^{Marc 10 v. 32 à 45}

Quelle image avez-vous de Jq et Jn, les 2 fils de Zébédée, après cette lecture ?

Comment trouvez-vous leur demande auprès de Jésus ? estimez-vous qu’ils sont dans leurs droits, ou plutôt que leur souhait est scandaleux ?

Leurs 10 autres compagnons de groupe, se réjouissent-ils de leur demande ou sont-ils plutôt indignés, révoltés ? 

D’ailleurs, pour aller dans leur sens, l’Ev. selon Mt fait porter cette demande non pas par les 2 apôtres eux-mêmes, mais par leur mère, ce qui dédouane Jq et Jn : ce n’est pas possible que des apôtres aient des envies si extravagantes, manifestant leurs ambitions profondément humaines…

Marc raconte la caricature des humains qui tentent d’assouvir leurs désirs profonds avec Dieu, grâce à Jq et Jn. Cela commence avec une première demande, celle d’un chèque en blanc – nous voulons que tu fasses pour nous tout ce que nous te demandons. Nos petits enfants ont ce langage – je veux… – Ce n’est même pas vraiment une demande, mais une exigence à peine déguisée. Si Jésus est Dieu, il doit accéder à notre attente, d’autant plus qu’il a bien précisé lui-même que tout ce que nous demandons en son nom, il le fera ! (Jn14.13) D’ailleurs, si vous écoutez bien autour de vous, ceux qui refusent de croire, c’est bien souvent parce que Dieu ne fait pas ce qu’il est sensé faire, selon leurs attentes. C’est peut-être aussi le cas pour nous, certaines fois. Jésus devrait ainsi être une sorte de génie prêt à exaucer nos vœux. – nous voulons que tu fasses pour nous tout ce que nous te demandons.

Or malgré cette demande “égoïste”, Jésus invite Jq et Jn à s’exprimer. Et voici qu’ils posent leur attente que l’on pourrait qualifier d’irréaliste : Donne-nous les places d’honneur à ta droite et à ta gauche dans ta gloire. Vraiment sans gêne, ces gaillards-là, ils portent bien leur surnom, ces fils du tonnerre ! (Mc3.17) C’est une vraie déflagration au milieu des 12, qui réagissent vivement après la stupeur.  Jq et Jn ne semblent pas avoir retenu grand chose des explications précédentes de Jésus à propos de leur vie de groupe, du projet dont il est le moteur, et qu’il leur demande de mettre en oeuvre. 

Donne-nous les places d’honneur : nous le valons bien ! nous sommes compétents ! peut-être plus que les autres !

Jq et Jn ont bien entendu ce que Jésus a dit à propos du royaume ; ils ont compris quelque chose à propos de Jésus, en tant que Christ ; ils ont compris quelque chose qu’il y aura une autre vie, glorieuse, après ce temps de souffrances et de mort dont parle Jésus. Et si Jésus parle des petits auxquels rester attentifs, c’est qu’il va rester petit dans ce monde et se fera massacrer par ses ennemis; mais Dieu le relèvera, et à ce moment-là, nous, Jq et Jn, nous serons là pour régner avec lui. Qu’il ne l’oublie surtout pas ! 

C’est une façon très sélective, d’accaparer le pouvoir : éviter les désagréments et bénéficier des honneurs. L’envie nous prend de les remettre en place : pour qui vous prenez-vous ? comme le font les 10 autres apôtres qui s’énervent de leur sans-gêne. N’est-ce pas un comportement qu’on croise souvent, à propos des sièges attribués en politique, dans les comités d’entreprises, et jusque dans l’Eglise ?

D’une certaine manière, Jq et Jn ne sont pas encore sortis de leur dernière discussion de groupe, sur qui est le plus grand d’entre eux tous ; ils s’interrogent maintenant sur leur propre appel et sur l’endroit où ils finiront – jouant des coudes pour obtenir des positions de pouvoir et de gloire, comme Moïse et Élie lors de la Transfiguration (Mc9.2s).

Ce qui est intéressant dans l’Ev. c’est que Jésus ne s’énerve pas contre eux. Ils ne leur reproche pas d’exprimer leur ambition. Il va même les entraîner encore plus loin ! Et pour cela, Jésu avertit que leur exigence dépasse ce qu’ils peuvent comprendre ; puis il use d’un vocabulaire convenu au sujet du parcours du combattant qu’ils devront affronter : sont-ils prêts à suivre Jésus ? et ils répondent par l’affirmative sans sourciller : boire la coupe ? recevoir le baptême ? YES WE CAN !! un slogan repris avec succès partout dans le monde ! 

Et là encore, Jésus ne les contredit pas, et leur dit que ce sera possible, ils vivront une part de ses souffrances – YES YOU CAN. Même si pour lui, Jésus, il aurait bien voulu ne pas prendre la coupe, dans le jardin de Getsémané (Mt26.39)…  Et pour éviter toute fausse espérance, Jésus précise avec fermeté que la gloire dont lui-même sera revêtu n’a rien à voir avec ce qu’imaginent ces 2 frères ni tous les autres d’ailleurs.

D’abord, il leur dit que ce n’est ni leur affaire, ni la sienne, mais celle de Dieu : c’est Lui qui va décider la place de chacun, ce n’est pas sa prérogative, même s’il est sur le trône. Ensuite, Jésus reprend cette question si difficile à assimiler. La gloire de Jésus n’a rien à voir avec la gloire du monde; ce n’est pas une position qui permet de dominer les autres, de se pavaner et de profiter de tout convoitise. De plus, le chemin à prendre pour espérer s’asseoir à proximité de Jésus dans la gloire, est le chemin du service, du don de soi, de perdre sa vie pour la trouver. Comme Jésus.

Mais attention, ce n’est pas un dénigrement de soi-même, un refus d’utiliser ses compétences, une sorte d’auto-destruction. Mais bien plutôt une force de caractère, un choix qui se met délibérément au service des autres, pour qu’ils puissent vivre. Voilà le chemin qu’a pris Jésus lui-même, et qui s’ouvre aux disciples, et qui permettra à Dieu d’opérer son choix. Mais celui qui s’approprie des titres humains, des pouvoirs humains – même dans l’église, pour assouvir ses désirs (de supériorité…), celui-là est fort loin de ce que Jésus conseille à ses disciples de mettre en oeuvre.

Les prétentions de Jq et Jn nous aident à garder de l’ambition pour notre vie, et à placer cette ambition sur le chemin que Jésus nous a ouvert. AMEN

Version PDF à télécharger