18/05/2025 -Dieu – l’épouse

prédication donnée à Livron

Jean 13 v 31-35      Apocalypse 21 v 1 à 5

La plupart du temps, lorsque les chrétiens évoquent la fin du monde, ce n’est pas pour décrire les catastrophes ; certains projettent une « terre d’espérance » pour l’avenir des humains et de la planète, afin de retarder ou inverser l’irréparable(cf.Oullins). D’autres vont évoquer la pleine réalisation du règne de Dieu. Il viendra s’établir par l’arrivée de Jésus sur notre terre, où toute personne le verra et le reconnaîtra comme Seigneur; son terrain d’atterrissage sera bien sûr à Jérusalem, et là tous les humains viendront l’acclamer, le reconnaître comme le fils de Dieu; et ceux qui ne le voudront pas, disparaîtront d’une manière ou d’une autre. 

Une autre manière de réaliser le règne de Dieu, se manifestera par l’enlèvement des chrétiens de la terre vers le ciel, à la rencontre de Jésus-Christ, en même temps que tous ceux qui dorment dans la mort ; et alors quelque part dans les cieux, nous serons pour toujours avec Jésus et Dieu. 

Ou bien encore, comme Jésus l’explique à ses disciples, après sa mort et résurrection, il viendra lui-même les chercher pour les emmener dans la maison de son Père. Et cette maison, c’est la présence continue de Dieu, et cela pourrait se passer dans le ciel, au paradis céleste ou quelque part sur la terre. Peut-être avez-vous encore d’autres références à évoquer.

Toutes ces images concernant la fin du monde ont leur source dans l’un ou l’autre texte biblique. Il n’y a donc pas qu’une seule réalité au sujet de la fin du monde. Il y a, en plus, celle que nous avons entendue dans ce passage de l’Apoc, où Jésus n’apparaît pas, et les chrétiens ne s’envolent pas, mais il y a un changement qui est comme une remise à neuf : un nouveau ciel et une nouvelle terre, mais pas de mer. Certains orateurs font succéder ces textes les uns aux autres pour développer leur théorie de la fin, en une fresque uniformisante où tout est défini d’avance – même Dieu est obligé d’appliquer ce qu’il a dit ; alors que la diversité et les changements sont voulus par Dieu, et lui seul connaît les modalités pratiques de la fin. Alors que nous dit Jean de Patmos ?

Un ciel neuf, une terre neuve, et pas de mer : tout ce qui est instable, tout ce qui est impur, tout ce qui conduit à la peur et à la mort, tout ce qui a conduit l’humanité à l’idolâtrie, il n’y a plus. C’est fini, nettoyé : de tout je fais du nouveau, dit Dieu, il y a donc reprise et réparation et nettoyage et remise à neuf : un recyclage efficace et complet. 

Pour Jean de Patmos, cette nouveauté que provoque Dieu a déjà commencé dans la vie présente, et s’épanouira dans la vie future : dès son 1er chap’ il le déclare, et il mélange les deux, parce que la vie chrétienne est impliquée dans ces 2 niveaux, le présent et l’avenir. C’est pourquoi il écrit au présent et au futur, mélangeant ces 2 temps des verbes, ce qui peut nous étonner, lorsqu’on y est attentif.  N’oublions pas que Jean est à la fois dans sa grotte à Patmos, et dans le ciel où l’ange l’a emporté. Jean est encore dans ce monde ancien lorsqu’il parle du monde nouveau qui vient. Il y a donc superposition des 2 dimensions, et son livre est écrit avec ces couches successives et concomitantes. 

Dans ce nouveau monde, ce ciel neuf et cette terre neuve, nouvelle vision : une ville neuve, qui descend du ciel donc de la présence de Dieu, elle vient de Dieu ; une ville sainte, c’est-à-dire en communion avec Dieu, en total accord avec lui ; sa particularité, c’est qu’elle porte un nom ancien, celui de Jérusalem, mais qualifiée de nouvelle – comme le ciel et la terre. On a dit beaucoup de choses sur le fait que ce soit une ville qui vient de Dieu sur la terre. Mais ce qui me semble intéressant de partager avec vous ce matin, c’est la manière dont cette ville neuve est mise en évidence. 

Elle est parée comme une femme habillée en mariée. Elle s’est ainsi préparée pour son mari, écrit Jean. Cette épouse porte le nom de Yeroushalaïm, et elle sort du ciel, de Dieu, parée de beauté et de sainteté, à la rencontre de son mari.
Et la vision reçoit une interprétation qui vient du trône-même où Dieu siège avec l’Agneau : Voici la demeure de Dieu avec les humains. C’est ici la tente de Dieu avec les humains. 

Vous avez cette vision devant les yeux et cette parole qui résonne en vous ? Cela nous donne à réfléchir. Si Dieu veut demeurer avec les humains, comme il le clame lui-même, et que la vision d’une ville qualifiée de sainte arrive de sa présence pour s’installer sur terre, c’est donc que la ville neuve est la demeure de Dieu avec les humains.  Mais aussi, cette ville est comme une mariée dans ses habits de mariage qui vient vers son époux ; alors, sur la terre nouvelle des humains,  Yeroushalaïm est comme Dieu lui-même qui vient à la rencontre de “son époux”; Dieu par la médiation de la ville neuve, s’est préparé comme une fiancée pour son époux, il s’est fait belle et séduisante pour lui, et c’est ainsi que Dieu s’approche pour épouser les humains !

Car c’est bel et bien la volonté de Dieu, d’avoir une relation de communion avec l’humanité, comme celle d’un couple; une image qu’on retrouve depuis les prophètes d’Israël jusqu’à Jésus et notre passage. Mais ce texte évoque une dimension souvent délaissée, parce qu’elle semble totalement inadéquate, à savoir que Dieu serait l’épouse et l’humanité l’époux. Dire cela, vient contredire nos dogmes et notre image d’un Dieu masculin et tout puissant. Personne ne pense à Dieu comme l’épouse elle-même qui vient s’unir à son mari qui serait l’humanité !

Essayons vraiment de prendre en compte cette image, cette vision inhabituelle de Dieu, parce que Jean lui-même insiste. Il explique le comportement de Dieu, qui est tout à fait celui d’une femme et non pas ce qu’on attend d’un homme : Il essuiera toute larme de leurs yeux, la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur.  Les hommes disent en général “pas de larme, sois fort, sois dur et ne montre pas de faiblesse !” mais la femme accueille et essuie toute larme; elle traverse ainsi le deuil, la mort, le cri et la douleur, avec tendresse et patience : tout à fait ce qui est dit de Dieu dans cette vision. Enfin, seule la femme met au monde un être neuf, comme Dieu qui fait tout à neuf de ce monde : les premières choses ont disparu, de tout je fais du nouveau. Le théol’ juif A.Chouraqui parle d’un Dieu matriciel.

Laissons la puissance de l’Esprit nous évoquer un chemin inattendu à travers ce texte, afin de faire un bout de route avec lui, et aussi afin d’entendre cette volonté exprimée par Dieu lui-même, de vivre avec les humains dans une dimension aussi nouvelle que celle d’un couple en voyage de noces ! Un couple dans lequel Dieu apporte la part féminine. Et nous pouvons entrer dans cette évocation de la tendresse de Dieu,en recevant l’ordre de Jésus de nous aimer les uns les autres, comme lui-même nous a aimés, il a donné sa vie pour que nous vivions ! Il a donné son amour pour que nous aimions ! il fait tout à neuf pour que nous soyons renouvelés.

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