Jean 1, 35 à 42        1 Samuel 3, 1 à 21

Dans ces 2 extraits bibliques, nous avons des récits de vocation. Qu’est-ce que ce sujet peut nous apporter, dans le contexte de la C19, des angoisses et des incertitudes, des rumeurs de complots et du réchauffement climatique ? Quelle parole Dieu vous donne-t-il ? Une parole qui donne du sens à la vie !

Le livre de Sm nous présente 2 vocations, la vocation initiale du petit Samuel et la vocation essoufflée du prêtre Eli. Si l’on est attendri par les aller-retour de Samuel entre sa natte sur le carrelage d’une salle du temple, et la chambre du prêtre Eli, puis par sa réponse confiante au 3e appel de Dieu, le message qu’il reçoit de Dieu n’a rien de bien encourageant. Et ce n’est pas ce qu’on aime à rappeler ; pourtant, c’est bien une orientation que Dieu donne à Samuel, qui annonce la rupture du contrat avec Eli et sa famille ; une parole suffisamment claire pour qu’il en comprenne la finalité : Dieu ne veut plus travailler avec Eli, il n’écoutera plus aucune demande à son sujet.

Mais cela signifie aussi que, désormais, Dieu parlera avec Samuel. Une information importante confirmée aux v19-21. Une autre particularité à noter, c’est la réaction d’Eli : il semble soulagé devant la droiture de Sm qui lui dit tout sans rien cacher. Comme s’il s’attendait à être renvoyé de ses fonctions sacerdotales. Mais comme il n’en avait pas eu le courage lui-même, c’est Dieu qui le signifie, en lui faisant comprendre que le jeune Samuel ne le remplacera pas dans sa tâche, mais qu’il sera un porte-parole plus fiable que lui.

C’est ce que nous disent les v.19 et 21 : Samuel devient grand. Le SEIGNEUR est avec lui.… C’est à Silo que le SEIGNEUR se fait connaître à Samuel et qu’il lui communique sa parole.

Le jeune Sm avait autour de 10-12 ans (cf. 2.21) au coeur de cette nuit mémorable ; il grandit et atteint l’âge adulte qui lui permet d’avoir une parole forte et reconnue par le peuple ; cela nous dit que la réalisation du renvoi d’Eli n’a pas eu lieu avec effet immédiat. Ce n’est qu’après 10 ou 15 ans, que la mort d’Eli survient, à 98 ans (3.15), ainsi que celle de ses fils corrompus. Cette durée est nécessaire pour que le comportement de Sm tranche véritablement avec eux. Sa fidélité à Dieu et son humilité devant le peuple feront sa réputation, elles assurent son autorité, elles lui permettent de donner ouvertement et fermement la parole qu’il entend de Dieu.

Celles et ceux qui lisent Réforme ont déjà pu lire une belle analyse de ce ch de Sm (15/01). Nous nous propulsons donc quelques siècles plus tard, avec ces autres vocations dont nous parle l’Ev selon Jn. Car lui aussi nous en présente plusieurs, celle qui va se terminer, de JnB ; celle qui commence, de Jésus ; et dans les v. lus, les vocations de plusieurs disciples. Le lectionnaire catholique s’est arrêté à Simon-Pierre, on se demande pourquoi… alors que d’autres vocations suivent celle de Simon, et apportent elles aussi des informations intéressantes !

Dans le passage que nous avons lu, nous avons 2 parties : d’abord le passage du témoin du chef, entre JB et Jésus, par le transfert de 2 disciples (v35-39). Puis la confirmation de l’autorité de Jésus, par sa manière d’embrigader Simon-Pierre (v40-42). Et une 3e partie par laquelle je terminerai.

• On est dans le 3e jour (v19; 29) lorsque JB résume son discours du jour précédent devant 2 disciples attentifs, dont l’un est André, l’autre reste inconnu. Il fixe du regard Jésus qui passe comme un météore, il dévore des yeux l’agneau de Dieu, qui suit son chemin. Il est bouche bée devant lui, il ne parle plus, la parole à écouter est celle de Jésus. André et son compère suivent alors ce personnage que révèle Jn; un nouveau rabbi qui serait l’agneau de Dieu, ça veut dire quoi ?

Et Jésus ouvre pour la première fois la bouche, sans parabole, ni consigne, ni révélation percutante ; il pose une question Qu’est-ce que vous cherchez? c’est la question qui interroge nos velléités, nos désirs cachés, notre recherche intérieure la plus profonde; que cherchez-vous ? André et l’autre n’exposent pas leurs attentes ni leur désarroi devant Jésus; ils posent une question à leur tour, qui peut sembler étrange, mais qui situe leur maturité acquise avec JB : Rabbi, où est-ce que tu habites ? c’est la bonne question, ils ne veulent pas se faire avoir par un charlatan, un faux messie, un usurpateur. Ils demandent à Jésus de les conduire au coeur intime de sa vie; là où Jésus demeure, là se dévoile son message, son identité d’agneau de Dieu, que clame JB. Où demeure donc l’agneau de Dieu ? Venez et voyez – répond Jésus; faites-vous par vous-mêmes une idée, forgez-vous une conviction intime; venez et voyez ; restez ou (re)partez.

• André vient, voit, est transformé, 2e partie. Il n’a pas fallu plus que ce jour pour qu’il soit bouleversé par cette visite à domicile. Le soir-même il va trouver son frère et lui affirme avoir trouvé le Messie. Simon est intrigué de voir son frère aussi perturbé par ce Rabbi Jésus, et le suit. Et lorsqu’ils se rencontrent, Jésus pose le même regard intense sur lui que JB avait posé le matin même sur lui (même verbe grec). Et pour confirmer qu’il est bien le Messie, revêtu de la puissance du Très-Haut, Jésus lui sort une parole d’autorité, toi, tu es Simon, fils de Jean, tu seras appelé Kèphas. Jésus ne lui annonce pas la révolution politique, il ne fait pas vibrer ses cordes émotionnelles. Il dit : je te connais. Voilà qui tu es, je le sais bien, bien mieux que toi. Ce qui compte, c’est ce que tu vas être, parce que je veux te changer. Ton nom même en sera le signe et tu iras vers une vie que tu ne soupçonnais pas. Simon ne répond rien. Il est convaincu. Il a trouvé ce qu’il cherche. Comme André.

• Cette 3e partie que je partage avec vous, c’est précisément le rôle d’intermédiaires indispensables dont Dieu à besoin, ce qu’ont été Eli et André. Sm n’ose rien dire de la rencontre avec Dieu. Il tente d’échapper au compte-rendu à son maître, car ce qu’il doit dire n’est pas agréable. Après avoir raconté, Eli ne se révolte pas, ne punit pas Sm, il abdique ; et Sm est conforté dans cette vocation de dire sans rien cacher ce qu’il reçoit de Dieu. Eli, malgré son rejet par Dieu, a servi Dieu dans la mise en oeuvre du ministère de Sm, cette nuit-là, le matin qui suit, et pendant quelques années encore.

Quant à André et son ami, ils reçoivent de Jn un catéchisme solide qui leur permet de discerner les paroles qui marquent l’apogée de leur maître, et ce passage du témoin à un autre rabbi, qui ne s’impose ni par un discours ni par des miracles, mais par un chemin en sa présence – Venez, voyez.

Et André se retrouve à l’origine de la vocation de son propre frère, Simon. Il a osé passer une journée avec Jésus, et cette fréquentation l’a radicalement changé. De Rabbi, maître de sagesse et de morale religieuse, Jésus est devenu pour lui le Messie, le « oint » de Dieu, l’Unique. Le Messie, non pas chef sanguinaire de zélotes terroristes, ni utopie royaliste du temps de David. Le Messie, Jésus apporte un autre avenir. Et Simon voit que son frère n’est plus le même ; il y a dans les yeux d’André une flamme de vie, dans sa parole un souffle qui le convainquent d’aller voir ce phénomène qui change la vie de son frère. Dans l’Ev Jn, André est le médiateur indispensable entre Jésus et Simon. Mais c’est bien Jésus, la rencontre avec lui, la parole qu’il donne à chacun, qui donne du sens à la vie, qui provoque la conversion, la confiance et la relation nouvelle des disciples, les uns après les autres. Jusqu’à nous aujourd’hui.

EXO :
Jésus mon Sauveur, Ô Jésus Élu de mon coeur, mon JésusUn seul mot de ta bouche Et s’ouvrent Les écluses des cieux Un seul mot, Et ton souffle Couvre mon amour de tes voeux Rien que toi et toi seul mon Maître Rien que toi et j’ai faim De l’amour dont je veux renaître Et dont j’ai tant besoin Plus jamais je ne veux paraître Devant toi sans passionApprends-moi je t’en prie, Ô Maître Apprends-moi ton pardon !

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