15/05/2022 : élections

Prédication du 17/06/2023 par le pasteur Marc LABARTHE

Actes 1, 1 – 2 ; 15 – 26

Chers Soeurs et Frères

En prenant ce texte des Actes d’Apôtres, au 1e chap, je veux ouvrir quelques pistes de réflexions, que vous pourrez tous abondamment poursuivre et développer. Car c’est bien ce qui se passera dans les chap suivants de ce livre qui nous raconte une histoire de l’église, celle qui s’étend depuis la Judée jusqu’à Rome, en passant par la Syrie, la Turquie et la Grèce. Cette histoire ne dit rien de l’église qui s’étend vers l’Afrique, sinon par l’évocation d’un éthiopien qui retourne chez lui et croise la route de Philippe et se fait baptiser. Cette histoire ne dit rien de l’église qui s’étend vers l’Est, direction Babylone où de nombreux juifs résident encore, Luc s’arrête à Damas et Antioche en Syrie.

Et pourtant, ces Actes de quelques Apôtres nous donnent un éclairage puissant sur la vie et le développement du témoignage que les disciples rendent à Jésus ressuscité. Et ce livre commence par nous rappeler que Jésus a choisi lui-même des apôtres, des missionnaires, et qu’il leur a donné des ordres de mission, par l’Esprit saint dont il vont être habité (v1-2). Ainsi, le point de départ de l’église, de toute église, c‘est le choix de Jésus, l’appel que Jésus fait pour les missionnaires qui parleront de lui. La référence première, fondamentale, existentielle, c’est Jésus de Nazareth, celui que Dieu a ramené de la mort à la vie. 

Ainsi, Jésus le Christ et son message, devraient être repérables dans tout ce que met en place l’église. Et Luc veut le démonter, en présentant la reconstitution du groupe de base qu’avait formé Jésus autour de lui, sa garde rapprochée. C’est ce que nous entendons dans le tout premier discours de Pierre, qui exprime comme souvent, l’avis de tous. Il s’agit pour les apôtres, de trouver un remplaçant à Judas, leur confrère qui a livré Jésus, et qui s’est donné la mort ensuite : il était compté parmi nous et avait eu part au même ministère, dit Pierre. Mais il ne s’acharne pas sur lui, il ne le villipende pas ; Pierre sait bien par quoi lui-même est passé, pour ne pas faire porter le chapeau à Judas. 

Il demande à l’assemblée, aux 120 fidèles ou followers présents, de lui trouver un remplaçant ! Des critères sont émis pour sélectionner les finalistes, avoir suivi Jésus, justement, depuis le baptême de Jean jusqu’à sa mort ou son ascension. Et finalement le vote a lieu par tirage au sort, après avoir mis tout le monde d’accord dans la prière. 

Ouf ! l’équipe originelle est reconstituée, et cela juste avant la Pentecôte ! Alors, tout rapprochement que vous auriez fait jusqu’à présent, avec les modalités actuelles qui permettent d’élire un conseil presbytéral n’est pas du tout fortuit. Il s’agit même d’éclairer notre conduite par la reprise de ces textes, puisque notre église est un fruit lointain de cette première communauté.

Tout part de Jésus, et aujourd’hui encore, les conseillers croient que Jésus de Nazareth est le Christ que Dieu a donné pour conduire le monde vers son règne. La diversité des personnalités est respectée, même si les choix ou la vocation sont différents. Pierre est direct mais prudent lorsqu’il parle de Judas ; il a quitté le groupe en livrant Jésus, et il est mort peu après. Mais il ne porte pas dans le discours de Pierre, tous les malheurs du monde, Pierre n’en fait pas le bouc-émissaire. Il en tire pourtant le besoin de le remplacer. 

C’est aussi pour nous un éclairage sur nos relectures de notre histoire contemporaine. Les heurs et malheurs de nos conseils ne sont pas à cammoufler ou à ignorer, mais ils ne sont pas à pointer constamment du doigt. Lorsque des torts sont évoqués, cela ne devrait pas être pour écraser ou exclure d’office, mais pour sortir de l’ornière ou de l’impasse, et reprendre le chemin du témoignage au Christ Jésus. Et même s’il y a une personne particulièrement concernée par un événement qui a brisé la communauté, comme Judas, en l’exprimant clairement mais sans haine ni amertume, cela permet de garder la main d’accueil ouverte, comme le Père du fils prodigue, qui organise une fête de réconciliation, restant sur le seuil de la porte pour saisir la main de l’aîné.

Le choix du remplaçant est posé sur quelques critères – tout comme nos conseils assurent un discernement pour trouver des candidats. Ces repères ne sont pas secrets, ils devraient aussi pouvoir être exposés à l’assemblée. Ils peuvent diverger d’une période à l’autre, même si la référence principale est toujours JC. Cette clarté apportée à l’assemblée sur les modalités de discernement est un gage de non confiscation du pouvoir par le conseil. Et cela contribue à ne pas tomber dans l’arrogance d’une caste qui se croit tout permis, comme certaines églises y succombent malgré leur référence à Jésus, allant jusqu’à soutenir des excès économiques et politiques dénaturant le message du Christ.

Enfin, le moment qui désigne ceux qui sont envoyés dans le conseil a aussi évolué. Ce n’est plus le tirage au sort, à la courte paille ou au hasard d’une main dite innocente qui prend dans un sac un papier portant le nom de l’élu. Même si cela peut encore se produire pour certains jeux ou autres. Le bulletin secret permet à chaque membre de l’église d’intervenir, et d’apposer le nom de celui qui lui semble correspondre le mieux à la charge qu’il recevra. Aujourd’hui, on facilite le vote en imprimant d’avance les noms des candidats. Mais le votant a droit de rayer un nom et d’ajouter un autre à la place, par exemple, ce qui n’est pas le cas des élections politiques en France. Nous n’avons pas les mêmes règles.

Le livre des Actes nous racontent plusieurs autres manières de faire des choix, dans l’église, pour prendre une décision ou désigner des anciens et des missionnaires ou ceux qu’on a appelé les diacres (ch.6). Parfois, c’est l’Esprit Saint lui-même qui provoque la décision, contre l’avis des apôtres et des anciens (ch.11). Parfois les débats sont très vifs, et le consensus est long à obtenir (ch.15), ou le désaccord est tel que 2 solutions sont mises en oeuvre, au lieu d’en exclure une (15.39). Et dans l’immense majorité des cas, Luc laisse entendre que toute l’assemblée est au courant et participe au débat et au choix. Toute l’assemblée est réunie aussi dans la prière et la bénédiction des personnes désignées.

Et c’est bien cet aspect qui demeure un point central de ces débats parfois vifs et des choix qui sont effectués : le retour à la prière, au jeûne qui rend disponible et demande du temps (ch.13), à la célébration joyeuse sous l’impulsion de l’Esprit Saint. La prière ouvre les yeux et le coeur vers le Seigneur de la vie et de toute création, pour accueillir son inspiration, sa parole parfois surprenante, son rappel que le gouvernement se fait au service du plus petit et non du plus fort.

Après la reconstitution des 12, Dieu n’a pas contesté ce choix rapide. Il a donné son Esprit qui a mobilisé apôtres et followers, dans le témoignage et la joie du service. Dieu qui nous a mobilisés pour témoigner de son pardon, de sa joie, nous envoie encore, malgré nos blocages et nos débats, au travers de nos faiblesses, car sa grâce et son amour couvrent nos excès et nous maintiennent attentifs aux uns et aux autres. A lui seul soit la gloire. amen

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ACTES

1 Cher Théophile, dans mon premier livre, j’ai raconté tout ce que Jésus a fait et enseigné depuis le début jusqu’au jour où il est monté au ciel. Il a choisi des hommes comme apôtres, et avant de monter au ciel, il leur a donné ses commandements par la force de l’Esprit Saint.

15 Un jour, les croyants sont réunis, ils sont à peu près 120. Pierre se lève au milieu d’eux et il dit : « Frères, ce que le Saint-Esprit a annoncé dans les Ecritures, cela devait se réaliser. Par la bouche de David, le Saint-Esprit a parlé de Judas, qui est a servi de guide à ceux qui ont arrêté Jésus. Pourtant il faisait partie de notre groupe d’apôtres et il avait eu part au même ministère. l’argent qu’on lui a donné pour son crime, Judas a acheté un champ, et là, il est tombé en avant, et s’est éventré, et tous ses intestins sont sortis. Tous les habitants de Jérusalem ont appris cela. C’est pourquoi, ils ont appelé ce champ “Hakeldama” dans leur langue, c’est-à-dire “le champ du sang”.

20 Dans le livre des Psaumes, on lit :  “Que sa maison devienne vide, et que personne ne l’habite.” Et aussi : “Un autre homme doit le remplacer dans son travail.”

21 Des hommes nous ont accompagnés pendant tout le temps où le Seigneur Jésus a marché avec nous : depuis que Jean l’a baptisé jusqu’au jour où il est monté au ciel. Il faut donc qu’un de ces hommes devienne avec nous témoin que Jésus s’est relevé de la mort. »

23 Alors on en présente deux : Joseph, appelé Barsabbas, appelé aussi Justus, et Matthias. Les croyants se mettent à prier en disant : « Seigneur, tu connais le coeur de tous, montre-nous lequel de ces deux hommes tu choisis. Il sera apôtre et il prendra le travail que Judas a laissé pour aller à la place qui est la sienne. »   Ensuite, on tire au sort pour savoir qui le Seigneur va choisir. Le sort tombe sur Matthias, et on l’ajoute au groupe des onze apôtres.

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