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12/01/2025 – Luc 3 – Quel Sauveur attendons-nous
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prédication donnée à Livron
Chers F&S – que pensez-vous de Jean, qu’on a vite surnommé “le baptiseur” ? Le voici qui sort de l’anonymat dans la région du Jourdain, où ses discours provocateurs attirent l’attention des foules (v7) : Vipères s’écrie-t-il, parce que vous êtes fils d’A, protestants, vous croyez échapper à la colère ! mais produisez de vrais fruits de conversion.
Et pour assurer un suivi de son message -en vrai commercial, il propose à ceux qui le veulent, de vivre un rituel qui engage toute la personne, et pas seulement un petit oui à peine murmuré du bout des lèvres : il s’agit de se plonger dans l’eau du Jourdain, d’une part, et de prendre l’engagement de changer de comportement dans le concret du quotidien, d’autre part. Qui donc est prêt à se donner ainsi en spectacle, non pour de l’argent ni la diffusion sur Tiktok ou X, mais pour de la justice sociale, de l’entraide auprès des démunis, le refus des exactions par la force ? (v11-14)
Après l’épiphanie que seul Mat raconte, nous revoici dans l’Ev selon Luc, et sa propre manière d’écrire l’histoire. Le succès de Jean dans ses diatribes provoque quelques interrogations que Luc suggère : Comme le peuple était dans l’attente, et que tous se demandaient si Jean n’était pas le Christ, il leur répondit à tous : Moi !?
Je me suis arrêté sur ce v.15, parce qu’il fait écho à notre aujourd’hui. Or le peuple étant dans l’expectative; la population est dans une attente intense, parce qu’elle est en crise à cause des violences, des guerres et des famines qui se succèdent. Ce peuple attend quelque chose de nouveau, il ne sait pas trop quoi, mais il faut que ÇA change ! Aussi, lorsque Jean parle, c’est comme une onde de choc qui se propage. Le peuple qui entend Jean redresse les yeux, il écoute plus attentivement, l’esprit de ces gens-là est attiré sur des points vitaux, des sujets qui sont vraiment abordés autrement que leurs hommes politiques, etc.
Dans notre monde, beaucoup de peuples sont aussi dans l’expectative, selon la région où ils se situent. Pour nous, écoutons nos expectatives intérieures : nous avons nos scandales politiques ; nos problèmes de santé; nos craintes quant au climat. Nous entendons combien les discours menaçants et égoïstes prennent grandement le pas sur les encouragements au partage et à la justice (bien sûr Trump, Poutine et potentats, et les écrasantes sociétés pharma ou porteurs de fake news dans les réseaux et IA, etc, mais dans notre ville : certains jeunes, insatisfaits de tout, libre court au fiel !).
Quel humain charismatique, va pouvoir proposer un chemin décalé, face aux replis sur soi, au refus du partage, à l’abus de violence de toutes sortes ? Avons-nous un Jean quelque part, qui prononce des paroles à la fois percutantes contre les excès, et qui prône des actions simples et concrètes, militantes afin de marquer un changement dans notre vie quotidienne, non pas superficiel, mais qui nous engage en profondeur? — selah
Luc écrit ensuite : tous demandant dans leur coeur. Une affaire privée – très protestante, on ne partage pas, il n’y a aucun dialogue entre tous ces gens; ils sentent que quelque chose peut se produire, leur coeur suggère comme une solution idéale ; ils analysent par eux-mêmes, à partir des discours et des actes qu’ils ont rencontrés. Vous savez, c’est ce genre de conviction qui prend forme au fond de soi, que l’on rêve parce que ça correpondrait tellement bien à l’attente existentielle de chacun. Et dans le peuple d’Israël, l’attente d’un nouveau Moïse, d’un nouveau David, d’un nouvel Elie qui remettraient -chacun à leur manière- les choses dans la droite ligne – cette droite ligne qui n’est d’ailleurs pas explicitée par tous ces gens.
Mais Luc en a saisi l’essentiel : Est-ce que peut-être lui, serait le Messie ? Le Messie rassemble le meilleur de tout ce qui vient des héros anciens, et surtout, il agit au nom de Dieu, le SAINT-Béni-soit-il ! Le peuple attend et espère. En rencontrant Jean, tous se demandent s’il ne serait pas le Messie. Nous avons aussi notre petite idée quant à ce qui devrait se mettre en place. Nous croyons savoir, parce que notre doctrine le garantit, nos lectures bibliques et les affirmations carrées de certains pasteurs, ou de certains auteurs clamant sans dialogue possible, que leur vision est la bonne pour notre monde et surtout pour les chrétiens. Cet homme-là, ne serait-il pas la solution ? n’est-il pas l’envoyé de Dieu ? Or c’est déjà là, puisqu’on entend dire que tel potentat vient de Dieu, ou que là est le Christ pour le peuple — Jésus avertissait déjà, on vous dira le Messie est ici – coyez-ou pas ?! Mc13.21
Alors Luc fait bouger Jean, et écrit qu’il s’interpose, il se met à dire, en réaction aux 2 affirmations précédentes – à savoir l’attente et la solution possible. Et voici ce que Jn dit : En ce qui me concerne, je baptise d’eau ; mais il vient, celui qui est plus fort que moi. Et pour expliquer son rapport à celui plus fort que lui, il donne 2 images. Elles ne sont utilisées que dans ce rapport à Jean, soulignant d’abord son incapacité de s’approcher de lui, de délier la courroie de ses chaussures, ce qui met une distance incroyable entre le-plus-fort et Jean. Quelle déception et quelle désillusion pour tous ! Mais d’autre part, ce plus fort baptisera les gens avec le St Esprit et le feu, et ça n’a rien à voir avec l’eau du Jourdain et les exigences morales qu’il demande. Le plus-fort, le Messie, immerge du Souffle saint et de feu, il donne la vie même de Dieu, cette vie brûlante comme le buisson ardent, vie autrement plus nécessaire, vitale, que l’eau.
Les attentes du peuple sont justifiées et se répètent de siècle en siècle, mais la solution que tous imaginaient n’est pas la bonne. Ce n’est pas Jean, le Messie. Car Jean n’a qu’un peu d’eau à proposer, et des appels à la conversion. Il sera peu après mis au cachot pour diffamation en publique : le Messie ne peut subir de tel revers. Car le Messie, le plus-fort-qui-vient, agit avec le souffle et le feu de Dieu : le souffle nettoiera le blé de la balle et le feu brûlera la paille tandis que le grain sera conservé. Le Messie annoncé par Jean n’est pas tendre, il ne passe pas l’éponge, il n’est pas béni oui-oui; selon lui, il se passera bel et bien CE quelque chose, que les gens attendent, ce nettoyage des grains. Il y aura bien une justice qui sera appliquée, car la balle ou paille n’ira pas dans la grange, elle sera brûlée. Jean reste dans l’évocation, une image que le peuple peut interpréter selon ses besoins.
Et lorsque Jésus paraît à son tour, il accompagne le peuple dans son attente jusqu’au baptême ; et là il reçoit une parole – non pas du peuple, mais venant du ciel, et cette parole le conduira à révéler un Messie d’une toute autre force que politique et sociale, d’une autre dimension que vengeur et rétributeur. Pour le découvrir, lisez la suite !