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210905-Marc7,24-37-marge juste
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au temple de Loriol
Considérons, frères et soeurs, ce qui se passe dans notre société qui cherche absolument un retour à une vie normale, à une vie d’avant la covid. Pour retrouver cette vie, idéalisée, d’avant la pandémie, de nouvelles règles sont imposées, qui entraînent de nouvelles barrières et de nouvelles ruptures. Et finalement, aussi bien ceux qui entérinent ces règles que ceux qui les refusent, quelles qu’en soient les raisons, aucun ne retrouve la vie d’avant.
De nouveaux paramètres viennent requalifier ce qu’est la vie normale en occident. Car notre sécurité dite sanitaire crée de nouvlles fractures à l’égard des populations d’Afrique et d’ailleurs. Il faudra quelques années pour retrouver un équilibre dans les relations professionnelles et amicales, si jamais il se fait un jour, au vu des dangers qui nous menacent, et qui ne feront que s’aggraver dans les prochaine décennies, commes les virus et le climat qui change.
Jacques, dans sa lettre, dénonce une cassure sociale, une Eglise à 2 vitesses, et que certaines de nos églises n’ont pas résorbée. Si vous montrez plus de respect à l’homme qui porte les beaux habits et vous lui dites : Vous, asseyez-vous ici, à cette bonne place ! et au pauvre mal lavé, vous dites : Toi, reste debout, au fond de la salle ! et plus loin, il soulève l’enjeu de la foi: Pour la foi, c’est la même chose. Si tu crois en Dieu, mais si tu n’agis pas, ta foi est complètement morte.
L’écrivain n’y va pas par 4 chemins, et s’insurge contre le favoritisme montré aux riches et aux possédants, que l’on peut actualiser par les occidentaux surdéveloppés, et dans notre contexte, aux vaccinés 3 fois. Un tel favoritisme va à l’encontre du chemin de Dieu, qui a choisi les marginaux, ceux que la communauté perçoit comme impurs, ou fainéants et dangereux. Jq nous met au défi de rejoindre Dieu dans les marges, et d’afficher notre engagement dans des actions nouvelles. Dieu bouleverse nos systèmes sociaux, car Dieu a choisi les pauvres du monde pour qu’ils soient riches de foi et héritiers du royaume (v5), écrit-il.
Cette foi, que Dieu suscite, conduira à une différence de style de vie et changera notre relation avec nos sœurs et frères. Car il ne suffit pas d’envoyer nos belles pensées et nos prières, à ceux qui sont dans le besoin et abattus, comme Jq le précise, en résumant un autre argumentaire : A ceux qui n’ont pas de vêtements, ni à manger tous les jours, si vous leur dites : Allez en paix ! Allez vous habiller, et bon appétit ! Mais ces paroles servent à quoi, si vous ne leur donnez pas ce qu’il faut pour vivre ?
Au niveau social, nous le comprenons, mais au niveau de l’injustice climatique, c’est une autre paire de manche. Il ne suffit pas d’envoyer des pensées et des prières à ceux qui sont touchés par la sécheresse ou des événements météorologiques extrêmes, il ne suffit plus d’envoyer un chèque pour soulager notre conscience, en soutient de ceux qui vivent dans l’insécurité des ressources, à cause de l’exploitation des combustibles fossiles servant nos intérêts. Nous devons faire quelque chose dans nos comportements, nous devons agir, à la fois au niveau de notre empreinte carbone, mais aussi pour faire pression sur nos institutions d’Eglises, nos politiques et nos entreprises, pour entendre le cri des pauvres et des affamés, et changer de style de vie (stratégie).
N’est-ce pas les riches qui vous exploitent ? Ne sont-ils pas ceux qui vous traînent devant les tribunaux ? (v6) interroge rudement Jq. Pour ceux d’entre nous qui mènent une vie confortable, nous ne pouvons plus vivre comme si nous ignorions les liens entre notre confort – construit sur des pratiques économiques exploitantes et non durables – et la souffrance des pauvres, dans les pays en marge de l’occident. Même si nous savons qu’il faut aussi tenir compte d’autres éléments.
Il en va de notre écoute du Seigneur et de son attitude. Comme dans l’histoire de la rencontre avec cette femme Syro-phénicienne. Elle et sa fille habitent toutes deux les marges de la société : d’une part, ce sont des femmes et d’autre part, ce sont des païennes, et à ce titre, considérées comme impures. Enfin, la fille a des démons qui la rendent doublement impure.
Jésus est sorti du centre de confort de sa vie, pour aller dans les marges, de la Judée-Galilée vers Tyr. Il se veut discret, et se cache. Et malgré les barrières et les obstacles, cette femme païenne trouve Jésus, et lui demande de guérir sa fille.
De manière troublante, Jésus raconte une parabole à connotation péjorative ; en se référant à elle comme aux chiens, il reflète les points de vue de la société en général et de son groupe social juif. Il cherche à la décourager sans la chasser publiquement. Mais ni surprise ni décontenancée, cette femme à bout de ressources, utilise le propre argument de Jésus pour le convaincre.
Et là, Jésus entend un appel qui le fait quitter un apriori, sa position et son refuge, pour laisser la grâce de Dieu agir. Par son ouverture, Jésus étend le royaume de Dieu aux personnes les moins remarquées, à celles repoussées à la périphérie. Cette extension du royaume de Dieu à ceux qui sont en marge doit servir de modèle stimulant pour l’Eglise.
Ainsi, Jésus ne nous invite-t-il pas à participer au travail de guérison, non pas à partir de notre position confortable au centre de tout, mais en sortant de nos sécurités pour aller vers les marges ? en changeant notre environnement, et le mettant au service du Royaume et non plus des riches ?
A l’image de Jq qui dénonce les dérives de son église, et de Jésus qui sort de son confort, qui entend l’appel à l’aide, et accepte l’interpellation qui vient changer son attitude, nous devons également remettre en question certaines de nos habitudes qui font perdurer les dysfonctionnements de notre société, et qui entrainent la déstabilisation de la création.
Nous devons d’une part, dénoncer les injustices structurelles et les causes profondes du changement climatique et de la dégradation de l’environnement, et d’autre part, oser prendre le virage d’une nouvelle manière d’organiser note existence. Autrement dit, nous devons réactiver la voix prophétique de l’Eglise, en particulier en amplifiant les voix des femmes et des jeunes, d’une part. Et d’autre part, nous devons être prêts à nous convertir nous-mêmes, grâce à la voix des marginalisés, et à celle de la création en souffrance.
A chacun d’en tirer des conséquences, et en Eglise à progresser ensemble. Amen