5 mars 2023 : lendemain d’Assemblée

Méditation du 5 mars 2023 par le pasteur Marc LABARTHE

Genèse 12,1 à 4

Aujourd’hui est un jour nouveau !

Ce texte est proposé le second dimanche dans le parcours des 40 jours précédents Pâques. Il est une invitation au voyage. Mais pas vraiment un voyage de vacances, comme on aime en faire direction le Portugal, la Grèce ou les plages exotiques de la Réunion. Ce voyage n’est pas non plus professionnel, ni pour une cause solidaire. Enfin, ce n’est pas un voyage de conquête la fleur au fusil…

Quelle que soit la traduction des premiers mots donnés par Dieu –Lèch lecha– : “Pars vraiment, va pour toi, il te faut partir…“ L’ordre est une véritable injonction qui ne peut laisser Abram immobile. C’est un appel irrésistible, quelque chose qui motive à fond, un rêve intense qu’il s’agit de concrétiser : Allez, va-t-en !

Et cette mise en mouvement a des conséquences fortes pour Abram, pour ses relations, pour son identité. Il doit se déplacer quant à la terre où il vit et s’enrichit et s’épanouit. Il doit couper le cordon ombilical de son enracinement identitaire et affectif. Il doit renoncer à l’héritage paternel en quittant son clan, ses amis. Partir de cette manière n’est pas sans conséquences, puisqu’il n’y a aucun retour possible vers l’autrefois, vers l’idéalisé de ce qu’il y avait avant. Partir ainsi provoque un vrai changement : il y a des pertes réelles, des renoncements évidents, des ruptures dans les amitiés, des ressources abandonnées.

C’est bien de rupture que Dieu parle à Abram et dont il est question ce matin. Quitter son lieu pour aller vers un autre lieu. Quitter ce qui nous est familier pour entrer dans un projet qui est encore inconnu, étranger, inhabituel. Et cette rupture nous rejoint pleinement, nous qui cheminons depuis hier après-midi vers quelque chose d’attendu/connu, mais finalement pas tant que ça. Nous avons entendu l’appel et nous nous sommes arrachés à des sentiers battus pour accepter un chemin moins habituel. Les prochains mois seront habités par des rythmes connus – les cultes hebdomadaires par ex, et par des situations qui vont nous déplacer, nous déloger, nous déranger et nous ouvrir vers de nouveaux horizons. Le projet de vie que nous allons reprendre nous ouvrira aussi sur des horizons nouveaux.

Abram reçoit plusieurs promesses dans ce départ. D’abord il verra une terre où il pourra vivre; ensuite de lui surgira une grande nation, et il sera source d’encouragement autour de lui, et même pour l’humanité. Ces promesses sont données par Dieu qui s’engage personnellement : Je te montre la terre, je fais de toi une nation, je te bénis et je rends ton nom grand pour l’humanité. Dieu fait confiance à Abram avant même qu’Abram ne fasse confiance à Dieu.

Il y a un certain inconfort à quitter ses habitudes, quitter ce qui nous a enfantés et qui a donné notre identité de chrétien, afin d’en découvrir d’autres dimensions qu’on ne maîtrise pas au départ, mais que Dieu nous fait pressentir. La peur peut nous paralyser et bloquer tout changement, alors les promesses de Dieu ne peuvent se réaliser. Mais cette peur peut être contenue par les promesses reçues, et aussi parce que sur ce chemin inconfortable, nous ne sommes pas seuls. Regardez Abram : bien qu’obéissant à cet ordre divin de bousculer tout son univers, il part avec Saraï, avec Lot, avec ses troupeaux. C’est à lui de répondre à l’appel de Dieu, mais il n’est pas seul sur les chemins qui l’attendent, même s’il devra par la suite se séparer de Lot et sera manipulé par Saraï.

Et ce point-là nous parle aussi. Nous avançons dans la vie par des ruptures, mais aussi avec des continuités. Nous quittons une manière de vivre l’église, sans quitter l’église, pour entrer dans une autre dynamique d’église. Considérez le parcours de ces 15 ou 20 dernières années de nos 2 églises : personne n’aurait imaginé cette collaboration fraternelle. Dieu nous a conduits à vivre une communion qui va simplifier certaines tâches, afin d’ouvrir de nouveaux chemins. Nous devrons encore faire des choix, oser renoncer à des acquis, pour laisser de l’espace à quelque autre aspect encore peu reconnaissable, si ce n’est inconnu. Nous avons pris ce départ d’une vie d’église dans la fraternité, et nous n’en verrons pas tous les fruits qui doivent mûrir dans les mois et les années qui viennent ; mais Dieu nous conduit vers l’expression de son royaume qui sera nécessaire dans les prochaines années. Et c’est cela qui compte, c’est cela qui nous motive et qui nous remplit d’espérance et de confiance.

AMEN

 

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