28/05/2023 : Écouter l’esprit change

Prédication du 28/05/2023 par le pasteur Marc LABARTHE

Actes 2, 1 à 4 ; lu en 5 langues

 

Comment imaginez-vous ce que Luc est seul à raconter au sujet de cette matinée mémorable d’une Pentecôte, dans les les années 30 de notre ère ?

 

On entend le texte attendu, et pourtant on ne l’entend pas au complet ; on le connaît, et il faut le deviner, à travers tel ou tel mot qui ressort, dans sa langue maternelle ou dans une autre. Une vraie cacophonie…

 

Vous êtes-vous déjà trouvés dans une foule qui parle un peu toutes les langues, peut-être à l’aéroport ou embarcadère, ou réunion sportive ? On aurait pu assurer une lecture sage, dans chacune des langues parlées des membres présents dans l’assemblée, outre le françois, allemand, italien, espagnol, roumain, ou canadien et créole !

 

Qu’est-ce donc que le miracle de la Pentecôte, selon Luc ? Le fait que les disciples parlent toutes les langues des gens présents pour la fête ? Le vrai miracle, c’est qu’on ait entendu quelque chose. Comment se fait-il que chacun-e ait entendu ce qui se disait ?

 

Le jour de la Pentecôte, toutes et tous ont entendu… oui, mais entendu quoi au juste ? L’histoire ne dit pas quoi exactement… peut-être parce que chaque personne a entendu ce qu’elle avait vraiment besoin d’entendre cette journée- là. Et vous, qu’avez-vous besoin d’entendre aujourd’hui ?

 

Le jour de la Pentecôte, on ne sait pas exactement ce que les gens ont entendu. Luc écrit brièvement que les gens ont entendu parler des oeuvres de Dieu, et que l’expérience a été radicale, complètement transformatrice… du moins pour un certain nombre d’entre eux.

 

En tout cas, il y a du remue-ménage, du bruit, et des gens qui écoutent. Cela demande du temps, de savoir écouter vraiment… être à l’écoute de ce qu’il y a de neuf, de transformateur… c’est une attitude qui se perd. Pensez aux réseaux sociaux, à ces pages où il y a un bouton « j’aime ». Généralement, on clique lorsqu’on voit ou on lit quelque chose qui confirme ce que l’on croit ou sait déjà. Si on prend la peine d’écrire un commentaire en dessous d’une image ou d’un message avec lequel nous ne sommes pas d’accord, c’est rarement pour demander un complément d’information, pour en savoir davantage, sur ce que pense l’autre. C’est pour dire notre façon de penser. Et généralement, ce genre d’échange par “like“ interposés ne change pas grand-chose. Ça endurcit et ça arrange tout le monde.

 

Ce qui transforme les vies et le monde, c’est une écoute attentive… une écoute qui ouvre nos coeurs et nos esprits à de nouvelles façons de voir et de vivre, une écoute qui nous invite et nous donne envie de suivre les propositions entendues.

 

Si tant de monde hésite souvent à écouter vraiment ce que d’autres ont à dire… c’est peut-être justement parce qu’on n’a pas envie du changement. Le statut quo est si familier, si réconfortant. La routine est rassurante. C’est comme un culte chaque dimanche ; avec la Cène qui nous rapproche un peu les uns des autres, mais surtout dans le silence, et sans trop regarder le frère ou la sœur ; et quand il y a un baptême, chacun se retient de bouger, parce qu’on sait que le baptême veut dire qu’on s’engage à des changements dans sa manière de penser et d’agir. Et nous contribuons ainsi à ce drame qui traverse nombre de nos églises aujourd’hui, n’apercevoir des enfants que… le jour de leur baptême.

 

Les 120 disciples n’étaient pas des gens influents… au contraire. Pour beaucoup de gens de l’époque, c’était un groupe marginal d’extrémistes provinciaux, dont le leader a été exécuté, à cause de son ambivalence: il accueillait les marginaux et résistait aux gens du pouvoir. Bien qu’ils fassent profil bas en allant tous les jours au temple, nous dit Luc (24), personne ne les écoutait vraiment.

 

Et puis, voilà l’Esprit saint avec du bruit, du feu, et qui rend comme ivres les disciples; et soudain la foule arrive à entendre ce que les apôtres ont à dire… et une partie en est toute bouleversée. Ce n’est pas rien, parce qu’une part de cette foule s’était rassemblée pour la fête de Pâque, et avait exigé que Jésus soit crucifié et que Barabbas soit libéré (Jn18,39-40). Mais vous le savez, quand un message arrive à se faire entendre, des choses surprenantes, bouleversantes risquent de se produire. C’est aussi vrai par les influenceurs sur les réseaux que par un conférencier, une lecture personnelle, ou lors d’un culte.

 

Mais l’Esprit saint en fait davantage encore. Les disciples eux-mêmes ne sont plus dans l’attente passive, dans la désolation du départ de leur maître. Il y a du changement en profondeur dans leur choix de vie. Leur entendement a changé; leur motivation a changé. Ils vont peu à peu se dégager de la gangue de leurs habitudes, se libérer de leurs acquis, et aller dans la province, aller dans les pays limitrophes et peu à peu au bout du monde. Si l’Esprit bouleverse ainsi les disciples et touche une partie de la foule, c’est que le message qu’il transmet apporte un plus, à ceux qui écoute. Un plus qui traverse les frontières sociales, les caricatures politiques, les haines religieuses. Et ce plus, c’est la capacité donnée et partagée, de vivre des choses en commun, quelles que soient nos situations du moment. C’est ce que signifie aussi le baptême : puissants ou pauvres, tous passent par la croix pour entrer dans les bras ouverts du Dieu qui aime.

 

La croissance et la vitalité de l’Église ont été stimulées par des gens qui ont entendu quelque chose de nouveau, et qui se sont autorisés à changer leur façon de vivre. Et si nous, nous mesurions la vitalité de notre église, non pas par la force du nombre mais par notre capacité d’écoute et d’évolution ? les disciples ont pris leur temps pour évoluer; nous avons un peu bougé avec notre union. Alors qui pourrait avoir quelque chose à nous dire, soufflé par l’ES ? Qui aimeriez-vous entendre ? Sur quels sujets ? C’est peut-être justement en écoutant des voix que nous n’entendons pas d’habitude, que nous trouverons une vitalité nouvelle, que nous serons transformés, et que nous transformerons le monde dans lequel nous vivons. Frères et sœurs, le vent souffle où il veut : écoutons-le !

 

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