210926-Jacques 5v1-6-couper le surplus

au temple de Flaviac

Marc 9,38-50         Jacques 5v1-6

Si ta main est une occasion de tomber, coupe-là ! et fais de même avec ton pied; et aussi ton oeil, arrache-le.   Ben voyons ! combien de mains et de pieds avez-vous encore ? et vos yeux — vous voyez encore me moignons ? 

Et puis Jq : vous l’avez entendu  A vous, maintenant, les riches ! votre richesse est pourrie, vos vêtements sont mités, votre or et votre argent sont rouillés… et je vous passe le reste que vous avez retenu.

Que faire de ces textes ? ont-ils quelque chose à nous dire aujourd’hui, autant pour les jeunes que pour les vieux ?

Mc reprend une parole qui vient de Jésus, et Mt et Lc la citent aussi. C’est donc qu’elle est importante, et qu’elle fait partie de l’annonce de l’Evangile. Mais n’est-elle pas scandaleuse, cette demande ?

Ne pourrait-on pas dire: si un texte te scandalise, déchirre la page !  Voilà ce que certains ont sûrement envie de faire en entendant une telle violence contre son propre corps. Et d’autres vont tout simplement fermer la bible.

Et Jq surprend aussi par sa virulence, dénonçant on ne peut plus clairement certains richissimes croyants qui ne font même plus attention à la manière dont ils maintiennent leur haut niveau de vie.

Ces 2 textes nous dérangent; avec d’autres, ils viennent bousculer notre discours mielleux autour du Dieu d’amour. Dieu est amour dit-on souvent, pour ne pas se remettre en question, et on se permet n’importe quoi au nom de cet amour qui en devient stupide et sans consistance. 

Mais ni Jésus ni Jq n’ont hésité à parler crûment, ils ne tergiversent pas avec les refrains sur l’amour infini, laissant tout faire, d’un Dieu finalement absent et inexistant.

Mc nous dit que Jean est offusqué de voir qu’une église concurrente s’est installée et qu’elle a du succès ; alors en tant qu’apôtre et premier groupe à suivre Jésus, il a tenté d’étouffer l’affaire. Mais Jésus n’est pas d’accord avec cette manière de faire. Cette Eglise que Jean conteste a bien Jésus comme centre d’intérêt, et le simple partage d’un verre d’eau à l’un de ses membres est un geste de communion suffisant – pas besoin d’un accord doctrinal particulier.

Et Jésus ajoute alors un enseignement très dur contre ce qui peut faire tomber un enfant qui croit en lui. Il s’attaque à la suffisance de Jn qui se prend pour la référence à suivre. Il n’y a pas besoin de grand chose pour chuter, vous le savez bien, un cailloux sur la route, un petit seuil de porte. Et de même, pour faire du mal à quelqu’un, il suffit d’une parole, d’un Twit sur un réseau; pour qu’une personne se détourne de l’église ou de Dieu, il suffit d’un geste, d’un regard. Et nous sommes tous concernés. Ta main, ton pied ton oeil peuvent causer la chute d’un petit qui croit en Jésus, et il aurait mieux valu que tu aies coupé cet oeil, ce pied, cette main, pour qu’elles n’aient pas eu cet effet là. Et puisque bien souvent, nous n’avons pas coupé avant de parler regarder ou agir, eh bien, nous nous trouvons tous dans la géhenne, dans le feu des conflits et des tensions ; et venir alors avec ce refrain « Dieu est amour ! » ne suffit pas à calmer les douleurs, à réconcilier les ennemis.

Jq a compris la leçon, et dans ce passage de sa lettre, s’en prend aux riches qui ne voient même plus tout le mal que leur richesse entraîne autour d’eux. Et cette dénonciation d’autrefois peut tout à fait s’élargir à notre Occident riche et repus de ses avoirs, ayant dépouillé généreusement des populations qu’on laisse moisir dans leur misère. Et plusieurs prédicateurs appliquent ce passage à la question climatique et à certaines exploitations particulièrement dramatiques pour la survie de notre planète. 

Jq ne cherche pas à empêcher les riches de vivre, mais à leur faire prendre conscience du système économique qu’ils ont mis en place à leur seul profit et au détriment d’une majorité de gens exploités. Votre richesse est pourrie ! Cela veut dire qu’elle ne peut pas engendrer la vie et le développement. Elle ne conduit qu’à la mort. Il en va de même pour notre système économique fondé uniquement sur la croissance continue, dont la pourriture est de plus en plus visible. 

Si ta main / ton oeil est ta richesse excessive, qui fait tomber les petits du monde, coupe-le. Tu seras alors salé de feu, et ton sel servira à la paix avec les autres.

C’est une demande inhabituelle que fait Jésus à ses disciples, et que Jq applique auprès de certains riches. Pour marcher avec lui, pour pouvoir dire que Dieu est amour, cela signifie couper une main, un pied, un oeil, autrement dit—par Jésus lui-même :  prendre sa croix et le suivre, lui, Jésus. Car ce n’est pas aller couper la main de l’adversaire, de l’autre en face de soi, mais bien la mienne, pour éviter de faire tomber l’autre, et ainsi l’aider à sortir de son enfer, l’aider à marcher encore avec Jésus.

Prendre le temps de tailler dans sa vie ce qui fait trébucher/tomber autrui, conduit à être salé de feu. Parce que ça fait mal de couper (du feu!), et pourtant, cette coupure assure la présence du sel, Dieu apporte du sel, et ce dernier conserve la vie, et il évite gangrène et pourriture, et il donne du goût dans les relations humaines, et assure la paix avec l’autre.

F&S, Volà où se trouve le Dieu d’amour ! Son amour est tel qu’il nous assure sa présence au coeur de la géhenne ; il vient mettre le sel sur les blessures que nous avons, pour éviter l’amertume et l’indifférence ; il éclaire nos comportements dominateurs et suffisants envers autrui et la création, afin que nous changions vraiment de système de vie. C’est cela suivre le Christ : ça « coupe » mais avec une perspective encourageante et pleine de vie ! amen

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