2 Cor. 5.14-17 Marc 4,35-41

Nous venons de vivre un baptême. Nous avons rappelé l’ordre que Jésus a donné à ses disciples selon Mt, d’aller partout dans le monde et de faire de tout un chacun des disciples, de les baptiser et de les enseigner. De l’eau a été versée avec une parole explicative, reliant l’eau, le baptisé et le Dieu de notre salut. Une cérémonie très simple. Mais, aussi ordinaire et banal que cela soit, ce geste a un effet puissant, non seulement au moment du baptême, mais tout au long de la vie, et même jusqu’à l’éternité. Car Dieu est à l’œuvre bien avant le geste du baptême, qu’il soit donné à un enfant ou à un adulte. Sa grâce et son amour se fraient un chemin dans le coeur, dans la vie de la femme ou de l’homme, de l’enfant ou du vieillard, par la parole prêchée, par la parole entendue et reçue. Et il se peut qu’il y ait le baptême en plus, et la communion d’une église, le partage du pain et du vin.

L’ordre de Jésus ne se fait pas n’importe comment. Il y a son enseignement assuré pendant 3 ans, et un cadre pour le réaliser. Tout comme pour vivre ensemble en société, il y a certaines règles à accepter de manière commune, pour le bien-être de tous. Parfois des règles et traditions sont remises en cause, et cela bouleverse une communauté, une famille, toute une église (cf.La Réforme pour l’église, smartphone pour société). Il arrive qu’un changement soit le fait d’une forte personnalité, comme M.D., dont l’objectif était de revenir à une pureté d’autrefois, telle qu’il la comprenait, quant au baptême et au SE et à l’éducation. Il y a ainsi de vraies et profondes réussites, malgré les résistances et oppositions. Mais des effets parfois inattendus et négatifs se produisent, comme le non-baptême d’adulte de M.T. jusqu’à ce jour.

Nous avons de nombreux exemples de ces changements dans la bible; et en particulier ceux dont Dieu est à l’origine. Par ex. Abraham et son long voyage, ou Moïse et la sortie d’Egypte, ou David et sa royauté fragile, ou Esther et son ingérance dans les décisions royales, ou Jésus et sa passion. Dieu agit par eux, et c’est pour qu’une libération d’une personne ou d’un peuple ou de l’humanité se réalise. Jamais pour une affaire personnelle ni d’enrichissement ni de gloire.

Comme l’écrit Paul à l’église déchirrée de Corinthe : Si quelqu’un est dans le Christ, c’est une création nouvelle. Ce qui est ancien est passé : il y a là du nouveau. En Christ, le croyant est une création nouvelle : il n’est plus fondé sur ses intérêts propres ni ceux de sa famille; Dieu crée en lui du neuf, sur des bases qu’on nomme grâce et amour. Ce croyant, avec les autres croyants, ne devrait plus ressasser son passé comme un idéal à répéter pour aujourd’hui, mais comme une mémoire du parcours qui a permis la rencontre avec Dieu et le changement d’orientation de sa vie.

Car, ce qui est ancien est passé ; le monde d’avant est derrière. C’est bel et bien ce que nous dit l’apôtre Paul dans ce texte que nous venons d’entendre. Le monde ancien est passé, il y a là du nouveau.

Cette affirmation résonne aujourd’hui de manière tout à fait nouvelle, ne trouvez-vous pas ? Le monde ancien est fini : celui du confinement, oui, mais aussi celui d’avant le confinement ; on peut en rêver, ou être nostalgique, on peut rechercher la joie, la fête, l’amour, d’avant, mais en fait, ce n’est plus la même chose. On nous fait rêver d’immunité globale, comme un retour au paradis d’avant, mais c’est une projection idéalisée d’un monde sans douleur ni mort, qui n’était déjà pas celui d’avant, alors pour celui d’après, ne nous laissons pas piéger. Les médias nous présentent un miroir aux alouettes, mais fort différent de l’affirmation de Paul, ll y a là du nouveau.

`Ce qui est ancien est passé, il y a là du nouveau. Où est ce nouveau? il vient de cet amour du Christ qui remplit notre coeur quand nous pensons à ceci : un seul homme est mort pour tous, c’est le Christ, et donc, tous participent à sa mort, et tous vivent pour le Christ qui, pour eux, s’est réveillé de la mort.

Voilà le sens de la vie chrétienne, le sens du baptême, lorsqu’il est enseigné aux jeunes par vos paroles et la catéchèse. L’ancien monde est déchu, le monde du favoritisme, de la manipulation, le monde du profit et du mérite. Le nouveau monde est créé par l’amour du Christ qui remplace le système d’avant. Il n’y a pas retour à l’avant, mais changement, pour une réalité neuve, celle qui fonde la vie sur l’amour qui se réveille de la mort, l’amour don de soi, la libération du souci de soi.

Voilà ce qui devrait animer notre Eglise, ce matin; du moins tous les baptisés. L’amour du Christ en nous devrait nous rassembler afin de chanter la joie de la nouvelle vie qu’il nous donne. Malheureusement plusieurs églises meurent du manque d’amour, ou plutôt de la mise de côté de l’amour du Christ, pour garder les privilèges humains du monde d’avant. Et cela vient du fait que nous n’avons pas su utiliser notre mémoire du passé pour montrer le changement qu’a opéré l’amour du Christ dans notre existence ; ou bien, nous n’avons pas fait grandir cet amour libérateur dans nos coeurs, nos pensées et nos actions.

[Avec M.T. nous avons travaillé sur la manière de raconter le passé, sans cacher les tensions, mais sans haine ni gloire inutile, afin que le choix du baptême en soit comme le fruit longuement maturé.]

Nous avons tous des raisons plus ou moins honnêtes de placer l’amour du Christ dans une remise de notre vie et d’abandonner nos églises ; et nous pouvons aussi trouver la raison lumineuse qui va faire de cet amour le fondement de notre identité neuve, afin de voir naître et grandir le monde nouveau qu’il produit en nous. C’est un choix que nous faisons chaque dimanche matin, chaque jour, dans chaque rencontre aussi. Paul dit que nous pouvons rester dans l’idéal du passé, avec le Christ que l’on a connu de manière humaine – comme les disciples dans la barque (Mc4); mais il affirme que maintenant, nous avons une nouvelle manière de connaître le Christ, il est mort et il est ressuscité : et cela change tout, c’est du nouveau, une création nouvelle pour chacun de nous, un amour qui remplace le système précédent.

Le baptême donné et reçu n’a pas d’effet magique, mais il est comme la pierre blanche dans ma vie, il m’indique la nouvelle orientation, il m’assure que l’amour du Christ est bien là, et que je suis entré dans le renouveau, avec toutes les relations ré-ajustées selon l’Esprit du Christ.

Portons cet amour dans le cantique suivant :

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