30/06/2024 : Marc 5v21-43-Jésus libéré

Prédication du 30/06/2024 par le pasteur Marc LABARTHE

Ezéchiel 18, 21-32    2 Corinthiens 8,7-15         Marc 5, 21 à 43

Lorsque j’ai lu les textes proposés pour ce dimanche, je ne les ai pas trouvé inspirants. Ezéchiel parle de la rétribution directe, l’Evangile de 2 guérisons archi-connues, et Paul de la nécessité de l’offrande. Est-ce là ce que notre communauté a besoin ? Quel Parole notre Dieu a-t-il pour notre petite communauté, en cette veille d’élections qui réveille le côté obscur de nos forces intérieures ?
• Faut-il avec Ezéchiel rappeler l’importance de son comportement social et de sa foi, pour éviter la mort et avoir la vie ? en ce temps de choix électoral, ce serait peut-être vital…
• Faut-il appuyer sur la question de l’offrande pour aider le pouvoir d’achat de l’Eglise, alors que les dépenses pour les vacances à venir sont tellement plus importantes à valider ?
• ou faut-il souligner comment Jésus est capable de guérir une femme et une fillette, tout en gardant le sourire ?

Avez-vous remarqué, dans la diatribe de Ezéchiel, que des gens critiquent durement le prophète, en accusant Dieu de ne pas être juste dans sa justice. Dieu ne fait pas les choses comme elles devraient se faire, selon le regard porté par ceux qui subissent l’injustice politique, sociale et religieuse. Et puisque Dieu ne fait pas justice quand on le lui demande, laissons-le tomber ! Ezéchiel insiste pour dire que ce n’est pas le bon choix, que ce n’est pas la bonne clé ni la bonne porte ; seule la mise en oeuvre de l’amour du prochain permettra la vie du peuple.

Dans la lettre de Paul, il est question de l’offrande pour soutenir les communautés en profonde misère. Que celui qui dispose d’argent sache donner abondamment tant qu’il en a, afin que s’il est en manque un jour, il reçoive à son tour de la part d’autres qui peuvent l’aider. Mais on est loin de ce fonctionnement dans nos églises protestantes. Chacun donne d’abord son superflu, ce qui ne va pas trop manquer à son aisance. Et oser parler de donner davantage c’est provoquer des refus scandalisés, ou le silence dû à l’abandon discret de l’église.

Et enfin, l‘Ev selon Mc présente Jésus et les disciples qui débarquent et sont immédiatement entourés par une foule de gens. L’arrivée d’une star à la Croisette, à l’Olympia ou Stade de France, provoque la même cohue. On se bouscule autour de lui, et le service d’ordre qu’assure les disciples ne peut rien y faire. Comment Jésus supporte-t-il cela ? tout le monde doit lui demander en même temps une guérison de ceci et de cela, vouloir le toucher, espérer un regard, une parole de réconfort, une petite histoire sur le Royaume…

L’Ev selon Mc ne dit rien à ce sujet. Mais il souligne 2 interventions qui vont entrer dans l’histoire. 2 personnages s’imposent au milieu des centaines d’autres, et font réagir Jésus bien plus que toute la foule. Et c’est le fait que Jésus trouve le moyen d’entendre, de les rencontrer, de se laisser déranger par ces 2 personnes, qui m’ont intéressé pour ce soir.

Il y a d’abord l’arrivée du chef de la synagogue locale. Vu son importance, il arrive à se frayer un passage jusqu’à Jésus, et pour souligner sa dépendance envers Jésus, se met à genoux devant lui. Il interpelle plusieurs fois Jésus au sujet de sa petite fille dans le comas. L’Ev. ne donne aucune réponse de Jésus, mais quelque chose a dû se passer pour que le chef se relève. Jésus se met à le suivre – lentement, car la foule ne s’écarte pas pour autant. Ils doivent jouer des coudes pour avancer. C’est un parcours du combattant, un chemin contre la résistance de la foule. Ni Jaïrus ni Jésus ne sont respectés par cette cohue aimantée par Jésus, qui doit sourire aux uns, parler à d’autres, bénir ceux-ci, carresser tel enfant. Quelle distance doivent-ils parcourir ? combien de temps leur faudra-t-il ?

Mc raconte qu’un énième attouchement de sa tunique a lieu, par une inconnue de la foule, malade incurable. Et ce toucher-là provoque en Jésus une secousse, comme une décharge électrique, une force lui échappe, une source d’énergie est happée par quelqu’un de la foule. Pourquoi cette inconnue et pas les autres ? Qu’est-ce qui fait que la puissance dégagée par Jésus pour cette inconnue l’ait à ce point affecté, lui ? au point qu’il s’arrête et interroge fortement – sa 1e parole audible, provoquant l’incompréhension des disciples et l’impatience de Jaïrus.

Or la femme concernée tombe elle aussi à genoux devant Jésus, comme Jaïrus, mais pour une autre raison, ce n’est pas la même génuflexion.  Elle lui dit la vérité : son mal incurable, son espérance, la guérison à l’instant. Jésus lui confirme sa guérison grâce à sa foi, et la renvoie dans la paix.

Cette puissance qu’il vient de donner avec bonheur, ne l’affaiblit pas, car il réagit immédiatement à l’annonce de la mort de la fillette de Jaïrus. C’est comme si un barrage avait sauté : dès cet instant, Jésus prend les choses en main. Il parle au chef, l’encourage ; puis il interdit à la foule et aux disciples d’aller plus loin, sinon Pi-Jq-Jn (v37). Il continue avec Jaïrus et ses serviteurs, et arrivés, il fait sortir les PF, et garde encore moins de monde avec lui. Il entre là où se trouve la fillette et lui dit de se lever. Enfin il met un point final à ce parcours en exigeant la non-diffusion sur les réseaux sociaux du miracle, et qu’on s’occupe correctement de la fille.

F&S, arrivons-nous donc à entendre le Seigneur, au milieu de ces foules qui crient dans tous les sens, parfois des cris de haine et d’exclusion, d’autres de liberté et de sécurité ? avec tous ce petits mots qui viennent réveiller telle crainte ou tel idéal qui pourrait enfin se réaliser…

Jaïrus, l’homme de pouvoir, utilise les normes reconnues pour faire plier Jésus à son attente pour sa fillette; mais ça marche très moyennement. Alors une femme, sans nom, impure, cachée, ouvre le canal de la grâce et revitalise Jésus; elle transgresse toutes les normes en vigueur, elle risque sa peau pour toucher si possible le vêtement de Jésus. Et Jésus peut alors parler, intervenir avec puissance. Ce qui libère Jésus, ce n’est pas le pouvoir ni la foule des attentes, mais le rejeté et méprisé, l’exclus et le pécheur. Puisse l’Esprit du Seigneur nous guider ces prochains jours.

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