20/03/2022 : transfiguration et exode

Prédication du 17/06/2023 par le pasteur Marc LABARTHE

Luc 9, 28 à 36

Cette année, l’év. selon Luc nous conduit à découvrir des moments clés de la vie de Jésus. Un parcours spécial en 6 étapes jusqu’aux Rameaux, pour établir un portrait tout à fait particulier de Jésus, exprimant son parcours à nos côtés.

Le 1er dimanche nous a entraînés dans la rencontre de 40 jours entre Jésus et le diable. Le 40e jour, les tentations diaboliques ont utilisé les besoins et les attentes élémentaires de Jésus, pour lui proposer de les satisfaire immédiatement et sans tenir compte du projet de Dieu. Orgueil ou égoisme, pouvoir, et gloire, 3 domaines ultra-sensibles dans l’être humain.

Dans ce 2e récit, le texte de Luc modifie l’origine de nos tensions émotionnelles. Pourtant, l’histoire commence de la même façon : Tout comme l’Esprit avait entraîné Jésus dans le désert, Jésus entraîne avec lui Pierre, Jean et Jacques dans la montagne.  Dans le désert, Jésus a faim ; dans la montagne, Jésus prie avec les disciples, mais ils s’endorment. La faim et le sommeil, ça ne donne pas « qui dort dîne », mais créent des états de faiblesse et d’émotion tout à fait particuliers. Selon Luc, ils ne s’éveillent qu’au bruit des voix de 2 hommes qui discutent avec Jésus. 

Emergeant de leur torpeur, ils voient l’aspect du visage de Jésus changé – votre imagination est libre :soleil,translucide,defeu ! Ses habits devenus lumineux et brillants ; le langage employé nous fait comprendre que nous sommes ici autant dans l’événement réel (ça c’est passé comme ça !?) que dans le langage symbolique : le vêtement blanc, la lumière, le visage autre, nous disent quelque chose de la nature divine de Jésus. Il est là comme empli d’une gloire céleste. Et nous qui imaginons la scène – nous comprenons que cet homme Jésus est vraiment en lien avec le divin, il est le reflet de la gloire de son Père céleste, comme le dira Jean (1.14).

Pour les 3 amis, c’est comme une fenêtre sur l’au-delà du monde, un trou dans l’espace-temps qui les attire et submerge. L’accès à cette autre dimension, ou son accueil, se fait par Jésus : à ce moment-là, il est habité d’une énergie incroyable, capable de relier le monde des humains à ce monde inconnu, dont on ne sait pas vraiment comment parler – malgré tout le cinéma qu’on en fait !

Dans le même temps, les disciples distinguent avec qui Jésus parle : 2 individus repérables entre 1000 – Moïse et Elie, les 2 piliers du judaïsme et de l’identité spirituelle, sociale et politique d’Israël. 

• L’apparition de ces deux personnages participe aussi du langage symbolique. Moïse représente la Loi juive. Elie est le prophète qui, selon la tradition, annonce et précède l’avènement du Messie (Mal.3.23). Pour le lecteur qui connaît la bible juive, Jésus est ainsi entouré de la Loi et des Prophètes, comme l’Église professera plus tard que l’AT annonce le Messie, et mène au Christ.

• Mais la vision de Moïse et Elie nous disent encore davatage. Ces deux héros ont en commun d’avoir été dans la proximité de l’Éternel. Ils ne l’ont pas vu – ce n’est pas possible. Mais ils ont été suffisamment proches pour entendre sa Parole (une tradition dit que Moïse a vu Dieu). 

Nous le savons tous : Moïse est appelé par Dieu pour libérer le peuple hébreu de l’esclavage en Égypte. Et pendant la traversée du désert vers une terre promise, il reçoit de Dieu les Commandements pour le peuple libéré. Sur la montagne du Sinaï, la proximité de Dieu est si proche, pourtant la parole est claire : «Nul ne peut voir Dieu et vivre. »(Ex.33.20) L’Éternel promet sa bonté et sa grâce à Moïse, il passe devant lui, mais ne se montre pas. La Bible raconte cependant que, de ces rencontres dans la nuée, Moïse garde le visage rayonnant (Ex.34.30).

Du prophète Elie, on connaît surtout l’histoire du Mt Horeb. Elie se tient à l’entrée d’une grotte et Dieu va passer devant lui. Mais il n’est ni dans le vent, ni dans le tremblement de terre, ni dans le feu, mais dans le bruissement ténu d’une brise légère (1Rs19.13), imperceptible, invisible. Et Dieu lui parle.

• Une autre symbolique de ce langage révélant Moïse et Elie en présence d’un  Jésus flamboyant, est qu’ils représentent les morts et les vivants devant Dieu : Moïse est mort et Dieu l’a enterré nous dit Dt 34.v6  – car personne n’a jamais trouvé sa tombe ; Elie n’est pas mort mais à été transporté dans un tourbillon au ciel (2Rs2.1). Et ils sont là tous les 2, vivants, conversant sérieusement avec Jésus.

Jésus le fils de Dieu en qui Dieu a mis sa joie, au moment du baptême. Jésus, capable de résister aux propositions avenantes du diable. Jésus, qui ouvre dans la prière, la possibilité d’entrevoir le monde surprenant de la présence de Dieu. 

• Justement, Luc retient des échanges entre Moïse Elie et Jésus, ce départ de Jésus, son exode qui va se produire à Jérusalem. Un exode, dans la bouche de Moïse et d’Elie, qu’est-ce donc ? Pour l’un, c’est passer d’une situation d’esclavage dans un pays qui n’est pas le sien vers une situation de libération dans un pays à construire avec d’autres règles de vie que précédemment ; pour l’autre, c’est retrouver ces règles de vie dans un pays qui les a oubliées au profit d’intérêts égoïstes. Alors pour Jésus ? sa sortie a été sa vie jusqu’à la croix, suivie de la victoire sur la mort, pour toute la création, ce que les disciples n’accepteront que plus tard. L’exode de Jésus porte et conduit l’église depuis lors

• Pierre, Jean et Jacques voudraient ne pas quitter ce présent infini. Mais Dieu intervient alors, son nuage cachant cemonde parallèle ; il n’annule pas ce qui vient d’être vécu, mais il en ouvre le sens, en affirmant que Jésus est bien son fils qu’il s’agit d’écouter. Les 3 amis restent sans voix. Qu’ont-ils retenu de cette expérience ? que cherche à nous dire cette histoire de la transfiguration ?

Un 1er encouragement nous vient de Dieu : Il nous rappelle que Jésus est celui qu’il a choisi. Si l’on veut voir l’Eternel, il faut regarder à Jésus-Christ. Et regarder à lui, c’est l’écouter, retenir ses paroles, les méditer, les enseigner. Ses paroles renouvellent l’enseignement de Mo/Elie. Les paroles, les actes, toute la vie de Jésus conduisent à Dieu, qui que ce soit qui veut bien l’écouter.

Un 2nd encouragement est que l’exode de Jésus à Jérusalem concerne tous ceux qui écoutent ses paroles, tous ceux qui le suivent sur ce chemin d’exode. Mo et Elie ne sont pas ignorants de cet exode, ils en parlent avec Jésus. Le fils de Dieu, vainqueur du diable, entame son exode en montant à Jérusalem, confirmant ainsi les paroles qu’il a données aux disciples, bien récalcitrants devant cette perspective. 

Ecouter Jésus et accepter son exode si particulier, s’est traduit pour 3 disciples, par une ouverture à cet autre monde, un aperçu furtif de l’espace du Dieu de la vie et des vivants, lorsque Dieu retire son nuage quelques instants. Seuls 3 en ont bénéficié sur les 12 principaux. Et ils n’en ont pas fait du cinéma. Car l’essentiel est l’écoute encore et toujours des paroles et des actes de Jésus.

Revenir à ces paroles dont témoignent les évangiles et les épitres, écouter aussi Moïse et Elie, voilà ce qui nous aidera dans notre témoignage et dans notre parcours – même si nous ne recevons pas de vision, afin que de nouvelles personnes se mettent à vivre leur vie avec Jésus, 

Amen

 

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