23/06/2024 : création nouvelle

Prédication du 23/06/2024 par le pasteur Marc LABARTHE

Marc 4,35-42      2 Corinthiens 5,14-17(20)

Ce passage de la lettre de Paul est fondamental; il fait écho à ce que nous vivons en ce moment, dans nos Eglises comme en politique. Ecoutez :

17 Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Le monde ancien est passé, voici qu’une réalité nouvelle est là.

et version plus moderne :

17 Si quelqu’un entre en communion vivante avec le Christ, il devient un homme nouveau, il est recréé. L’ancien état est dépassé. Ce qu’il était autrefois a disparu. La nouvelle création a déjà commencé ; voici : tout est devenu nouveau.

 Le monde ancien est passé, il est même dépassé. Cette affirmation résonne en moi de manière assez forte, face aux tensions que traversent nos églises et surtout les discours politiques actuels. Je les mets tous dans le même paquet, malgré leurs nuances, car ce qui m’interroge, ce sont leurs méthodologies.

Dans nos Eglises, il en est certains qui lorgnent avidement vers le retour du passé. Remettre en vigueur certains principes oubliés, replacer certaines règles délaissées, en rappelant qu’autrefois, il y avait des jeunes, nombreux, et ça marchait droit. Cette nostalgie d’un passé brillant se traduit de multiples manières, créant ici ou là des petites guerres de pouvoir entre ceux qui sont amers ou déçus de ne pas être pris en compte. 

En politique, il en est aussi qui fondent leurs discours sur les principes établis autrefois, et ils les utilisent comme outils nécessaires pour rétablir une société pour et par le peuple, ou pour et par les salariés, ce qui n’a pas été vérifié dans les faits. 

Cependant, en religion autant qu’en politique, le passé est aussi utilisé comme une realité à ne pas conserver, comme le négatif de ce qui va arriver, grâce au nouveau sauveur qui va prendre les choses en main. Personne ne veut continuer dans ce passé qui nous fait du tort, alors suivez le guide et vous aurez le paradis. Dictateurs de hier et candidats d’aujourd’hui n’ont pas changé le miroir aux alouettes ! Ce sont des leviers connus, et lorsqu’on est pris la main dans le sac d’y adhérer, c’est difficile de se remettre en cause. On est mal à l’aise, ou on se met en colère, on agit avec mépris envers celui qui met trop de lumière sur nous. Et c’est ici qu’intervient me semble-t-il le message de Paul, avec une lumière spéciale.

Paul reconnaît qu’il y a un autrefois, le monde ancien ; et ce monde-là est passé, dépassé, révolu. Il n’y a aucun avenir avec lui ; inutile de vouloir le perpétuer dans son existence. En écrivant cela, il ne dénigre pas ce monde qui passe et dans lequel il vit ; il dit qu’il ne peut apporter plus qu’il ne l’a fait, il est comme arrivé au bout de ses capacités ; ce monde ne fait que répéter les mêmes principes diaboliques depuis ses origines (cf.Ro7) ; et vouloir y rester ou le reconduire ne peut pas le faire produire de véritable nouveau fruit. Cette vision du changement qu’il propose, ne lui vient pas d’un nouveau plan quinquennal ni d’une idéologie humaniste, mais elle lui vient de la création nouvelle, la réalité nouvelle provoquée par la mort et la résurrection de Jésus. 

Si quelqu’un est en Christ, il est création nouvelle, il devient un homme nouveau. Ce qui change en profondeur, c’est l’origine du changement, Celui qui permet de porter un discours différent, Celui qui assure une mise en oeuvre renouvelée. Dieu en Christ a cassé la logique du monde actuel, pour libérer une autre logique fondée sur le pardon, la réconciliation, l’amour. Le monde est devenu ancien avec ses logiques de pouvoir, de calculs, de mérites, de rejets. Une création nouvelle a commencé maintenant, agissant avec liberté afin de réconcilier et non d’exclure, afin de grandir et non de mépriser, afin d’aimer et non de capturer.

Ce changement de régime intérieur, provoque bien souvent une double réaction. D’abord la joie de la lumière extra-ordinaire qui change toutes les relations, toute la vie dans tous ses rapports. Ce qu’écrit Paul en disant : Nous sommes subjugués par l’amour que le Christ nous a témoigné ; il nous étreint, nous presse et nous pousse en avant.v14 et encore : désormais nous ne jugeons plus personne d’après des critères purement extérieurs, à la manière du monde. v16.  Il ne nous est plus possible de garder les discours exclusifs du monde d’avant, il ne nous est plus possible de maintenir les comportements prônés par ce monde d’avant, nous ne pouvons plus colporter ce qui rend les relations humaines malsaines et malheureuses.

Mais ce bouleversement traverse parfois (souvent?), la tempête, comme le raconte l’Ev (Mc4.37). Ne plus suivre les idées du monde soulève des vents contraires, on peut être en lutte soi-même avec ce qu’on a lâché, c’est la tempête de son égoïsme qui veut faire couler la nouvelle barque où Christ se trouve paisible à nos côtés. Je suis confronté à ces tempêtes de temps à autre, et certainement que vous en connaissez. Et ces tempêtes surgissent parfois brutalement, sans qu’on s’y attende; elles remplissent la barque, mais elles sont aussi vaincues bien souvent. 

La victoire sur la tempête dans l’Ev’ comme la réalisation de la création nouvelle, sont l’oeuvre de JC, de Dieu en JC. Nous avons donc besoin, pour parvenir à ces changements de situation, d’une intervention extérieure, de LUI laisser la place du maître à bord. Et cette position que nous donnons à JC peut aussi provoquer quelques tempêtes, lorsque nous savons bien que le commandement de l’amour du prochain vient contrecarrer notre attitude de rejet envers tel ou tel.

Jésus est Parole de vie et d’amour ; par ses mots et ses actes il nous révèle ce pour quoi il nous a fait création nouvelle : habiter le monde selon le royaume de Dieu, chaque jour vivant mieux et davantage selon notre vocation de rendre concrète la réconciliation avec Dieu et entre les humains.

Et cette création nouvelle ouvre sur la liberté de vivre l’amour réconcilié, elle traverse nos existences individuelles ; elle se construit dans la communion fraternelle au sein de l’église – là où nous devrions apprendre à épanouir cette créature ; elle s’engage dans le monde ancien pour y semer cette espérance et cette mutation par le souffle de Dieu. 

Et c’est maintenant, nous dit Paul ; telle est maintenant la vocation commune de tous les enfants de Dieu : libérer les humains du souci d’eux-mêmes, en les réconciliant avec Dieu ; et les envoyer de par le monde pour participer et servir à une réconciliation que nous croyons nécessaire et indispensable.  Et cet appel atteint aussi bien le côté religieux et personnel, que tous les aspects politiques et sociaux, Pouvant même rejoindre celles et ceux qui partagent le goût de la justice, de l’amour et de la liberté, tout en gardant en point de mire le Règne de Dieu qui vient.

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