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6/02/2022 : origine de la vocation
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Prédication du 17/06/2023 par le pasteur Marc LABARTHE
Ce matin, les textes proposés à notre méditation nous orientent vers l’appel des premiers disciples de Jésus, chez Luc, ou l’appel du prophète Esaïe. On aurait pu ajouter le récit que Paul fait dans 1 Cor. 15, pour son propre appel avec celui de centaines d’autres personnes. Nous en resterons aux 2 récits d’Esaïe et de Luc.
Alors, à notre tour d’entrer dans la révélation extraordinaire qu’Esaïe reçoit de la part de Dieu, aussi inattendue que grandiose et puissante. Les murs d’enceinte du temple sont transpercés par la gloire intense du Dieu qui remplit tout l’univers de sa lumière et de sa présence, et se permet de faire trainer un bout de son vêtement dans le temple de Jérusalem. Mais que fait-il là, l’Eternel-Dieu, pourquoi se manifester de la sorte à Esaïe, un prêtre quelconque venu prier ?
Un détail nous met sur une piste : C’était l’année où mourut le roi Ozias. Si cette information ne vous dit rien, c’est que vous n’êtes pas juifs ! Ozias a été un bon roi, et la nation a prospéré sous son règne; cepndant les 10 dernières années avaient été difficiles, car le roi avait contracté la lèpre après avoir usurpé la place des prêtres dans l’offrande au temple (2Chr26). A sa mort, Isaïe vient prier au temple et répandre son chagrin et son inquiétude. Qu’adviendra-t-il du peuple maintenant? Quelle orientation va prendre le nouveau roi ?
Alors qu’il est dans le temple, Isaïe a la vision du Roi des rois assis sur un trône, haut et élevé. Des anges flamboyants… criaient l’un à l’autre : « Saint, saint, saint est le Seigneur de l’univers ! « . Les lourdes portes du sanctuaire tremblent et le temple est rempli de fumée. Esaïe est subjugué par cette vision, mais il n’a aucune envie de s’avancer pour se saisir du manteau divin, ni de s’approcher du trône. Ce n’est pas du cinéma de science-fiction ni du metavers. Tout son être vibre de ne pas être à la bonne place. Tout son coeur crie son désarroi : pauvre de moi, malheur à moi, ce que je dis est impur, et le peuple est impur, devant le Seigneur de l’univers.
L’origne de sa détresse a basculé : ce n’est plus la mort du roi qui le désole, mais la présence du Roi de l’univers. La majesté divine lui fait prendre conscience qu’il est indigne, impropre, inadéquat, lui et tout le peuple; devant Dieu, il va disparaître dans un éclat de fumée, d’ailleurs voilà un des flamboyants chanteurs qui se détache des autres, sort une braise du feu de l’autel où se consumment les sacrifices, c’est son tour… mais en touchant la bouche d’Isaïe, il prononce la parole d’absolution – ton péché est effacé. Ça ne se passe pas comme prévu, comme ça aurait dû ! Et juste après, la voix du Seigneur vient du trône élevé jusqu’à lui – qui vais-je envoyer ? une question qui est plutôt une invitation, un appel, pour qu’Isaïe prenne sa place nouvelle au service de Dieu. Alors il n’hésite pas, ni une ni deux, me voici, envoie-moi ! Qu’a-t-il à craindre des rois humains, après avoir vu le Seigneur de tous les rois, et vécu de tout son être la guérison, le pardon ?
Avec Luc, nous avons aussi un double récit qui raconte une pêche inattendue s’achevant sur la vocation de Pierre et ses compagnons. Comme avec Esaïe, abattu, cela commence par la détresse des pécheurs bredouilles et fatigués. Mauvaise nuit, et un beau-parleur qui les dérange dans leur travail. Mais ce qu’ils entendent sortir de la bouche de Jésus prépare le terrain, comme la vision d’Es. dans le temple. Et lorsque Jésus lui demande de s’éloigner du bord, en pleine chaleur du jour, pour aller pêcher, les 2 barques ont dû vibrer d’éclats de rires à peine contenus, mais aussi d’une ironie menaçante à cause de la fatigue accumulée : que sait-il de la pêche, ce beau-parleur ?
Pierre et ses amis ont lancé et relancé les filets toute la nuit, en eau profonde, sans aucun résultat. Ça arrive parfois; ils le savent, et n’ont rien à vendre ce jour-là au marché. Morts de fatigue et assommés par les discours de Jésus, à quoi pouvaient-ils donc s’attendre en ramant vers l’eau profonde ? Ils acceptent ce qu’ils prennent pour un défi, et arrivés en eau profonde, Pierre jette le filet avec toute la dextérité du pêcheur expérimenté… et tels sont pris ceux qui croyaient le prendre : contre son attente, le filet ramène du poisson, un peu trop même, puisqu’il doit demander l’aide à l’autre barque ; et même tellement trop que les barques s’enfoncent dans l’eau au fur et à mesure que le filet est amené.
Rien ne vas plus… les barques vont-elles tenir ? l’eau est profonde, la plage est loin, et nager quand on est crevé si la barque se met à couler… c’est la mort assurée, à moins que…à moins que ce Jésus s’en aille, pour que tout revienne comme avant. Quand Simon voit tout ça, comme tous ceux qui étaient avec lui, et ses associés Jacques et Jean, Pierre tomba aux genoux de Jésus et dit : Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur ! C’est la même analyse qu’Esaïe, le même cri de désarroi : qui peut vivre devant la manifestation de Dieu ? comment est-ce possible que Dieu soit présent à ce point-là dans le quotidien de la vie, sans qu’il ait posé des exigences préalables à sa venue, sans qu’il ait demandé la purification du pécheur ?
La réponse de Jésus apporte la même guérison que le flamboyant à Esaîe : n’aie pas peur, c’est la phrase de guérison et de relèvement pour Simon et ses amis. Puis vient la ré-orientation totale de leur vie : ce sont des humains que tu prendras. Pas de réponse orale, mais des rames qui frappent l’eau pour revenir à terre, les poissons pêchés dans les 2 barques sont abandonnés comme un symbole du changement qui s’est opéré dans leur vie, puisqu’ils laissent tout et suivent Jésus.
Dieu est allé cherché ses envoyés dans leur profonde frustration, leurs craintes envers l’avenir, la détresse face au peuple endormi, la désillusion des promesses non tenues, la fatigue du travail qui ne porte pas les fruits escomptés. Cela a tout à voir avec des situations actuelles. Mais ce qui doit nous rester, F&S, lorsque vous écoutez le Seigneur, c’est le profond changement que Dieu apporte à ceux qu’il appelle, sur leur manière de considérer l’action de Dieu. Sa seule présence rend ces appelés humbles, et ensuite prêts à rester avec lui et porter sa parole. La vocation, la vie chrétienne, ce n’est pas l’application de règles, ce n’est pas le baptême ni l’eucharistie ou cène, ni le culte. C’est rencontrer ce Dieu débordant de tendresse, qui vient dans votre vie, par sa vision et sa braise, par trop de poissons là où ils n’auraient pas dû être. Et de cette rencontre va sortir votre acceptation ou votre refus, de marcher avec lui, et de témoigner de lui. Réfléchissez à votre rencontre et au chemin parcouru. Car, en vérité, baptême, cène et culte prennent alors une autre dimension, parce que votre vie a changé de repère et d’objectif.
Amen