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5/10/2024 : le divorce et l’accueil
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Prédication du 7 juillet 2024 par le pasteur Marc LABARTHE
Ces 2 extraits de textes bibliques nous permettent à la fois de clore le temps de la Création, et de continuer notre réflexion autour de ce grand sujet qui interroge nos relations d’êtres humains avec nos semblables, et avec toutes les créatures. Je sais bien qu’en rappelant la commune origine et destinée de toute créature, le fait d’aborder l’écologie et l’environnement avec un regard biblique, provoque des éruptions négatives chez certains, et que d’autres attendent plutôt des actions concrètes. Or un culte ne me semble pas fait pour nous satisfaire nous-mêmes de là où nous en sommes, mais est vécu pour nous aider à partir d’un endroit pour arriver à un autre, et cela avec le souffle du Seigneur qui remplit alors son rôle de nous rapprocher et de Dieu et de l’oeuvre de Dieu.
La 1e parole publique de Jésus, selon Mc, est d’encourager les gens à se convertir, à changer d’avis, à sortir de leur ghetto (1.15), pour entrer dans le Règne de Dieu. Alors que nous soyons sceptiques ou prêts à tout, puisse le Seigneur nous éclairer quelque peu.
Dans le passage de la Gn, les traductions anciennes sont peu à peu délaissées pour mieux rendre compte de la finesse du texte d’origine, plutôt que de faire passer notre doctrine sur le mariage de l’homme et la femme. Pour vous aider à réfléchir et à relire ce texte, une piste d’analyse est de parler de 2 grandes parties, la 1e où Dieu dit que le glébeux/l’humain, ne peut pas vivre seul ; alors il lui présente tous les autres glébeux/animaux, mais l’humain, dans sa recherche, ne trouve pas de correspondance à son attente. La 2e partie, où Dieu fait l’ablation d’un côté entier du glébeux/humain, le mot “côté” étant utilisé dans les écritures pour définir le côté d’une maison, du temple etc. Et l’humain, lorsqu’il rencontre ce côté dont l’identité humaine est commune à lui, il le reconnaît comme totalement complémentaire, au point de marquer la rupture (d’avec les parents) et la commune-union voulue par Dieu.
Je retiens pour aujourd’hui ce double cheminement, avec les termes de la traduction de Chouraqui. Dieu forme de la glèbe les animaux et les présente au glébeux qui les nomme, c’est-à-dire qu’il entre en relation avec eux, afin de définir les rapports qu’il peut y avoir entre lui, le glébeux et les glébeux, entre les créatures humaines et animales : ils sont tous des glébeux, de la même nature originelle, et que Dieu forme en animal et en humain, et qui doivent composer les uns avec les autres. Dans un 2nd temps, Dieu sépare l’humain en 2 parties, et l’une se découvre mâle et l’autre femelle, et le glébeux/mâle accueille le glébeux/femelle comme son complément, son vis-à-vis, son aide contre lui.
Ces 2 temps doivent nous aider à reprendre nos rapports humains avec les animaux et aussi entre hommes et femmes.
Ce que Jésus va faire avec les tenants de la lois et des traditions d’une hiérarchie entre les humains.
Car dans le passage de Mc, nous avons aussi 2 temps, celui où Jésus instruit les foules et corrige l’enseignement des pharisiens au sujet du divorce en resituant Moïse par rapport à Dieu-Créateur, puis celui où Jésus instruit les disciples et corrige leur comportement envers les enfants.
Nous remarquons, d’une part, la manière dont Marc estime que Jésus a cité les Ecritures aux sujet du commencement des relations entre l’homme et la femme ; il ne récite pas tout, mais 2 extraits sur la complémentarité masculine et féminine, et il termine par son interprétation, à savoir qu’il y a unité et non plus dualité (ils ne sont plus deux, mais une seule chair. 9 Que l’humain ne sépare donc pas ce que Dieu a uni).
C’est assez radical comme affirmation, et cela vient heurter nos sentiments et notre soif de liberté, aujourd’hui, comme autrefois avec les disciples. Et ces v peuvent aussi être utilisés sans amour, comme une arme, en réponse aux aspects les plus intimes de nos vies.
Traditionnellement, seul un homme pouvait enclencher et autoriser un divorce, bien que l’inverse n’était peut-être pas inconnu. Or la grosse majorité des cultures en ce monde, garde cette prérogative masculine. Pourtant, les paroles de Jésus aux disciples apportent une ouverture que les Eglises ont refusé d’admettre, car elles placent la charge et la responsabilité autant sur celui que celle qui initie concrètement une procédure de divorce. C’est un premier pas, qui reçoit encore une ouverture avec ce qui suit.
Immédiatement après, les disciples entrent en action, pour retenir ceux qui amènent des enfants, d’approcher le maïtre pour qu’il reçoivent un geste d’affection (toucher avec la main). Jésus s’en indigne et donne une leçon au sujet du royaume de Dieu. Les enfants peuvent connaître l’image du royaume, sans pour autant le comprendre comme la société le veut, à savoir un lieu de conflits permanents, de guerres et de conquêtes, où les plus forts écrasent et exploitent les plus faibles, en établissant des règles à leur avantage. Jésus ne parle pas des royaumes de la terre, mais du Royaume de Dieu, du Règne de Dieu.
Jésus ne décrit pas non plus le RD comme une propriété absolue pour ceux qui le reçoivent comme des enfants. Mais plutôt que ceux qui sont comme des enfants entrent dans ce Royaume; autrement dit, le RD est formé de gens comme les enfants. C’est leur mode d’être et de vivre qui forge le RD.
Le RD ne peut se constituer ni avec des personnes figées dans le légalisme laïc ou religieux comme les Pharisiens, ni par des humains qui s’opposent dans les divorces de toutes sortes, ni par des disciples qui refusent les gestes d’affection et d’accompagnement auprès de ceux qui le demandent.
Car les enfants, au contraire des adultes, ne sont pas censés comprendre les lois ou les rites laïques ou religieux de leur société, même s’ils suivent l’exemple parental. Jésus demande aux disciples de retrouver ou de rester dans cette attitude de l’enfant, pour que le RD advienne. D’où l’importance pour eux de changer de position, d’avis, de se convertir encore et encore. Ce sera leur fidélité à la Parole de Jésus, que d’interroger leurs points de vue qui encouragent les divorces et les séparations, pour trouver l’unité et l’amour partagé largement. Amen