210822-Mat13.1-53-paraboles

au temple de Cliousclat

Parabole

Matthieu 13, 1 à 53

F&S, avez-vous compris ce qu’est le Royaume des cieux, maintenant ? est-ce que l’une de ces paraboles vous a plus spécialement touché ce matin, au milieu de toutes les autres ?

Parce qu’à vous il est donné de connaître les mystères du Règne des cieux (11).

Alors si vous êtes perdus, tant mieux !  parce que les paraboles ne décrivent pas le Royaume de manière absolue, mais elles ouvrent nos coeurs, nos pensées, pour nous mettre en marche, nous rendre attentifs et réceptifs à de multiples dimensions, afin de nous libérer de nos dogmes, nous sortir d’une vérité définitive, ou d’un fossé. Jésus vient nous chercher là où nous sommes, dans nos positions arrêtées et dans nos certitudes, pour nous envoyer sur des chemins de liberté.

Ces paraboles sont toutes connues; et chacune d’entre elle apporte une lumière sur le royaume de Dieu. Mais aviez-vous une fois dans votre vie, pris le temps de les lire toutes ? ou encore mieux, de les entendre comme si vous écoutiez Jésus vous parler ?

Mt construit ce chap. 13 avec un refrain qui revient au début : A/ 3 Il leur parla longuement en paraboles ; au milieu B/ 34 Jésus ne leur disait rien sans parabole, afin que s’accomplisse ce qui avait été dit par l’entremise du prophète. et à la fin C/ 53 Lorsque Jésus eut achevé ces paraboles, il partit de là.  

Et l’on retrouve encore d’autres paraboles dans les chap. suivants de Mt, confirmant ainsi que Jésus utilisait facilement ce langage, comme une accroche aussi bien pour les foules attirées par lui, que pour interpeller ses adversaires. Les paraboles de ce chap sont toutes consacrées au royaume de Dieu, soit parce qu’elles commencent avec l’expression « le R des Cieux est comme », soit parce que l’explication oriente l’auditeur vers le Royaume qui s’approche.

Mat n’accumule pas simplement des histoires pour nous divertir. Il construit un véritable discours sur la venue du Règne. C’est toutes ensembles que ces paraboles apportent un aperçu du Royaume et de ce qu’il provoque dans le monde, de manière générale, ou chez l’un ou l’autre des auditeurs. Mt a déjà fait cela avec d’autres petits discours de Jésus, le Sermon sur la Montagne, et il le fera encore plus loin.

La méthode de Jésus chez Mt, c’est de nous faire suivre un parcours, et de nous exhorter à ne pas nous arrêter en chemin : après le Semeur, son explication appelle aussitôt les ivraies et le bon grain, puis la graine de moutarde, puis le levain dans la farine, car Jésus ne disait rien sans paraboles (v34). 

Et de même après l’explication du Bon grain et des ivraies, Jésus raconte sans transition le trésor dans le champ, puis la perle, et enfin le filet rempli de poissons. Avez-vous compris tout cela, demande-t-il à ses disciples, car tout lecteur de la bible, instruit du règne des cieux, est semblable à un maître de maison qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes.(53)

Il faut passer par ces paraboles pour entrevoir le Royaume, pour se lancer à sa recherche, pour découvrir qu’une séparation nette s’établit entre ceux qui reçoivent gracieusement la Parole, et les autres. Ce qu’indique bien la dernière image donnée (53): elle ne vous laisse pas assis sur votre « banc d’église », mais une mission vous est maintenant confiée: celui qui a gouté à la parole du Règne est appelé à son tour à la proposer. Vous n’avez pas acquis une connnaissance qui sera examinée un jour, mais vous devenez disciples pour témoigner à votre tour, en tirant de ce trésor le neuf de votre existence renouvelée par la Parole du Règne, parole vivante et agissante, comme cela se passe dans toutes ces paraboles.

Un disciple accepte d’évoluer dans ses pensées, d’être changé dans sa marche avec son maître. Un disciple qui se croit arrivé, n’a-t-il pas à craindre l’oiseau qui prend sa graine sur le chemin ? alors une autre parabole peut le réveiller pour qu’il reprenne la route ! celle du levain? ou de la perle ? Car c’est maintenant que le Règne des cieux vous atteint, et qu’il veut changer la dynamique de votre vie, pour que la fin soit brillante comme le soleil, et non pas dans les grincements de dents. La diversité des images permet d’atteindre de nombreux espaces de notre existence, pour que la lumière du Règne y fasse grandir la bonne nouvelle.

Ces paraboles ont un autre un point commun, c’est la dimension de la fin qui s’approche. Elles parlent du présent sous diverses formes connues, et ouvrent sur le résultat qui se prépare déjà maintenant, par la manière d’agir ou pas.

La parabole du semeur s’achève sur le rendement final, qui est acquis et même déjà reconnu, et son explication insiste sur ce point.

La parabole du bon grain et des ivraies oriente vers le temps de la moisson qui promet une belle récolte, malgré la présence abondante, à nos yeux, des ivraies. La reprise dit qu’il en sera ainsi à la fin du monde (40), et donc le jugement se raconte dans le quotidien de l’auditeur, et pénètre sa réalité en lui rappelant que personne n’échappe au tri final, comme chacun le sait quant aux légumes du jardin.

La parabole de la graine de moutarde qui suit, raconte la transformation qui se vit dès maintenant, jusqu’à l’épanouissement de l’arbre, l’objectif attendu.
Et celle du levain accentue les effets de croissance, en parlant de toute la masse qui a levé, évoquant la puissance à l’oeuvre pour un aboutissement.
Celle du trésor, trouvé dans un champ, oriente le présent et le réorganise pour un nouvel avenir. Il en va de même pour la perle cherchée depuis longtemps, qui bouleverse le présent, pour un avenir nourri par elle.

Enfin, la parabole du filet débute avec un passé – il a été jeté – traverse le temps présent – il est rempli de poissons – et détermine le futur – le tri des poissons. L’explication accentue ce point en le situant à la fin du monde, reprenant l’expression du tri des ivraies et des grains par les anges : dans le présent, les poissons sont mélangés, et leur tri s’avère déjà nécessaire, mais il ne se fera que plus tard. L’avenir est déjà-là dans notre présent, le Royaume, actif dans notre histoire, prépare dès maintenant la fin, car nous savons déjà ce qui va se passer quant aux ivraies et certains poissons, tout comme aussi la joie de la perle ou celle des chants des oiseaux.

Les paraboles du Royaume englobent la totalité de l’existence, et même bien davantage, tout en rappelant l’évidence et la radicalité du jugement qui vient : A celui qui a, il sera donné, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas, même ce qu’il a lui sera retiré. D’une part, la voix passive -il sera donné/retiré- affirme que Dieu est à la manoeuvre. D’autre part, le mystère demeure quant aux protagonistes concernés : qui a ? qui n’a pas ?  quoi a-t-il ? pourquoi a-t-il ? Ainsi, chacun est concerné personnellement, placé devant ses choix et encouragé à changer, à rester en mouvement, tant qu’il le peut – à l’image des disciples qui reçoivent un ordre de marche sans qu’il soit stipulé de la sorte : tout scribe devenu disciple du règne des cieux est comme un maître de maison qui tire de son trésor, des choses nouvelles et des choses anciennes. Qu’il en soit ainsi !

 

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