29/09/2024 : disciple sage et aimant

Prédication du 7 juillet 2024 par le pasteur Marc LABARTHE

Jacques 3:13-4:8a

Marc 9, 38-43.45.47-48

Jacques établit des distinctions très claires entre deux attitudes opposées. Ces attitudes nous sont familières, nous les confrontons tous les jours dans nos relations de couple, de famille, en société, entre nations. Elles sont aussi pertinentes pour les questions climatiques dans lequel tout le Kosmos est entraîné.

Certaines attitudes sont reconnues comme hautement destructrices : la jalousie amère, l’ambition égoïste, l’avidité, l’esprit de rivalité. Si toutes les créatures étaient capables d’écrire une liste des pires traits de l’humanité qui conduisent aux excès qui les détruisent, nous serions attérés.

Les humains se sont appuyés sur une sagesse constante du développement des biens et des services, souvent quel qu’en soit le prix, pour assurer sa survie d’une part, et pour répondre à ses envies, ses ambitions et garantir sa longévité. Du point de vue du reste de la création, y compris les personnes vivant dans la pauvreté et les conséquences du changement climatique et d’autres destructions, ces orientations égoïstes entraînent effectivement des conflits et la mort, comme le reconnaît Jq 4:2.

Jacques remet en question ces attitudes et nous invite à être honnêtes quant à la vérité dans nos cœurs et nos vies. Il nous ouvre à une autre forme de relation avec notre entourage, en nous demandant de nous rapprocher de Dieu. C’est Lui qui nous aidera à vivre une bonne vie, et cette vie adaptée se manifestera par des actions, accomplies raisonablement, fruit de la sagesse venant de Dieu.

Jacques nous exhorte à agir, en osant remettre en question les systèmes et les attitudes d’envie, de consommation et de rivalité qui causent la destruction et la mort. Et la Terre entière a besoin que nous agissions avec cette autre mentalité ou sagesse venant de Dieu. Ce que dit à sa manière Paul en Ro 8: le cosmos gémit dans les douleurs de la naissance jusqu’à ce que les enfants de Dieu viennent au jour.

Nous sommes tous prisonniers de systèmes et de structures, dont l’hypocrisie nous pousse à n’agir que lorsque ça nous arrange, ou que ça ne nous dérange pas trop.

Nous pouvons alors nous demander, quelle est cette Eglise, dans laquelle les disputes peuvent mener réellement au meurtre ? Jacques exagère-t-il, ou devrions-nous ouvrir l’œil sur les dérives que révèlent notre histoire ancienne, et celle qui se déroule sous nos yeux, comme avec le patriarche Kirill, qualifié d’apostat parce qu‘il glorifie la sale guerre que conduit le potentat Poutine, et pourchasse les prêtres qui parlent de paix (Colosimo) ?

Ce thème est éclairé par les enseignements de Jésus sur l’accueil de l’enfant : Quiconque accueille un tel enfant en mon nom m’accueille, et quiconque m’accueille n’accueille pas moi, mais celui qui m’a envoyé. Que Jésus prolonge en parlant de celui qui n’est pas du groupe : Celui qui n’est pas contre nous est pour nous.

Quelqu’un parmi vous est-il sage et intelligent ? demande Jq. Et l’apôtre Jean croyant être sage, interpelle Jésus au sujet d’un inconnu qui expulse les démons en son nom, sans faire partie du groupe de ses disciples. Il a donc voulu empêcher cet homme de poursuivre son oeuvre, croyant répondre ainsi à la sagesse de Jésus, et préserver l’intégrité des Douze. Ce texte nous dit que, depuis les apôtres eux-mêmes, au cours des siècles et jusqu’à Kirill ( ou autre !), l’exclusion, l’esprit de rivalité, le meurtre (Jq), ont été des choix mis en oeuvre dans l’Eglise.

Or Jésus refuse catégoriquement d’accueillir cette sagesse typiquement humaine. Sa réponse à Jean est claire comme celle de Jq : que du bien soit fait en son nom, et qu’il le soit par l’un de ses disciples ou pas, n’a que peu d’importance; car ce qu’il faut retenir avant tout, c’est de faire le bien. Et cette réplique de Jésus ouvre de très vastes perspectives. D’abord, le fait de lutter contre les forces du mal (les démons) n’est pas réservé aux chrétiens connus, mais peut aussi se faire par d’autres personnes, peut-être même de celles qui ne se veulent pas disciples de Jésus, mais se mettent au service du bien, du juste, de la paix, de l’intégrité de la terre. Celui qui n’est pas contre nous est pour nous – affirme Jésus.

Ce qui n’empêche pas de reconnaître, avec Jq, que suivre Jésus apporte une sagesse ou lumière supplémentaire sur son comportement, en particulier en ce qui concerne le petit – comme Jésus venait de le rappeler à tous les disciples: quiconque accueille un enfant en mon nom… suivre Jésus permet de situer clairement l’exercice de l’autorité, qui doit permettre à l’enfant de vivre.

C’est peut-être la raison des virulentes expressions qui viennent ensuite, et qui sont assez inattendues dans la bouche de Jésus. Si ta main te détourne de Dieu, coupe-là. Si tu détournes de Dieu l’un de ceux qui font confiance à Jésus, qu’il soit jeté à la mer avec une pierre attaché au cou. Jésus veut faire réagir ses apôtres. Il est vraiment question de vie et de mort, pour lui, lorsqu’un petit est dans le besoin, c’est-à-dire celle ou celui qui n’est pas en mesure de s’en sortir tout seul sans mon aide, et quel que soit le domaine concerné : C’est le mépris affiché et prôné envers certaines catégories de gens, en raison de leur couleur ou origine sociale et ethnique. C’est le mensonge flatteur du désir suscité par des mafias et des mutlinationales, qui privilégient la croissance du compte en banque au détriment de la protection de l’environnement et des populations exploitées. C’est le déni des pédophiles et des violeurs dont l’impunité s’appuie sur une conception masculine et parfois religieuse des relations hommes-femmes. C’est pourquoi même certains personnages investis d’une autorité morale peuvent devenir prédateurs et propager la mort.

Ce que Jésus ou Jq demandent, ce n’est pas de nous taire, de nous tenir coi. Mais en vérité, de devenir des acteurs, de vraiment nous lever et de donner le verre d’eau dont le petit a besoin. Et nous pouvons le faire au nom de Jésus, parce qu’il éclaire notre manière d’agir d’une lumière ou d’une sagesse qui résiste à l’égoïsme et à la domination sur autrui. Car nous ne restons pas prisonniers de l’amertume ni de l’esprit d’honneur qui nous séduisent si facilement de toutes sortes de façons. Nous savons que dans la bible (par l’ES), nous pouvons trouver ces encouragements percutants et libérateurs, afin – comme l’écrit Jq, de semer la paix autour de nous, et récolter dans la paix, une vie qui plaît à Dieu.

 

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