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2/05/2021 : Actes-naître grandir souffrir
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prédication du 2/05/2021 par le pasteur Marc LABARTHE
Nous connaissons tous l’histoire de la conversion de Paul, alias Saul de Tarse : le « chemin de Damas » est même devenu une expression du langage courant pour expliquer le changement d’orientation radicale qui s’est imposé à une personne dans sa vie personnelle ou professionnelle. Ce que nous savons moins est la suite de cette rencontre ou retournement de la vie de Saul. Il y a d’abord l’intervention réticente et surprenante du disciple Ananias, avec la déclaration centrale de la nouvelle mission que JC donne à Saul, en le contraignant sur un chemin nouveau. Et immédiatement après, nous avons les débuts de ce chemin nouveau dans le passage du jour.
• Le 1er point que Luc nous raconte, est l’effet inattendu de l’appel donné par le Christ : Saul le persécuteur devient le témoin persécuté, aussi bien à Damas qu’à Jérusalem. Le renversement du persécuteur en persécuté est l’une des conséquences du changement d’identité de Saul. La puissance du Christ dans la rencontre de Saul sur son chemin vers Damas, arrête le persécuteur, mais n’empêche pas la persécution ; en effet, Saul change de camp : il ne porte plus l’épée de la terreur, mais apprend à manier l’épée d’une Parole libératrice. Son comportement a été changé en profondeur. Il ne veut plus éradiquer les erreurs en éliminant les humains qu’il estime devoir tuer – un système qui perdure dans les religions comme dans la politique au travers des siècles ; Saul a été saisi par une vision nouvelle des humains devant Dieu, et désormais ce changement de vision du salut le fait parler de Jésus de manière positive au sein même du judaïsme.
•• Le 2nd point est que ces 2 épisodes à Damas puis à Jérusalem se déroulent à l’intérieur du judaïsme, avec ses différents courants, ses « sectes », mais nous pouvons tout à fait transposer cela dans l’église, entre les sectes protestantes, catholiques, orthodoxes, etc. Ainsi, à Damas, les juifs attendaient un chef de guerre pour contrer la secte du Nazaréen, et voilà qu’arrive un gars qui soutient que Jésus est bel et bien le Messie ! Incompréhension, méfiance vis-à-vis des autorités là-bas à Jérusalem, puis prise en main de l’offensive en cherchant à trucider ce traître de Saul. Il est intéressant de remarquer qu’à ce moment-là, les chrétiens de Damas, même Ananias, ne sont pas présents pour soutenir Saul et le protéger. Ce sont ses disciples à lui qui agissent. Pourquoi cela ? la suite nous donne une explication :
A Jérusalem, Saul ne peut de lui-même se joindre aux premiers disciples. Pierre, Jean et les autres, ont peur de lui — même si Dieu les a aidés dans l’affaire du paralysé et du tribunal, là, avec Saul, ça semble une autre paire de manche ! Comment peut-on devenir disciple de Jésus, sans avoir passé par l’accord des 12 ? Saul est-il vraiment chrétien ? est-il vraiment converti ? La question peut faire sourire aujourd’hui ; mais le souvenir de sa férocité n’est pas effacée par le fait qu’il parle de Jésus comme Messie !
Pourtant, cette question se pose encore, chaque fois que nous voyons d’autres chrétiens, et que nous les entendons parler de Dieu, prier et chanter, et que nous les regardons vivre leur foi. Regardez nos amis des églises évangéliques, charismatiques, missionnaires et même des catholiques : sommes-nous chrétiens les uns pour les autres ? Pourquoi ce mépris que nous affichons parfois, et que cache-t-il ? ou pourquoi cette peur envers l’autre ? La confession de Jésus-Christ ne suffit-elle donc pas pour faire un chrétien ?
Si, bien sûr, et c’est la re-découverte qui a lancé le protestantisme : proclamer que Jésus est le Christ, que JC est le Seigneur, est nécessaire et suffisant pour faire un chrétien. C’est le point de naissance pour le chrétien. Et à partir de là, il doit grandir, devenir un chrétien adulte, dans la foi et dans les oeuvres données par Dieu. C’est entre autre le rôle des prédications, des partages bibliques, des haltes de prière, des engagements dans les oeuvres, puisque le chrétien n’est pas que cérébral. Et c’est à travers des épreuves que la seigneurie de Jésus s’exprime, écrira Pierre dans sa lettre, et les Ac nous en parlent d’expérience, pour Pierre et Jean, Etienne lapidé, et ici Saul.
Heureusement certains chrétiens adultes servent de pont entre les sectes, et ici c’est Barnabas – l’homme du réconfort, bar-nabi – l’homme qui prophétise, parle au nom de Dieu; il va plaider la cause de Saul devant les apôtres, il est le médiateur que l’Esprit saint envoie pour raconter que Jésus a changé Saul et a fait de lui un disciple; un disciple qui sait parler avec vigueur, avec conviction, mais un disciple qui dérange, dont les paroles vont provoquer la haine, et qui va devoir être mis à l’abri.
Il existe encore de ces femmes et hommes qui savent relier nos églises, qui savent accueillir et introduire à l’essentiel de la foi chrétienne. Ils ont appris à ne pas avoir peur de ces S&F d’autres traditions, qui confessent le même Seigneur, mais dans une culture qui nous échappe : ceux qui mettent des amen et des alléluia à tout bout de phrase, ils parlent en langues, ils prient Marie, ils mettent le Christ dans tout et son contraire, ou même ne s’y réfèrent pas.
Le résultat de l’oeuvre de Barnabas est que Saul est intégré au groupe des apôtres. Il peut alors intervenir sur le terrain, auprès des juifs de culture grecque, ces juifs qui prennent déjà des distances avec les rites du temple mais accentuent un certain légalisme. Les chrétiens de Jérusalem sont surpris de cette vivacité, mais selon Luc, c’est Pierre qui sera appelé par Jésus à franchir l’étape suivante, dans laquelle Saul se trouvera à l’aise pour revenir sur le devant de la scène. Il s’agit de la conversion du premier non-juif, Corneille (ch.10).
En attendant, ce sont les chrétiens de Jérusalem qui, cette fois, vont tout faire pour protéger Saul. Une bonne leçon pour nous conduire à savoir rester solidaires des chrétiens montrés du doigt et vilipendés par les médias, (affaire de la C19 l’an dernier, à Mulhouse), comme aussi savoir protéger les chrétiens persécutés pour leur foi, même si elle n’a pas tout à fait la même expression que la nôtre.
••• Le dernier v. parle d’un temps de calme revenu après la tempête du passage de Saul. La paix nécessaire pour panser les blessures et se préparer à ne nouvelles épreuves. Luc précise justement que « elle s’édifiait et marchait dans la crainte du Seigneur et, grâce à l’appui du Saint Esprit, elle s’accroissait ». L’ordre des verbes est intéressant : édifier, marcher, croître. Ainsi la croissance d’une église n’a pas lieu sans d’abord un peu d’édification et de marche dans la crainte du Seigneur. Une église dont les membres se contentent de vivoter, dont les membres ne nourrissent pas leur foi et ne la mettent pas en pratique, ne permet pas à l’Esprit de la faire grandir, de l’épanouir.
C’est pourquoi, F&S, nous devons nous donner les moyens de nous édifier dans le Seigneur, de marcher dans la crainte du Seigneur, par l’Esprit saint qui, lui, fera croître l’église à sa manière.
Nous savons que nous avons des choix à faire pour cela. L’un d’eux est le chemin vers Pâques; un autre est le regroupement de Lilo, un autre est l’aménagement de nos cultes et de nos temples, un autre est nos temps de halte de prière, un autre est notre lecture de la bible, un autre est notre service des besoins autour de nous, un autre est notre engagement pour donner ce que le Seigneur nous a donné, un autre est nos visites les uns aux autres, un autre est l’engagement avec les citoyens pour la protection de l’environnement; etc.
Suivre le Seigneur provoque des remous. L’Esprit donne la force de les affonter, si ce n’est de les apaiser ; tant qu’il y a des remous, la vie est là, celle du Seigneur !
AMEN !