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28/11/2021 : changer du tout au tout
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Prédication du 17/06/2023 par le pasteur Marc LABARTHE
Le pasteur Alphonse Maillot a souvent réagi contre le découpage des textes bibliques effectué par le lectionnaire catholique et adopté par les protestants de la FPF. C’est le cas l’extrait de Jér. 33 (14à16) : Bientôt, déclare le Seigneur, je réaliserai les promesses que j’ai faites au peuple d’Israël et au peuple de Juda. Quand ce moment sera venu, je ferai naître un vrai descendant de David. Il agira dans le pays selon le droit et l’ordre que je veux. Alors le royaume de Juda sera libéré, et les gens de Jérusalem vivront enfin tranquilles. Et voici comment on appellera Jérusalem : “Le Seigneur est notre salut.”
Savez-vous à quel moment Jér. prononce ces merveilleuses promesses ? Certains se souviennent que la vie de Jér n’a pas été facile – d’où l’expression jérémiades -alors qu’ici ce n’est plus du tout des plaintes ! Le pr Maillot encourage à lire davantage et c’est ce que nous faisons maintenant : v1à 5 et 14 à 26 …
Si vous avez bien entendu, Jérémie est emprisonné, et Dieu lui parle. La ville de Jérusalem est assiégée par les Babyloniens, et toute résistance n’apporte que la mort et la ruine. Survient la Parole de Dieu, que le prophète transcrira par la suite, et qui confirme la destruction de la ville et le massacre et l’exil. Mais Dieu ajoute plusieurs choses, pour expliquer son projet, ce vers quoi il veut orienter le croyant: il veut réaliser ses promesses ; il fera venir un vrai descendant de David, fidèle au droit et à la justice. Et pour réaliser cette promesse totalement contraire à l’actualité, Dieu s’appuye sur le cycle de la nature pour constituer une preuve: Tout comme l’humain ne peut empêcher la terre de tourner, ainsi la promesse de Dieu ne pourra pas être arrêtée.
N’est-ce pas intéressant, passionnant, de découvrir cela ? Le nouveau David viendra – bientôt je réaliserai les promesses que j’ai faites, dit Dieu. Et ses promesses sont plus sûres et plus tangibles que les lois de la création elle-même – Pouvez-vous rompre l’obligation que j’ai imposée au jour et à la nuit, et les empêcher ainsi de se succéder normalement ? — Non. Eh bien, l’engagement que j’ai pris envers mon serviteur David ne peut pas davantage être rompu.
Jér. a écrit notre texte en plein siège de Jérusalem. Il avait prêché pendant des années au peuple de Juda pour changer ses habitudes, pour circoncire son cœur, mais presque rien n’a changé. Jérémie avait supplié le peuple pendant trente-huit ans, mais Juda ne voulait pas écouter. Ils ont ignoré le prophète de Dieu, ils se sont moqués de lui, ils l’ont chassé de sa propre maison, l’ont menacé et ont même tenté à plusieurs reprises de le tuer. Au fur et à mesure que les années passaient, que les menaces de guerre et de dévastations se précisaient, Jér. a vu les coeurs de la majorité du peuple se durcir, refuser tout changement de comportement.
Jér. a eu le malheur d’être choisi par Dieu pour dire à son peuple qu’il allait être exilé en terre étrangère. Le prophète a bâti son ministère et sa réputation sur de mauvaises nouvelles. Il en a pleuré lui-même souvent. Pendant des décennies, il a tonné contre l’entêtement de son peuple. Encore et encore, il s’est élevé contre les gestes superficiels et les faux semblants, les exploitations éhontées des pauvres par les riches propriétaires, contre les alliances politiques contraires au droit en Israël, contre les discours démagogiques des prêtres et des prophètes autour de lui. Sa prédication et ses gestes symboliques n’ont pas suffi ; accusé d’être un traitre et un collabo, ce « lanceur d’alerte » est placé en prison.
Mais Jér. a compris depuis longtemps que s’il doit y avoir une guérison pour un tel peuple, elle doit venir de Dieu Lui-même. Il sait que seul l’ETERNEL peut restaurer Israël dans sa plénitude et sa fidélité. Lorsque le prophète reçoit cette promesse du vrai David de la part de Dieu, la ville de Jérusalem est à l’agonie, les armées de Juda sont exterminées, le sort du peuple est scellé. L’armée de secours envoyée d’Egypte est en déroute totale. Nous sommes en 587 avant JC.
On peut sans autre faire des parallèles avec notre actualité, et cette fois-ci, dépasser largement le secteur de Jérusalem, ou celui de la France, et regarder au niveau mondial. Quel prophète de la trempe de Jér. peut s’exprimer à ce niveau, de la part de Dieu ? Il y en a eu de nombreux, et comme Jér. ils ont été étouffés, moqués, interdits de parole, écartés d’une façon ou d’une autre. Quel que soit le domaine, social, politique, économique, sanitaire, industriel, des « voix prophétiques » alarment quant au réchauffement climatique visible ici et là, et dénoncent les pollutions de toutes sortes; des « prophètes de malheur » annoncent une mutation de l’environnement et la disparition progressive de la vie animale dont celle de l’homme ; ils sont vivement critiqués, dénoncés pour leurs excès.
Pourtant, ils ne demandent pas autre chose que Jér. : modifier son comportement et son attitude afin d’empêcher, non pas le changement qui est en train de se faire, mais l’excès du mal, la destruction du peuple, si rien n’est fait.
Or, lorsque la disparition du peuple et de Jérusalem devient inéluctable et visible par tous, le prophète reçoit alors de Dieu une parole neuve, qui lui permet de prendre un virage à 180° et de donner à Juda une parole d’espoir. Jér. peut leur dire qu’ils vont rentrer chez eux, avec à leur tête un nouveau David.
Qui va le croire, alors que la famille royale va être massacrée devant les survivants, et que ces derniers seront emmenés en exil ? Au coeur de ce malheur, Dieu veut faire comprendre que sa promesse est solide, aussi bien que le jour succède à la nuit, et comme personne ne peut changer cela, eh bien, personne n’empêchera sa parole de s’accomplir.
Alors bien sûr, dans l’église, nous regardons vers Jésus, le fils de David, envoyé par Dieu. Il a accompli une bonne partie des promesses données par Dieu à son peuple. Il y a encore des promesses qui ne sont pas réalisées, et nous devons recevoir celles-ci de la part de Dieu, comme des paroles qui sont en devenir. Dans un certain sens, nous attendons toujours le Christ qui apportera le royaume de Dieu. Voilà le sens de l’Avent, l’attente de ce qui doit encore venir, de Celui qui doit encore arriver, alors que tout autour de nous semble dire qu’il n’y a plus d’avenir.
Juda n’est pas encore sauvé et Jérusalem n’habite pas en sécurité, comme des milliers d’autres peuples et lieux. Nous lisons le journal et regardons les nouvelles, et il y a plein de guerres et de bruits de guerres, Il y a des signes dans le soleil, la lune et les étoiles, et sur la terre la détresse parmi les nations, terrifiées par le rugissement de la mer et des vagues, au point que les gens s’évanouiront de peur et de d’angoisse. nous dit l’Ev. selon Luc (21.25).
Vous êtes au courant des dangers multiples qui suscitent l’angoisse autour de nous, et vous devinez les moyens mis en oeuvre pour les minimiser, ou les oublier.
Quelle tristesse. Mais avec Jér. certains ont choisi de prendre un autre chemin, vraiment. Avec le prophète, nous regardons encore et toujours vers l’avenir, avec foi et espérance. Dieu nous a amenés jusqu’ici, Dieu est avec nous maintenant, et Dieu sera avec nous jusqu’à la fin. Rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu en Jésus-Christ. Ce n’est pas échapper au réel, mais l’assumer. Le passé, le présent et le futur sont tous entre les mains de Dieu. Amen.