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25/05/2025 – nouvelle vi(ll)e
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prédication donnée Le Pouzin
Dimanche dernier nous avions le début du chap 21 de l’apoc, où Jn voit d’abord le recyclage complet de la création, avec la disparition de tout ce qui n’est pas stable. Puis, c’est la descente de la ville sainte, Jérusalem, venant de Dieu comme une mariée qui vient à la rencontre du marié et s’installe chez lui. Elle apporte toutes les qualités féminines avec elle, et la voix divine dit qu’il s’agit de la demeure de Dieu avec les humains – comme si Dieu-la-mariée s’installait chez l’humanité-le-marié.
Juste après, Jn corrige cette image en disant par la voix de l’ange, que la ville est bien la mariée, mais en tant que l’épouse de l’agneau– v9. Et par la description qui suit, de ses 12 portes et de ses 12 fondations, elle intègre totalement le peuple des croyants. Pourtant, Dieu en est le temple avec l’Agneau, il irradie la ville de sa lumière, il remplit tout l’espace, au point que les nations en font leur centre d’intérêt. Comme si le couple formé par l’Agneau et les fidèles, entraîne à sa suite les nations du monde.
Et cette dernière image se clôt en définissant ce qui fait de la ville sainte la mariée, en disant que rien d’idolâtre ou souillé ne peut entrer dans la ville, elle n’est constituée que des seuls croyants-fidèles, qui ont ainsi accès à Dieu.
En nous faisant passer ainsi d’une interprétation à l’autre, Jn contribue à l’effet mystère de cette ville-sainte, à la fois épouse-divine et épouse-humaine, soulignant le profond changement qu’entraîne la relation au Christ, la foi en Jésus-Christ. Il expose ainsi la situation dans laquelle vit l’Eglise sur terre, aussi bien en son temps qu’au nôtre, et son statut final.
C’est pourquoi, avec l’Apoc nous ne sommes pas dans un futur tout écrit, mais dans le présent de l’Eglise. Le nouveau monde et la Jérusalem sainte ne sont pas qu’une promesse d’avenir, ni un rêve pieux, mais une réalité́ bien actuelle où nous, chrétiens, avons toute notre place et notre responsabilité. Jean utilise l’image du monde et de ses villes pour suggérer ce qui, en réalité, ne peut pas être compris entièrement. Il annonce que Dieu intervient d’une tout autre manière que celle des hommes ; le monde sera renouvelé en totalité, pas seulement bricolé. Ce monde est déjà là dans l’Eglise et s’accomplira comme une délivrance un jour.
Voici quelques réfelxions qu’éveille notre passage : d’abord une non-réalité géographique, puisqu’il n’y a pas de montagne autour de Jérusalem qui soit plus haute qu’elle. La ville sainte Jérusalem est donc différente de l’actuelle et de tout ce qu’elle peut porter comme espérances et désillusions. Elle n’est plus au sommet du monde, mais à proximité des plus humbles et de tous ceux que nos sociétés mettent de côté. Elle ne domine pas l’humanité comme le diable le faisait dans les tentations de Jésus (Mat.4v8). Elle n’est pas altière, mais sainte, elle n’est pas gratte-ciel mais vient de Dieu.
Car le projet de Dieu, n’est pas un retour au paradis originel. Il est la réalisation de son désir d’être Emmanuel, Dieu avec nous. Il recycle totalement l’univers, en supprimant toute mort et tout mensonge. Puis il vient lui-même en ayant reconstitué la ville phare, de l’histoire avec son peuple. Le fait que la demeure de Dieu avec les hommes soit une ville et non plus un jardin, indique que Dieu a décidé d’intégrer l’ensemble des activités humaines à son projet. Et ces activités-là ont été symbolisées par la construction des villes, à la suite de Caïn, bâtisseur de la 1e ville de l’Histoire (Gn 4.17). Malheureusement, les cités humaines ont servi à promouvoir la puissance et l’orgueil de l’humain en révolte contre Dieu; et jusqu’à présent aucune ville humaine n’a réussi à obtenir une cohésion sociale sans abus de violence. Or Dieu offre à l’humain-fidèle, la ville qu’il n’a jamais pu achever, une ville de paix et d’harmonie.
Cette ville qui descend d’auprès de Dieu v10, intègre tous les épisodes de l’Histoire des croyants. Ses portes sont Israël tout entier, symbolisé par les douze tribus -v12. Ce peuple a été choisi par Dieu pour être le passage par lequel toutes les nations pourront entrer dans la Jérusalem nouvelle. Ces portes ne sont jamais fermées -v25, et les anges qui s’y tiennent, sont des porte-paroles ou messagers de Dieu, ils sont là pour partager la bonne nouvelle, tout en veillant à ce que rien d’impur ne puisse entrer.
Ses fondements sont les douze apôtres de l’Agneau -v14. La stabilité de la ville sainte est assurée par le message dont les apôtres sont porteurs, et pour lequel ils sont des envoyés jusqu’au bout du monde. L’épouse de l’Agneau est ainsi édifiée sur les fondements des apôtres et l’appel des prophètes d’Israël (Eph.2.20). On ne peut pas mieux énoncer les liens étroits en Jésus-Christ, entre les deux Alliances de l’Histoire du salut : nous ne pouvons que prendre en compte cette double réalité qu’est l’Eglise du Christ, intégrant Israël et les nations (Rom.11.17ss).
La ville sainte reprend un nom ancien, Yeroushalaïm ; elle est la ville construite au fil des siècles par les Israélites, et convoitée depuis lors par d’autres instances. Cela nous dit que les oeuvres humaines qui cherchent tant bien que mal à collaborer au projet de Dieu ne seront pas abandonnées ou détruites, mais transformées par Dieu; il accueille l’histoire des humains dans son Règne, en les passant par le filtre des portes et des fondements de Jérusalem-épouse de l’Agneau.
Le temple a aussi disparu : car Dieu est totalement là, avec l’Agneau. Elle est donc une ville-temple, remplie de la présence de Dieu en plénitude (22). L’épouse est en complète communion avec l’époux. Il y a une pleine interconnexion dans ce couple surprenant qu’est la communauté des croyants et l’Agneau, dans une ville à consonance humaine, qui est en même temps pleine de Dieu.
Ce que Jn écrit sont des Paroles d’espérance qui veulent raviver la foi des chrétiens et leurs engagements dans le témoignage et la mise en oeuvre d’un monde différent, pour la paix et la communion de la famille humaine.
Avec des images surprenantes pour nous, il raconte la vie nouvelle par rapport à notre compréhension habituelle de l’existence. Pour beaucoup de gens, la vie ici-bas n’a pas plus de sens que d’être faite pour la consommation et la survie; Mais pour Jean et les chrétiens, une autre vie a commencé avec la rencontre de l’Agneau ressuscité. Elle est comme la vie dans la Cité nouvelle, en présence directe avec Dieu, en Le voyant face à face. Ce sont des noces qui ont commencé et qui sont sans fin.
Notre vocation ou responsabilité est alors d‘agir en faveur de la vie, de tout ce qui est vivant. Il y aura bien sûr toujours des souffrances et du mal sur cette terre, dans l’attente de l’intervention finale de Dieu. Mais ce mal -malgré son intensité racontée les chap. précédents du livre- ne doit pas nous priver de l’espérance, ni réduire nos combats pour la vie, ni faire oublier les fruits de l’Esprit, lui qui conduit le chrétien dans la paix, la joie, l’amour, l’engagement, le pardon, le désir de Dieu. Tout ce qui habite la mise en oeuvre au quotidien de nos rencontres, de l’amour que Jésus nous demande d’appliquer (Jn 14.23).