30/04/2023 : Jésus, messie et vie

Prédication du 30/04/2023 par le pasteur Marc LABARTHE

Actes 2, 14, 36à42

 

Vous rendez-vous compte, 3000 personnes d’un seul coup, d’une seule prédication ? et quelques encouragements pressants de Pierre – c’est le jour J pour changer ! Vous imaginez cela possible, dans leur contexte, sans micro ni rediffusion télé ni réseau social ?

 

Par ailleurs, combien étaient-ils ce jour de la Pentecôte, vous vous souvenez ? 120 nous dit Act-1. Ces 120 disciples qui tous parlent en langue – ce n’est pas que les apôtres ni Marie en leur centre, mais bien 120 suiveurs de Jésus, qui se retrouvent à faire du tapage verbal, et qui après l’appel de Pierre, sont 25 x + nbx !

 

Et tous ces 3000 sont baptisés sans autre : d’abord ce n’est pas un baptême réglo, puisqu’il n’est fait qu’au nom de Jésus le Christ. Ensuite, il n’y pas de catéchisme à apprendre avant ce baptême; et enfin, il n’y a pas non plus de longues repentances en public, où l’on raconte son passé et son pardon. Mais voilà que cette foule, reçoit le baptême et cela a dû prendre quelques heures. Or l’on ne sait pas trop à quel endroit de Jérusalem ça à pu se passer – c’est un silence complet à ce sujet, parce que Luc n’en sait rien. Cela n’a pas pu se faire ni à la piscine de Béthesda, ni à Siloé, 2 endroits bien surveillés par les autorités militaires et religieuses, et elles n’auraient pas permis de bloquer ces lieux pendant des heures au profit d’une secte naissante qui s’appuie sur un condamné à mort prétendûment ressuscité selon elles.

 

L’enjeu de ce chap n’est donc pas de nous décrire le réel, mais quelque chose d’autrement plus important : l’effet de la prédication autour de la mort et de la résurrection de Jésus, d’une part, et le fait que cette foule, ayant passé par le baptême, est directement intégrée à la communauté pour recevoir l’enseignement, la cène et vivre en communion fraternelle.

 

C’est quelque chose de beau, qui nous encourage à prendre le même chemin. Ce début de l’histoire de l’église est comme une création nouvelle : sans nous expliquer les modalités concrètes, l’histoire dit que la parole, la prédication a un effet, comme la parole de Dieu au commencement (Gen). Et pour ceux qui lisent quelques années ou siècles plus tard, ce passage vient relativiser certaines de nos doctrines un peu légalistes, et trop tâtillonnent quant aux modalités de mise en oeuvre : nos pratiques peuvent être simplifiées. Et surtout, l’essentiel se trouve vraiment ailleurs que dans nos rites.

 

Nous allons nous rapprocher de cet essentiel, en cernant le centre du message que raconte Luc, en écrivant le discours de Pierre qu’il compose à sa manière. Alors, on découvre entre autres, ces 3 aspects :

 

1°/ Dans cette partie du chap.2, on est à la fin de tout un processus. La demande de la foule (quoi faire ?) est une réaction au sermon de Pierre, qui est lui-même une réponse (écoutez-moi !) à la réaction de la foule (c’est quoi?) quientend le bruit que font les disciples en parlant dans les langues des différentes personnes rassemblées. On a donc une réaction à une réaction à une réaction à un coup de vent ! Et cela se poursuit par des actes concrets, le baptême et la réunion pour écouter, manger et fraterniser.

 

2°/ Il semble bien que le sommet du discours de Pierre, son point essentiel, est cette phrase : Dieu a fait Seigneur et Messie ce Jésus même que vous avez crucifié. Pierre a rappelé les oeuvres et les discours de Jésus jusqu’à sa mort ; il s’est même appuyé sur des Ps pour dire que Dieu avait préparé cet événement, et il témoigne enfin que la foule – ceux qui sont là devant lui à l’écouter – a tué un innocent ; elle l’a fait, en tordant (=scoliose) la justice et la vérité, parce qu’elle a voulu assurer sa tranquillité et son salut, en éliminant l’homme qui la dérangeait. Or c’est ce condamné-là et ce crucifié-là,  que Dieu a ressuscité, et même qu’il a établi comme Messie. Il est donc facile de comprendre que la foule est du mauvais côté de la barrière, et qu’elle a manqué le but souhaité.

 

Cette affirmation est toujours au coeur de la foi des chrétiens, malgré toutes les couches de doctrines diverses et variées qui viennent l’habiller.

 

3°/ Mais, ce n’est pas tout ! ce n’est pas terminé : l’effet de cette affirmation est lui aussi déterminant : la foule peut changer sa situation défavorable. En se faisant baptiser au nom de Jésus, c’est-à-dire, en entrant dans la pensée et les actes de Jésus, la foule est pardonnée et recevra le même Esprit qui a bouleversé les disciples. C’est l’appel à la conversion pour que la foule change sa manière de penser et de comprendre l’oeuvre de Jésus et son identité. C’est l’encouragement au changement (v38:changez !), pour renoncer aux pratiques de la perversion (tout ce qui vient tordre) et prendre les paroles de Jésus comme nouvelle structure de la pensée et pour l’action. Luc pense qu’en cette heure-là, 3000 ont ainsi reformaté leur pensée pour utiliser le logiciel MESSIEJESUS version éternité.

 

Les Eglises font toutes référence à cet événement de la Pentecôté, mais elles ont aussi ajouté plein d’autres obligations pour encadrer la pratique de la conversion et du baptême. Cela s’est fait pour lutter contre certaines dérives – que nous dévoilent les lettres du NT, puis aussi pour marquer son territoire – contre d’autres églises, son pouvoir sur la population.

 

Ce que nous pouvons garder, c’est d’abord le point de bascule : Dieu a fait Seigneur et Messie ce Jésus-là, ce Jésus que vous avez crucifié en suivant les règles de pouvoir de ce monde. Dieu a relevé de la mort ce Jésus que vous ne vouliez plus voir au milieu de vous. Et la 2e chose, la bonne nouvelle, c’est que vous pouvez encore et toujours changer de camp – rejoindre celui de Jésus, et le faire savoir à ceux qui ne l’ont pas encore fait. Le baptême en est l’expression physique – la carte d’adhésion, et la venue de l’Esprit Saint provoquera la soif d’en vivre davantage, avec ce Jésus mort et ressuscité, et de mener à bien les changements de sa vie, en plaçant sa vie à l’écoute et dans obéissance à ses paroles. C’est vraiment quelque chose d’intime, et pourtant qui se partage; se taire, c’est préparer la mort de la communauté, puisque les 3000 ne sont pas interpellés, ni baptisés. N’est-ce pas un sujet de prière pour notre église ?

 

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