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250921-TPC – Jérémie 18v1à12
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prédication donnée à Livron dans le Temps pour la Création 2025
Jérémie doit aller voir un potier, et c’est là que Dieu entend lui livrer un enseignement particulier. Dieu, qui nous a formés à partir de l’argile, est présenté ici comme un potier, façonnant et remodelant l’argile – une métaphore de la souveraineté divine et aussi, de la réactivité de l’humanité. Mais l’argile, c’est aussi une partie de la Création, des créatures, et donc le travail divin concerne aussi la nature, l’environnement, la création.
Tous ceux qui ont pris le temps de visiter un potier à Cliousclat ou qui ont travaillé l’argile, savent que, aboutir à l’idée originale, n’est pas toujours simple. Jésus n’a pas repris cette image dans ses paraboles. Pourtant, quelques uns de ses discours, évoquent ce que Jérémie a entendu de la part du Seigneur, à partir de l’argile, pour des nations, le peuple habitant Juda et Jérusalem.
Avons-nous compris comme Jérémie a compris cet enseignement, à partir du travail du potier ? Parce qu’entre le travail du potier sur l’argile et ce que Jérémie interprète, ou que la parole de Dieu lui explique ensuite, il y a une inflexion. Et cette différence-là, nous demande de savoir prendre une distance, et questionner certaines proclamations trompeuses.
Jérémie observe le potier qui malaxe un morceau d’argile. Il remarque que le potier accepte silencieusement son erreur, et que son travail n’aboutisse pas au projet qu’il a en tête, et qu’il recommence aussitôt à remodeler ce même morceau d’argile pour le rendre meilleur, et réussir son travail.
Quel est donc le message de Dieu que Jérémie doit apporter ?
• v6 : Pleine liberté de Dieu, capable d’agir envers la maison dont nous faisons partie comme il l’entend. Voilà ce qu’on attend de Dieu, la manière dont on imagine Dieu. Et d’un côté, ça semble une bonne chose d’être aux mains de Dieu !
• Alors lisons bien la suite -v7: le plan de Dieu commence par être bien sombre. Un plan visant à déraciner, démolir et détruire si le mal l’emporte, voilà quelque chose de clair et de pas facile à entendre. Or, ce qui change par rapport au travail du potier, c’est la capacité de l’argile de changer lui-même son comportement, et donc aussi celui de Dieu : v8. — cela conduit Dieu à ne pas détruire. Puis la parole reçue expose l’inverse, v.9-10.
Et enfin, Dieu applique cela au peuple de Jérusalem, qui, à ce moment-là, répond qu’il s’en contrefiche : v11s.
A limage du potier auquel il arrive de ne pas réussir du premier coup le vase qu’il se projetait de réaliser, et écrase et remélange l’argile, pour reprendre son ouvrage sur le tour, Dieu déclare à Jérémie qu’il est arrivé au point de devoir écraser et remélanger la pâte, c’est-à-dire de détruire l’état actuel des choses, afin de recommencer une construction.
Or que signifie, humainement parlant, cette phase de remodelage, afin de repartir vers la réussite du vase ?
C’est là que ça devient compliqué – même pour Jérémie ! Il doit actualiser l’analogie divine pour passer d’un état maladroit du potier, à un état mauvais de l’argile. Il faut que ses auditeurs le comprennent, et, plus important encore, comprennent Dieu, et finalement regardent leur situation ?
Car dans l’explication, Dieu ne rejette pas l’argile, mais lui accorde une autre chance, de 2 manières : d’une part, en soulignant que les peuples peuvent s’adapter eux-mêmes en agissant pour le bien ou le contraire, pour le mal ; et d’autre part, dans le fait que Dieu réutilise le même argile, pour tenter d’arriver au vase projeté.
Il y a donc un basculement possible, qui est présenté comme une conversion. Et cette conversion, qu’elle est-elle ? C’est revenir du mal que le peuple fait ; c’est réformer ses voies et ses agissements, aussi bien envers le prochain que l’étranger et la nature. Il y a donc un critère comportemental attendu de la part de l’argile – peuple de Dieu.
Mais voilà, au temps de Jérémie, le peuple se refuse à la réforme comportementale et spirituelle : Cette parole alternative de Dieu est jugée irrecevable dans le peuple, qui se croit à l’abri de toute tribulation. Dieu n’a-t-il pas donné Canaan et Jérusalem à Israël, pour toujours, selon ses promesses à A-I-J ? Dieu ne peut se renier lui-même, aussi la déportation n’arrivera pas ! Et pourtant Jérémie annoncera encore et encore la guerre, les massacres, jusqu’à la déportation. Un message rude, contre les nations et Israël, dont il fera des cauchemars. Car ce qu’oublient volontairement les enseignants et le peuple, c’est que Dieu a mis quelques conditions incontournables : la justice et le droit (comme Esaïe 32), l’accueil et la solidarité envers toutes les créatures et aussi la nature.
Lorsque nous nous mettons à l’écoute de ces discours de jugements dans les Ecrits bibliques, nous apprenons d’une part à accueillir la repentance offerte qui va de pair avec la justice divine, et ensuite à savoir présenter le changement que cela produit dans notre comportement au quotidien, et dans nos discours politiques ou religieux.
Le point de départ, dans la pensée chrétienne, c’est le grand commandement donné par Jésus, aimer Dieu… et son alter-égo, aimer son prochain, comme Jésus l’a mis en oeuvre, i.e. le chemin du serviteur crucifié. Ce chemin contredit toute velléité de pouvoir et de violence, et demande la conversion ; c’est là que nous sommes attendus, dès aujourd’hui et demain, avec cette question: quels sont et seront nos choix ?