21/03/2021 : Jérémie – pardonner

prédication du 21/03/2021 par le pasteur Marc LABARTHE

Jérémie 31, 31 à 34

Nous avons une controverse dans notre pays et de part le monde, à propos des vaccins anti-covid. Il s’agit de ces vaccins créés de toute pièce non pas à partir du virus dont on aurait diminué et dilué la force pour donner l’occasion à nos systèmes immunitaires de se réveiller pour le combattre, mais à partir d’une séquence génétique d’une protéine du virus, qu’on appelle Acide RiboNucléique messager, ARN messager. C’est une technologie nouvelle, qui ne contient pas le virus, et qui n’a pas fait ses preuves contre d’autres virus jusqu’ici, et dont les conséquences à long termes n’ont pas été analysées. D’où les débats et les craintes.

La plupart du temps, lorsque quelque chose de nouveau et d’amélioré est introduit, nous sommes toujours sceptiques. Nous nous demandons ce que cela va nous coûter, quelle est son efficacité, et ses potentiels dangers. Nous nous demandons si le nouveau sera vraiment différent de l’ancien. Nous sommes d’abord réticents à changer car nous sommes assez à l’aise avec la façon dont les choses se passent avec le système connu.

Jérémie a proclamé aux gens de son temps que le Seigneur allait faire une nouvelle alliance avec eux. La nouvelle alliance ne serait pas comme l’ancienne lorsque Dieu leur a donné un ensemble de règles à respecter. Au lieu de cela, la nouvelle alliance allait à voir avec une motivation interne à être fidèle, avec une promesse permanente de pardon. Historiquement, ils ont reçu la Torah, maintenant ils auront la liberté de vivre dans la grâce de Dieu.

Une nouvelle alliance est donnée parce que les Israélites n’ont pas gardé la première. En raison de leur infidélité (v32:rompue), ils sont redevenus captifs d’une nation étrangère. Ce que Jérémie leur donne, c’est une façon de vivre nouvelle et améliorée. Cette nouvelle alliance, améliorée de la grâce, concerne le pardon : Car je pardonnerai leur faute, et je ne me souviendrai plus de leur péché. v34

Ces paroles de Jérémie sont antérieures à l’alliance que Jésus a conclue avec ses disciples, lorsqu’il donna la coupe aux disciples en disant: Buvez-en tous; car ceci est mon sang de la nouvelle alliance, qui est répandu pour beaucoup pour le pardon des péchés.(Mt 26:27-28)

Ce que Jérémie et Jésus ont donné étaient des paroles très réconfortantes à un groupe découragé et infidèle. Au temps de Jérémie, la nation d’Israël était en ruine et l’élite déportée. Le temple n’existait plus. Les survivants réfléchissaient à leur identité. Les disciples de Jésus s’inquiétaient également de la façon dont ils survivraient sans Jésus comme chef. Ils ne se sentaient pas en sécurité et avaient peur des défis inconnus à venir. Quel espoir leur restait-il ? Par certains aspects, la situation de nos paroisses est semblable. Nous voyons bien que la pratique décroît, et l’avenir n’est pas radieux, surtout si l’on considère la désertion des jeunes et la pénurie croissante de pasteurs et des ressources nécessaires pour maintenir une église debout.

Quelle incitation y a-t-il pour continuer? Quelle perspective de sortir du tunnel? Quelles règles faudrait-il suivre? Comment allons-nous survivre? Jérémie répond que nous devons écouter notre cœur et devenir des gens qui savent pardonner.

C’est la nouvelle alliance. Elle fournit un cadre différent, nouveau, dans lequel s’inscrire en tant que personnes de foi. Cette alliance n’érige pas de lois, de liturgie, de procédures ni de politique. C’est une question de pardon. Le pardon nous permet d’avancer, d’enterrer le passé, de dire Amen à ce qui était, et de vivre dans le présent. Et la façon dont nous vivons dans le présent est d’être des personnes qui peuvent recevoir le pardon d’une part, et donner le pardon d’autre part. C’est une nouvelle alliance pas comme les autres. Elle ne peut pas être achetée—pas de prix. Elle ne peut pas être empruntée—pas de privilège. Elle ne peut pas être obtenue en suivant un ensemble de règles et de principes—pas de clergé. Elle ne peut être que reçue.

Alors comment la recevons-nous, cette alliance? Comment recevons-nous tout ce qui est nouveau et amélioré? D’abord, après le refus, on commence par l’accepter comme une possibilité. Ensuite, on doit l’essayer. Et, enfin, on doit continuer à l’utiliser.
Le peuple qui écoute Jérémie, les disciples de Jésus, doivent lâcher prise et accepter comme un avenir possible, de pardonner à ceux qui ont manqué de fidélité dans leur histoire, qui se sont abandonné à la société consumériste de leur temps et qui ont conduit au désastre de l’exil et de la mort de Jésus. C’est aussi un pardon à se donner lucidement, à soi et à l’autre.

Pourquoi est-il si difficile pour nous d’accepter le pardon? Parce que cela signifie le changement. Cela induit de changer de position, ne plus rester dans la fange poisseuse du souvenir et de sa revanche. Cela signifie que nous devons abandonner le passé et embrasser le présent. Cela signifie que nous devons vraiment faire confiance à un Dieu qui pardonne. Tant que nous n’acceptons pas pleinement ce pardon, nous ne pourrons jamais vivre une existence nouvelle et améliorée.

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Quand Dieu nous pardonne, c’est définitif. Comme il le dit dans Jérémie, Dieu ne se souvient plus de nos péchés. Ils sont oubliés, totalement supprimés. Il ne revient pas en arrière pour recommencer. Alors que nous, c’est plutôt un pardon conditionnel, nous résistons au pardon absolu. Nous pardonnons et n’oublions pas, parce que nous ne reconnaissons pas la valeur du pardon inconditionnel. Ce refus de tourner la page affaiblit le pardon et empêche la vie de prendre tout son essort.

Pour vivre dans la nouvelle alliance, pour vivre une vie nouvelle et améliorée, nous devons accepter pleinement le pardon que Dieu donne et abandonner le passé. Le pardon n’est pas une condition temporaire mais un changement permanent. Dieu pardonne, Dieu oublie et Dieu veut que nous pardonnions avec un grand cœur.

L’oubli de Dieu n’est pas absence de mémoire. Mais faire mémoire, ce n’est pas remuer le passé et sa haine, c’est parler du mal changé en bien par le pardon. Oublier le péché revient à ne plus remuer le couteau dans la plaie, mais à montrer le changement apporté par le pardon dans la vie.

 

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