12/06/2022 : Arbre de vie

Prédication du 17/06/2023 par le pasteur Marc LABARTHE

Gen 2,8-10; 15-18     Mat 7, 15-20     Apoc 22, 1-2; 12-14

Combien d’arbres à l’entrée du temple ?  les avez-vous admirés ? (Temple de Saulce)

Dans les temps de méditation de nos sorties EEM, nous écoutons les réflexions du pr Ph Gagnebin autour de l’arbre Goûter Dieu. 

Retrouver quelques arbres dans la bible est des plus intéressants. Parce qu’il y a de nombreuses sortes d’arbres — par ex l’acacia (coffre sacré Ex.25.10), chêne (de Moré Gn12.6), figuier (Un figuier peut-il donner des olives, Jq3.12), olivier (deux chérubins en bois d’olivier 1Rs6.23), palmier, pommier (grenadier, palmier, pommier, tous les arbres des champs sont desséchés. Jl.1.12), amandier (un rameau d’amandier Jr1.11), sycomomore (monta sur un sycomore Lc19.4),etc. Et plusieurs d’entre eux ont des expressions symboliques — par ex le cèdre et le chêne peuvent témoigner de l’orgueil et de l’arrogance de l’humain (Es2.13). Dans cette forêt, il y a 2 arbres, en particulier, qui n’ont pas de référence botanique précise. Et pourtant, ils sont placés au centre – c’est dire leur importance. Ces deux arbres apparaissent très tôt dans la bible, et sont au milieu du jardin : l’arbre de vie et l’arbre de la connaissance du bien et du mal. 

• l’arbre de la connaissance du bien et du mal : Celui-ci ne figure qu’en Gn 2+3. Encore n’est-il nommé ainsi qu’en 2/9 et 17. En 3/2 c’est l’arbre qui est au milieu du jardin, en 3,6+12, l’arbre, en 3/11+17 l’arbre dont je t’avais ordonné de ne pas manger. Ce qui conduit les théologiens et avant eux les maîtres juifs, à proposer de multiples interprétations, sur son origine, son rôle, jusqu’à son essence: serait-il figuier ? grenadier ? ou pommier ? Il est en tout cas un arbre « interdit » mais sans nom précis; et l’expression connaître le bien et le mal, se répète en 3/5. Son fruit rend possible à l’homme de s’élever à la connaissance totale, c’est-à-dire de pouvoir déterminer lui-même les normes du bien et du mal, sans dépendre d’une instance extérieure à lui, et donc de Dieu. Cet arbre dont le fruit est agréable à voir et appétissant, est présenté comme la limite que l’homme ne doit pas franchir au risque de perdre sa relation à ses semblables et à Dieu. La mort est là…

• L’arbre de vie : l’autre arbre est plus intéressant ! Serait-il le remède ? Puisque l’humain doit se nourrir de tout arbre du jardin, il doit aussi se nourrir de l’arbre de vie qui est au milieu du jardin. Même si cela n’est pas dit explicitement, on peut le penser car lorsque Adam et Ève auront transgressé l’ordre de Dieu concernant l’arbre de la connaissance du bon et du mauvais, l’accès à l’arbre de vie leur est interdit (Gn3.22).

Cela laisse donc entendre que l’humain n’a pas été créé immortel. Pour vivre éternellement, il doit puiser cette vie à une source qui est symbolisée par cet arbre de vie. Dieu est l’unique source de vie : « Car auprès de toi est la source de la vie. » Ps 36.10 L’homme est dépendant de Dieu pour sa vie, car seul Dieu possède l’immortalité. C’est ce que l’apôtre Paul rappelle à Timothée : Dieu est « le seul qui possède l’immortalité. » 1 Ti 6.16 Jusqu’à aujourd’hui, la recherche de tous les moyens pour prolonger sa vie est au centre de nos préoccupations profondes et de certaines dérives étatiques comme on le voit grâce à la pandémie.

Dans son enseignement, Jésus a très clairement déclaré : « Moi, je suis le chemin, la vérité et… la vie. » Jn14.6 Cette vie qui est en lui, il souhaite la donner de manière abondante : « Moi, je suis venu pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. » Jn10.10 Cette vie sera accordée à tous ceux qui croient en Jésus, même s’ils doivent faire l’expérience de la mort. C’est ce qu’il disait à Marthe : « Jésus lui dit : Je suis la résurrection et la vie : celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » Jn 11.25-26

Et le livre de l’Apoc reprend le thème, puisque dans le futur royaume de Dieu, la nouvelle Jérusalem, Jn a cette vision consolante : « Au milieu de la place de la cité et des deux bras du fleuve, est un arbre de vie produisant douze récoltes. » Ap22.2.  Ici comme en Gn, l’eau et l’arbre de vie vont de pairs.

D’après ces textes, l’arbre de vie dans le jardin d’Éden comme à Jérusalem, est là pour apprendre à l’homme que la pérennité de sa vie dépend de sa relation avec Dieu. Cela nous est raconté de manière symbolique :

Pour vivre, l’homme est dépendant de l’arbre, qui lui, a besoin d’eau, du fleuve qui s’écoule. Ce n’est donc pas innocent, que Jésus ait associé l’Esprit dont l’homme a également besoin pour vivre, à des fleuves d’eau vive : « Jésus, debout, se mit à proclamer : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et que boive celui qui croit en moi. Comme l’a dit l’Écriture : De son sein couleront des fleuves d’eau vive. » Il désignait ainsi l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui. » Jn 7.37-39

Dans l’Apoc comme dans la Gn, cet arbre de vie, sert à la nourriture de l’homme par 12 récoltes ; mais Jn ajoute une nouvelle image, car en plus, les feuilles ont un pouvoir de guérison pour les nations. La guérison en grec est une therapeia : une médecine globale, qui touche au langage, au corps, à l’âme, au relationnel.

Car la maladie et la guérison vont souvent au-delà des notions médicales, elles sont liées au concepts de mort et de vie, de péché et de grâce, de séparation ou de communion avec Dieu.

En annonçant ainsi la guérison des nations, l’Apoc proclame qu’elles sont enfin capables de laisser Dieu les guérir de leur folie meurtrière, de leur mal-vivre, de leurs pollutions menaçantes depuis la nuit des temps. Et que cela ne se fera pas sans leur volonté de vivre dans cette dimension de guérison, puisque les nations devront ac-cueillir les feuilles de l’arbre tout en se nourrissant de son fruit.

Oui, l’arbre de vie, symbole de ce que Dieu peut et veut donner à l’humain, dans une liberté toujours fragile, mais qui peut tourner à la thérapie d’un éternel amour. L’Eglise n’a pas d’autre projet que celui-là : célébrer le Seigneur qui donne vie, et rayonner de joie.

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