou que vous êtes en vacances – que vous veniez seuls ou avec la famille. C’est pourquoi aussi, votre présence lors des cultes de consolation est un témoignage bien plus fort que votre ignorance de la famille endueillée – saluer la famille en disant que vous êtes là parce que Jésus vous appelle et les aime porte du fruit en vous et chez eux. Aujourd’hui, dans notre église, certains choisissent Jésus, et d’autres choisissent, de leur plein gré, de refuser le Christ et sa mission et la bonne nouvelle de sa mort et de sa résurrection, la joie de son pardon et de son amour. 

Car vous qui avez choisi de le suivre, comme les 12, vous pouvez partager la bonne nouvelle avec quelqu’un qui en a besoin, pour servir quelqu’un qui attend un soutien de confiance. Ainsi, la puissance de la Parole de Dieu pourra agir à travers nous dans la vie des autres – pour apporter une nouvelle vie, un nouvel espoir et une nouvelle joie – grâce à Jésus dans leur vie ! Que Dieu fasse en sorte que ces autres, si proche de nous et habitués à nous connaître, entendent et reçoivent Jésus, par nos paroles, par nos actions, par le témoignage de nos vies !

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