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12/02/2023 : Jésus et la Torah
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Prédication du 12/02/2023 par le pasteur Marc LABARTHE
Je ne sais pas comment vous entendez ces paroles de Jésus. Comment vous les accueillez; si elles vous font réagir. Quand je les lis, c’est chaque fois un décapage.
Nous avons entendu ce matin les 3 premières reprises par Jésus, de la catéchèse de base, qu’on enseigne non seulement dans les églises, mais aussi dans les familles et la société.
La toute première loi, qui semble évidente, c’est ne tue pas ; c’est fondamental dans un état de droit, pour un vivre ensemble. Puis une 2e loi, ne sois pas adultère. C’est le respect du couple, le respect de la famille, le respect de l’identité culturelle aussi, jusqu’au refus de l’échangisme. Puis une 3e loi, ne sois pas parjure; l’importance de la confiance dans la parole donnée pour que tout contrat puisse se réaliser. Toutes nos sociétés ont ces règles fondamentales en vigueur, avec une jurisprudence parfois détaillée et très tâtillonne.
Ne tue pas; n’adultère pas, ne parjure pas. Certainement les 3 concepts essentiels, fondamentaux, qui doivent permettre aux humains de vivre et collaborer. Jésus introduit sa réflexion en rappelant qu’il n’est pas venu pour changer cette loi, pour la détruire, l’abolir. Ceux qui pensent que c’en est fini avec elle se trompent, affirme Jésus : il est venu accomplir, faire aboutir, mener à la plénitude, la Torah. Jésus refuse que cette loi soit dénigrée, diminuée, abandonnée. Il conteste qu’elle soit coupée en petits morceaux selon l’intérêt des uns ou des autres, comme le font les juristes, afin de trouver des passe-droits aux plus malins.
Jésus avait ouvert son enseignement par les 10 béatitudes, et aussi qualifié la mission de ses disciples, en définissant leur nouvelle identité : vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde ; que fait le sel et que fait la lumière ? Eh bien mettons nous à l’école du Maître et de sa manière de faire. Et pour commencer l’oeuvre du sel et la propagation de la lumière, il définit le fondement : ne supprimons pas la Torah, mais accomplissons-là. Ne tue pas; n’adultère pas, ne parjure pas. Et moi, Jésus, je vous dis ce que la Torah signifie, afin que vous la pratiquiez, que vous la meniez à terme, comme je le fais dans ma vie, et devant vous qui m’écoutez et me suivez. Alors ne faites pas le contraire de ce que je vous enseigne en réduisant l’importance d’accomplir la Torah – même le plus petit commandement a son importance et ne doit pas être oublié. Vous ne pouvez pas faire le minimum pour vous en sortir. Car la justice de Dieu, ça se pratique : — poster SEL –.
• Ne tue pas; l’agression de l’Ukraine, le terrorisme en Afrique, l’oppression des Ouïghours, les meurtres d’enfants ces dernières semaines, c’est la trahison de cette loi, une abolition, que Jésus refuse. Et surtout, toi le sel et toi la lumière, ne t’avise pas de croire que tu es à l’abri : car lorsque tu traites ton vis-à-vis de de l’un de ces petits noms bien fleuris, tu passeras devant le tribunal divin, clame notre SJ. Il n’établit pas de hiérarchie dans l’agression d’autrui : du regard mauvais au meurtre, c’est le même désir de faire disparaître l’autre. Voilà ce que Jésus met en lumière, voilà ce que le disciple doit pouvoir relever par son sel. Toute parole qui dénigre, avilit, méprise, et tue, joignant le geste à la parole, ne doit pas apparaître chez le disciple. A bon entendeur !
• N’adultère pas ou sois pas adultère; le 1er adultère dans la Genèse a été celui d’Adam et Eve avec le serpent, trompant la confiance de Dieu en adhérant aux paroles du Menteur. Toutes les autres formes d’adultères en découlent, qu’ils soient spirituels, sexuels, ou sociaux. Le regard porté sur l’autre pour désirer ce qu’il a – ce n’est pas la lumière de Dieu; la main qui se tend vers ce fruit intéressant de bien des façons – ce n’est pas du sel ; cet oeil et cette main, Jésus n’en veut pas dans son royaume : alors disciple du maître, tu sais ce qu’il te reste à faire. A bon entendeur !
• Ne parjure pas; cela fait longtemps que je n’ai pas entendu de serment avec une invocation d’une autorité qui assure le résultat. Mais dans les lieux où la violence et la pression sont érigés en règles, pour marquer l’engagement qui est pris, jurer sur qq ou qc doit encore exister. Et la trahison de ce serment conduit au mépris, à l’exclusion, jusqu’à la mort lorsque ce manquement est considéré comme un “blasphème”. Jésus dénonce le système qu’on peut qualifier de mafieux, et demande aux disciples de s’en tenir à ce qu’ils peuvent assurer — leur oui, et de renoncer à ce qu’ils ne peuvent terminer — leur non. Si tu tergiverses-le sel perd son goût, si ajoutes des excuses-ta lumière n’éclaire plus, cela vient du diable. A bon entendeur !
L’enseignement de Jésus porte sur la façon dont le disciple est appelé à vivre la justice de Dieu dans ce monde, en renonçant à sa propre manière d’arranger la Torah/Loi. Et Jésus prêche l’enfer et le soufre pour celui qui prend son existence propre pour celle de la justice selon Dieu. Sa vie est alors à l’image des débiteurs, emprisonnée; et de manière ultime, elle sert le malin !
Le disciple qui laisse la vie de Dieu grandir en lui, ne blesse pas les autres avec des armes, des paroles ou des pensées. La vie de Dieu en lui cherche à se réconcilier avec ceux qu’il a blessés ou qui l’ont blessé.
La vie de Dieu en lui refuse d’être obsédée par qui que ce soit d’autre que son conjoint; la vie de Dieu en lui cherche le Christ en toutes choses, se réfère à lui, car lui, il est fidèle à sa parole.
La vie de Dieu en lui n’a pas besoin de jurer du tout. Lorsqu’on lui demande de témoigner, la vie de Dieu en lui ne dit que la vérité, en disant oui ou non sans référence à aucune autre autorité. Elle n’en a pas besoin, Dieu est la plus haute autorité et Dieu est la Vérité. Tout autre chose que la vérité est un mensonge et vient du malin qui, lui, est promis au feu de l’enfer et de soufre.
La vie de Dieu qui grandit en soi, est une vie réconciliée, fidèle, véridique, chaste, bonne. Comme Jésus avec les disciples, Dieu nous a appelés, nous a choisis, nous a donné le Saint-Esprit afin que Dieu puisse effectivement vivre en nous. Nous sommes déjà citoyens du royaume des cieux – notre vocation est donc de vivre comme le peuple de Dieu dans cette vie-ci en attendant que la vie là-bas vienne. Et le sermon sur la montagne nous forme à vivre en tant que citoyens du ciel pendant que nous sommes encore sur terre, remplis de sel et de lumière.
Mais nous sommes libres de refuser ce chemin, Dieu ne nous forcera pas à rester dans son amour. Il est vraiment attristant que la plupart des gens baptisés ne cheminent pas sur cette trajectoire avec les autre chrétiens. Où est le problème?
Quelle part a notre laisser-aller vis-à-vis de la parole exigeante de Jésus, ou notre caricature de son message ? C’est bien ce que demande Jésus aux disciples : Si nous ne montrons pas une meilleure justice que les prof’ de droit et les moralisateurs autour de nous – qu’ils soient intégristes ou LGBT+, nous éloignons le Royaume des cieux de ceux qui nous voient et nous écoutent, parce qu’il n’y a plus de sel, et la lumière n’est pas différente de celle du diable. JC a donné sa vie pour nous ouvrir à ce royaume, alors en tant que sel de la terre et lumière du monde, nous pouvons accomplir toute loi, en particulier celle révélée par Dieu, dès maintenant. Amen