18 février 2024 : être amené vers Dieu

Prédication du 21/01/2024 par le pasteur Marc LABARTHE

Genèse 9,8-15     1 Pierre 3,18-22      Marc 1,12-15

Cette semaine, nous avons échangé sur l’hymne des premiers chrétiens que Paul a inséré dans sa lettre aux Ph (2.6-11). Un texte qui présente la venue de Jésus dans notre monde, se dépouillant de tout, sa mort sur la croix, puis comment Dieu l’a (sur)exalté, en lui donnant le nom de Seigneur, afin que toute vie dans le ciel, sur terre, et sous terre s’agenouille et le reconnaisse.

Cette trajectoire, nous la retrouvons dans le passage de la lettre de Pierre, avec d’autres accents, d’autres mots, ouvrant sur d’autres perspectives. Mais le parcours du Christ a été de souffrir, de mourir et de ressusciter par l’Esprit, puis de s’asseoir dans le ciel à la droite de Dieu, là où toute vie lui est soumise. Entre ces 2 pôles que sont sa résurrection et son trône, Jésus est allé quelque part, afin de proclamer sa victoire, et Pierre dit que c’est aux esprits emprisonnés, ceux du temps du déluge. On a tiré de se passage la doctrine de la Descente Aux Enfers de Jésus, mais Pierre a une autre perspective.

Pierre essaie d’expliquer l’impact de la nouveauté apportée par la résurrection, qu’il situe entre cette descente vers la mort et cette remontée vers le règne. Pour lui, la résurrection ébranle tout l’univers et atteint toutes les générations, remontant au-delà du déluge, cette période noire de l’humanité, en attendant que se manifeste publiquement le règne de JC et la soumission de toutes choses.

Pierre s’adresse à des chrétiens qui sont calomniés de façon honteuse, injuste, et persécutés avec violence et mépris. Il les encourage en posant le fondement d’une pratique, d’une manière d’être du chrétien face à cette opposition. Comment réagir? surtout pas par des actes de ripostes, qui entrainent au mal et à l’engrenage. Il vaut mieux souffrir en faisant le bien qu’en faisant le mal, si telle est la volonté de Dieu, car Christ lui-même a souffert pour les péchés, pour les injustes, étant mis à mort

Le comportement du chrétien est de se calquer sur celui du Christ. Et comment cela peut-il se traduire concrètement ? Eh bien, cela ne change pas d’avec l’application d’une certaine morale, ou d’attitudes de soumission mutuelle ; ce n’est pas spécifique aux chrétiens au milieu des autres croyances religieuses ou philosophiques du temps. Mais ne cédons pas à une lecture superficielle du moralisme, qui dénonce l’usage de ces règles comme étant un carcan religieux, chargé de faire des lecteurs de bon petits chrétiens; en rester là c’est se tromper sur le fond. Si la forme peut utiliser toutes ces attitudes, elles ont besoin de s’enraciner dans un terreau différent de celui de la discipline du talion -vengeance…. Et ce terreau nourricier, c’est le souffle qui anime le Christ dans son parcours. Ce terreau va donner une épaisseur, une dimension bien différente aux attitudes des chrétiens dans leur vie quotidienne.

Votre comportement, écrit Pierre, révèle une autre règle de vie que celle de ce monde qui refuse Dieu, parce que votre référence vient de ce que JC a fait pour vous – v20: Christ a souffert pour les péchés une fois pour toutes, il est mort quant à la chair, la chair étant l’expression du mode de vie de ce monde qui ne veut pas de Dieu; mais il est vivant quant à l’Esprit de Dieu, puissance de vie donnée par Dieu, il est victorieux de tout ce mal, et il a fait cela afin de nous amener vers Dieu. C’est là ce que les chrétiens ont accepté : être amenés à Dieu, le D de JC.  Le verbe amener est ici au présent, alors que les autres sont au passé; ce qui est fait, c’est la souffrance, la mort et la résurrection, c’est un acquis, le terreau dans lequel puiser la vie nouvelle ; mais c’est cette vie nouvelle qui est en cours, la nôtre de suiveurs de Jésus, par l’Esprit qui nous entraîne vers Dieu.

Et Pierre explique la puissance de ce parcours du Christ pour l’humanité et au-delà, toutes les créatures célestes ou spirituelles. Etant vivifié par l’Esprit, JC est alors allé proclamer sa souveraineté, aux esprits emprisonnés, ceux qui ont refusé de croire. Et l’exemple lointain et terrible est cet événement de Noé, où la patience de Dieu n’arrive qu’à sauver 8 personnes volontaires, à travers l’eau du déluge. Toutes les autres ont refusé de croire, emprisonnées dans les esprits révoltés contre Dieu. Le verbe proclamer est plus puissant qu’annoncer, il fait exploser les cages de fer de toutes les prisons, révélant Le Vainqueur de la mort.

Or, ce parcous du salut patiemment mis en oeuvre autrefois par Dieu, est comme une préfiguration pour vous, écrit Pierre : ce qui vous sauve aussi maintenant, c’est la patience et la grâce de Dieu, comme pour Noé. Et si l’on retrouve l’eau du déluge en correspondance avec l’eau du bapteme, le salut ne s’opère pas à cet endroit-là, comme l’explique Pierre en refusant l’idée d’un salut par le baptême. Si l’eau est utilisée, elle n’arrive qu’après la mise en route du chantier de Noé ; c’est avant tout la confiance de Noé, son engagement, qui a permis à Dieu de le sauver ; tout comme c’est l’engagement envers Dieu de la conscience du chrétien, qui lui fait prendre le chemin conduisant vers Dieu. L’eau, dans les 2 situations, ne vient que clore le chemin précédent, fermer la page de l’histoire du monde mauvais. Ni le déluge ni le baptême ne provoquent le salut des sauvés, puisque l’appel de Dieu et la foi des humains précèdent l’arrivée de l’eau.

En évoquant le baptême comme figure du déluge, Pierre veut stimuler chez ses lecteurs la confiance en Dieu, alors qu’ils affrontent les vexations quotidiennes. Dieu veut sauver. Et la puissance de la résurrection peut atteindre même les opposants les plus endurcis, même les esprits opposés à Dieu et prisonniers d’autrefois. Car c’est bien la résurrection du Christ qui réalise le salut, elle est cette ouverture du tombeau permettant le jaillissement de fleuves d’eaux vives, noyant le monde d’avant.  La résurrection permet aux chrétiens d’emprunter le chemin nouveau ouvert par le Christ, de prendre conscience de son impact profond dans l’existence. Le regard du chrétien ne traîne plus du côté de la mort, mais il s’étend jusque vers le trône de Dieu et de JC, même si, sur la route, il y a encore des esprits emprisonnés qui sèment le mal et la mort. Le baptême devient l’expression de la vie nouvelle du Christ en nous, Lui qui génère un comportement différent de celui des esprits diviseurs, car nous marchons vers Dieu, par l’Esprit. Amen

 

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