26/05/2024 : disciples et mission

Prédication du 26/05/2024 par le pasteur Marc LABARTHE

Romains 8, 14 – 17 — Matthieu 28, 16-20

Dans ce ch.28 de l’Ev selon Mt, les disciples vont à la rencontre du crucifié-ressuscité — qu’ils n’ont pas encore vu — sur la foi du témoignage des femmes. Ils se rendent sur la montagne désignée par Jésus. Quelle est leur démarche ? peut-il survenir quelque chose dans leur existences qui remettra en cause leur sentiment d’échec ?

Nous sommes comme les onze de Mt, nous n’avons pas vu le Christ vivant après sa résurrection, contrairement aux femmes ; nous ne l’avons pas entendu nous instruire, et pour tout cela, nous sommes tributaires du témoignage des apôtres. Pourtant, nous ne sommes pas non plus uniquement réduits à une démarche intellectuelle. Si le Sauveur ne nous est pas accessible physiquement, il n’en est pas moins présent, et se rend volontairement proche tous les jours jusqu’à la fin du monde, dans cette rencontre mystérieuse qu’est la prière sous diverses formes.

Or en présence-même du ressuscité, quand l’attente devrait être comblée, ils ont des doutes : Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais ils eurent des doutes.Et voyant lui ils se prosternèrent ceux-ci (mais eux) doutèrent. Mention surprenante, dans ce texte, de la réserve des disciples. Une véritable onde de choc ! Doutent-ils que ce soit vraiment Jésus ? Doutent-ils qu’Il soit réellement ressuscité des morts ? Hésitent-ils, parce qu’ayant abandonné Jésus sur la croix, ils se demandent s’il voudra encore être en relation avec eux ? Ont-ils peur ? Mt ne dissipe pas le mystère et ne répond pas à nos questions.

Mais comme souvent dans la Bible, il y a ce mélange de foi et de doute, d’évidence et de trouble. Mt exprime la condition du croyant que nous sommes, dont l’attente repose sur le témoignage ; c’est pourquoi la forte présence de Dieu, même quand on la reçoit, ne dissout pas toutes les questions.

Cependant, Matthieu nous conduit sur un nouveau chemin. 7 verbes sont utilisés par Jésus, conjugués différement, pour indiquer la dynamique dans laquelle Jésus envoie ses disciples.

Il y a d’abord une affirmation, puissante, à ne pas oublier, car sans elle la suite ne peut qu’être dévoyée. Ce préalable, c’est la souveraineté de Jésus sur toute existence : Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Le ressuscité n’est plus tout à fait le même. Il a toute possibilité d’agir dans tout l’univers.

Puis viennent les verbes de la mission des disciples.

Ils doivent aller, témoigner du ressuscité. Tous – même la mention de leur doute ne les disqualifie pas : tous ne sont pas nécessairement au top de la foi, tous ne perçoivent certainement pas clairement qui est Jésus, et l’un ou l’autre peut bien avoir des moments creux… mais ils sont témoins que Jésus est le Seigneur, et en tant que tels, ils sont envoyés. Et c’est vraiment libérateur de savoir que la mission ne repose pas la capacité des disciples à la réaliser. Ce n’est pas la mesure de foi des disciples, ou le contenu de leurs certitudes, mais bel et bien la déclaration première du crucifié : à lui appartient la vie du monde.

C’est de sa nouvelle situation, que Jésus va donner à ces hommes fragiles son ordre de mission. Il s’approche d’eux et désigne la mission :

En chemin, en progressant, comme vous avancez dans la vie, faites des disciples de tous les groupes ethniques, les baptisant d’eau au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et leur apprenant — à observer tout — ce que je vous ai commandé.

• D’abord, quelle que soit votre situation, vous êtes témoins là où vous progressez dans l’existence : école, milieu professionnel, associations, famille, retraite : en chemin ! • Puis les onze disciples sont appelés à faire des disciples. Le même mot. Le groupe des premiers témoins est appelé à reconnaître la même dignité de disciples à ceux qui recevront leur message. Il n’y a pas de pouvoir pour les premiers, pas de hiérarchie, pas de bénéfice de l’antériorité. Tous peuvent être disciples, participants égaux à l’aventure de Dieu.

• Ainsi, le baptême va marquer que la seule appartenance qui ait du sens, est celle qui rend égaux devant Dieu et entre les humains ; le baptême se reçoit comme un don et ouvre au partage dans une égale responsabilité au sein du groupe, ce vaste peuple des témoins.

• Enfin, la dignité de disciples, marquée par le baptême, se construit sur 3 piliers : une formation, celle de garder tout ce que Jésus a prescrit à ses disciples. Notez bien que ce n’est pas un préalable au baptême : il ne s’agit pas de démontrer son obéissance, sa pureté pour avoir droit au baptême… tout comme ce n’est pas non plus une conséquence automatique du baptême, comme si tout à coup le baptême faisait du disciple un être totalement obéissant.

Devenir disciple fait entrer dans une existence qui demande une fidélité quotidienne à cette logique du don inaugurée en Jésus-Christ, et que le baptême dans la mort et la résurrection cherche à exprimer ; cette fidélité devra se chercher au milieu de toutes les incertitudes personnelles et collectives.

C’est pourquoi, la promesse de la présence de Jésus vient clore cette dynamique, rejoignant ou explicitant son pouvoir universel reçu de Dieu son Père.

Nous nous sommes glissés dans la suite de cet homme qui a préféré le don de sa vie et la confiance en Dieu à tout pouvoir prédateur et à toute affirmation de soi. Nous pouvons poursuivre dans cette aventure qui nous dépasse, en portant nos doutes qui trouveront un jour leur total apaisement.

 

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