Jean 2,13-19

13 C’est bientôt la fête juive de la Pâque, et Jésus va à Jérusalem. 14 Dans le temple, il trouve des gens qui vendent des boeufs, des moutons et des colombes. Il trouve aussi des gens qui changent de l’argent. Ils sont installés à leurs tables. 15 Alors Jésus fait un fouet avec des cordes. Il chasse du temple tous ces gens-là avec les moutons et les boeufs. Il jette par terre les pièces de ceux qui changent l’argent et il renverse leurs tables. 16 Il dit aux marchands de colombes : « Enlevez cela d’ici ! Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de commerce ! » 17 Les disciples de Jésus se rappellent cette phrase des Livres Saints : « Seigneur, j’aime beaucoup ta maison. Cet amour me brûle comme un feu. » 18 Alors des chefs juifs disent à Jésus : « Fais un signe extraordinaire devant nous. Ainsi tu nous prouveras que tu as le droit de faire cela. » 19 Jésus leur répond : « Détruisez ce temple, et en trois jours, je le remettrai debout. »

Elle tombe bien, cette histoire de l’év. selon Jean, au sujet du temple et de ce qu’on y fait. Cela rejoint tout à fait notre AG qui doit rassembler du monde dans le temple, en suivant Jésus. Or ce dernier provoque un scandale : il dénonce le commerce auquel se livrent les marchands et changeurs. Pourtant, ils sont nécessaires au bon déroulement de tous les rituels et autres sacrifices qui se déroulent dans le temple. Tout comme dans une AG, il y a des passages obligés, rappel du passé, projet d’avenir, bilan financier.

Pourquoi Jésus dit-il que la maison de son Père est devenue centre commercial? Temple de la consommation ? En chassant les vendeurs et changeurs, Jésus fait apparaître les vrais responsables : les chefs du temple, les prêtres et scribes. Ce sont eux qui ont laissé pénétrer dans le temple, la pensée du commerce, la mentalité de la consommation, l’exigence de la rentabilité. Car même si les animaux et l’argent se trouvaient sur le parvis extérieur, et non pas dans l’intérieur du temple et encore moins dans le saint des saints, tout le trafic généré par leur présence, influençait la pratique des sacrifices et des rituels.

Jésus vient couper à la racine ce système. Il chasse les animaux dédiés aux sacrifices et qui justifient le commerce et la rétribution rentables. Plus de cela dans la maison de son Père. Pour que ça marche, il doit donner une garantie solide, un signe qui s’impose, une contrainte qui oblige — mais cette demande des prêtres reste dans le domaine du pouvoir qui fait plier les plus fidèles : espèces sonnantes, manipulation mentale et spirituelle par un miracle, jusqu’aux légions d’anges qu’il pourrait faire paraître.

Rien de tout cela, pour Jésus. Bien sûr, il joue sur les mots, le double sens du temple; mais en même temps, il annonce que le système en place ne peut conduire qu’à la destruction du temple de pierres et du temple de son corps. Mais lui, il saura relever l’un d’eux, hors de la mort. Ce relèvement, qui n’exerce aucune pression financière, aucune exigence de conversion, nous a convaincus, pour suivre Jésus, « le chemin, la vérité la vie ».

Aussi, nous marchons selon d’autres critères que ceux du monde, du moins c’est ce que nous sommes appelés à mettre en oeuvre. Même si nous appliquons certaines règles humaines, parce que nous sommes inscrits dans une société particulière, nous avons en même temps, des principes différents, des objectifs qui ne sont pas ceux du système dominant chez nous.

Ne nous trompons donc pas de registre, ne nous trompons pas de patrimoine ! C’est pourquoi nous pouvons nous engager dans la vision que le Père nous donne en Jésus-Christ.

Car même si les protestants ne lisent plus trop la bible, vous avez peut-être encore quelques souvenirs des paroles de Jésus et de son projet ultime : rassembler tous ses enfants si divers en un seul troupeau, et faire d’eux tous, son corps, avec tous ses membres. Qu’il en soit ainsi ce matin !

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