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24/01/2021 : Jean 15 – don de soi
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Prédication du 24/01/2021 par le pasteur Marc LABARTHE
La première partie du texte repose sur la métaphore de la vigne ; une image déjà utilisée par les prophètes en Israël; la vigne du Seigneur est le peuple de Dieu. Jésus reprend encore la même histoire, et aborde la même question récurrente de la relation à Dieu. Mais Jésus ouvre une nouvelle perspective, en s’appropriant cette image, en se plaçant au coeur du projet de Dieu, incarnant en sa personne les promesses de Dieu et en déplaçant sur les sarments, toutes les conséquences du projet divin. Jésus est le cep-Messie, véritable, sûr, vivant, sur lequel s’appuie Dieu le vigneron-Créateur ; Jésus parle ensuite de l’action du vigneron sur les sarments-disciples judéo-pagano-chrétiens, et des relations avec le cep et même entre eux, en s’éloignant peu à peu de la métaphore.
Nous pouvons comprendre ce développement aussi bien pour une vie d’église locale, qu’à propos des relations entre églises, entre chrétiens aux traditions diverses. Et certainement aussi, pour une partie du texte, les relations avec l’ensemble du monde. Jésus s’adresse aux disciples en tant que groupe, et non à des individus ! La collégialité est de mise entre les sarments !
Dieu crée sa vigne à son image; Le cep est le véritable, celui que le vigneron chérit et choisit, et personne ne peut changer cela. Jésus dit que le vigneron est son Père, et il ne parle de cette relation que dans le sens d’un amour partagé entre son Père et lui. Et cet amour qui vient du Père dans le Fils, le Fils le donne aux disciples. Car le projet du Père-vigneron n’est pas de n’avoir qu’un beau cep, il attend du fruit. Alors il prend soin de sa vigne, c’est-à-dire des branches qui sont reliées au cep et qui sont sensées produire le raisin en temps voulu.
Le vigneron vient tailler les sarments : certains sont coupés nets, bien qu’ils soient rattachés au cep. On apprend plus loin que ce n’est pas d’être attachés au cep qui garantit de ne pas être coupés, et jetés au feu destructeur. Il faut un peu plus qu’être attachés ; Jésus précise en 2 temps cette coupe : d’abord un sarment qui ne porte pas de fruit tout en étant uni à lui ; et ensuite Jésus dit que certains sarments rompent le lien avec lui, ils ne demeurent pas en lui, ils sont donc jetés dehors, sèchent et sont voués au feu. Il y a donc 3 manières de se fixer au cep véritable : un sarment qui portera du fruit, un sarment qui ne porte pas du fruit, et un sarment sans sève du cep. Lorsque cette vie est absente, le vigneron coupe.
F&S, soyons attentifs : trop de dégats sont causés dans les églises par un mauvais usage de cette coupe. Ce travail-là, est celui du vigneron-Père : c’est lui qui tient le couteau/sécateur ; ce n’est pas l’oeuvre du cep de vigne, et encore moins celui des sarments. Cela nous apprend à ne pas nous arroger ce qui n’est pas attendu de nous. Et c’est à entendre dans une église, comme dans les relations entre églises.
Ce que nous, nous coupons, trop souvent, conduit à des excès et ne permet pas aux sarments d’atteindre au développement que le vigneron veut ; Jésus souligne ici son commandement d’aimer (agapè), duquel vient le seul liquide qui doit vivre dans les sarments, afin de produire du fruit — et non de trancher le voisin qui soi-disant nous dérange et ne répond pas à l’attente du vigneron.
Mais à l’inverse, demeurer uni au cep-Jésus, n’entraîne ni passisivité ni sommeil, ni abandon d’actions dans le monde. La puissance de la sève-amour qui sort du cep pour envahir les sarments, les fait entrer dans une mutation de tout l’être, du coeur, des pensées, du regard, des actes. Voilà ce dans quoi ns sommes engagés
Et pourtant, là encore, le Père-vigneron vient trancher. Il veut que la vie de Jésus circule en nous et entre nous, comme la sève du cep dans les sarments. La vie de Jésus, c’est quoi ? c’est son identité profonde, ses tripes, son souffle vital qui le conduit vers son but – l’amour don de soi. Le vigneron veut que les sarments en soient irrigués, grandissent, s’épaississent, donnent des feuilles, et que les fruits naissent à leur tour, et parviennent à maturité un jour. Alors il nous raccourcit, nous émonde, nous rend vulnérables, faibles et pauvres. Il nous dépouille de toute gloire, il nous purifie de nos orgueils, pour que la sève-agapè circule, et que le fruit véritable, le seul espéré, advienne.
Jésus rappelle que ce travail de fond, persévérant, est déjà en cours, par l’évangile, la parole qu’il a dite (v3). Cette parole si proche qui passe de lui à nous lorsque nous demeurons unis à lui. Elle est bénédiction et promesse de bonheur. Lorsque nous lui ouvrons nos veines et notre cœur, Dieu nous parle d’amour, et patiemment il réduit, retire, éteint, ce qui en nous va vers la mort. Il transforme, épure ce qui empêche la diffusion et la croissance de la vraie vie ; il s’assure que la parole-sève du Christ remplit pleinement les sarments, de telles sortes que les fruits rendent gloire au vigneron, à son travail, à sa volonté.
Jésus pose le cadre : Je suis la vigne vous êtes les sarments… en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire (v5). Toute distance est abolie, les disciples croyants font partie de ce qu’est le Fils lui-même. La communion est telle qu’ils sont assurés de recevoir toujours de lui la sève permettant de vivre et de produire le fruit. Demeurer en lui, unis à lui, c’est la puissance de l’amour qui se répand et irrigue les sarments. C’est la vigne du Père.
Alors les sarments vont pouvoir assurer leur mission. Et Jésus en parle de 2 manières. D’abord sous la forme du fruit abondant que procurent les sarments bien taillés et nourris de la sève riche de l’amour du cep. Puis en s’adressant aux disciples avec un commandement et un retour. Jésus commande d’aimer comme lui a aimé. Aimer jusqu’à poser sa vie pour les amis. Amour-don-de-soi est l’obéissance première qui signe la présence de la sève-Parole dans nos vies.
Et le retour, c’est la transformation des disciples en amis intimes de Jésus, nourris de sa vie-agapè, et qui dès lors, sont aptes à s’adresser au Père pour lui demander des choses qu’il accomplira. Parce que les demandes ne sont plus celles de nos orgueils, mais de la vie qui nous habite, de cette vie qui vient du Fils et qui vient du Père, et les amis sont pleinement dans cette relation qui vient du Père par le Fils et qui va au Père par le Fils.
moi je vous ai choisis ; je vous ai donné une mission afin que vous alliez, que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure. Alors, le Père vous donnera tout ce que vous lui demanderez en mon nom. Ce que je vous commande, donc, c’est de vous aimer les uns les autres.
Notre Dieu et Père a encore du travail de sécateur à jouer, pour que les sarments que nous sommes, nous puissions vraiment nous aimer les uns les autres comme Jésus nous a aimés, pour que la vie d’amour don de soi venant de Jésus nous inonde toujours davantage. Jusqu’à ces jours où nous saurons nous donner à l’autre, par amour du Père, en partageant le même pain et la même coupe. Jusqu’à ces jours où l’amour du Père par le Fils nous donnera d’aimer le frère et la soeur par-delà nos regards orgueilleux et nos émotions trompeuses.
Et dans notre société exploitée par des forces contraires, avec les peurs et les colères qui détruisent toute confiance dans une relation durable, demeurer attacher au cep est une source de consolation, qui n’évite pas le chemin de la croix, mais qui assure la joie du Fils en nous, et une joie pleine.
Demeurer en Christ, fait circuler des sentiments de compassion et de service. Nous reconnaître aimés par Dieu, nous pousse à nous accueillir les uns les autres dans nos forces et nos faiblesses. Alors la présence du Christ transparaît entre nous et embellit toute la vigne aux yeux du monde, dans les fruits multiples qui apparaissent. Et Dieu en est glorifié, et sa joie nous entraîne plus loin que nous n’avons imaginé. Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres.