11/09/2022 : Buisson Ardent !

Prédication du 17/06/2023 par le pasteur Marc LABARTHE

Exode 3,1 à 12

Frères et Soeurs, vous connaissez donc cette histoire de Moïse et du buisson. Nous l’aurions racontée avec quelques changements par rapport à ce que l’auteur d’Ex l’a décrite. Un épisode qui nous touche dans nos émotions et le lien mystérieux de la nature, de l’humain et du divin.

Il y a beacoup à dire sur ce texte. Dans le cadre du Temps pour la création qui utilise le logo du feu qui brûle un buisson avec le globe terrestre, cela oriente bien sûr l’interprétation. Mais je pense que ce n’est pas inadéquat.

Moïse, meurtrier pour la bonne cause, est en fuite. Comme réfugié, il fait profil bas. Il est entré dans la famille de Jéthro, par un heureux concours de circonstance, puisqu’il a défendu ses filles contre les garçons qui s’imposaient contre elles lorsque les troupeaux devaient boire. Moïse a su se faire apprécier de Jéthro, et ce dernier à su le mettre encore plus sous sa coupe en lui donnant comme épouse Séphora. Le garçon qu’elle mit au monde quelques mois plus tard a reçu le nom de Guer-shom = immigré-là, parce que je suis devenu un immigré dans un pays étranger, dit Moïse (2.22). Immigré, donc sale boulot… ! Il a pris la place de ses belles-soeurs, en gardant le troupeau de chèvres et moutons de son beau-père.  Moïse s’est calmé et évite toute ingérence politique et sociale. Il vit sa vie de berger, sans chercher de nouvelles confrontations. A quoi pense-t-il dans les plaines semi-désertiques d’Arabie, loin de sa femme et de ses enfants ? A la beauté des paysages ? leur désolation ? ou rumine-t-il son passé : les souvenirs de sa jeunesse dorée en Egypte, une page disparue. Se remémore-t-il sa soeur aînée, et son frère ? regrette-t-il son geste mortel et se croit-il en pénitence dans ce désert ? 

Un jour qu’il est vraiment loin de sa base, dans une région montagneuse au-delà du désert, un début d’incendie feu attire son regard : un buisson a soudain pris feu là-bas; doit-il mettre le troupeau hors de danger ? dans quel sens va le vent?
Nous avons tous suivi avec une attention certaine les grands incendies qui ont eu lieu cet été en France jusque non loin de chez nous, et qui ravagent encore d’autres régions du monde. Etre aux abords d’un tel incendie doit impressionner, angoisser même. Combien d’animaux sont morts dans ces incendies ? on a parlé de chevaux, de chiens et de bétail à sauver, mais les animaux de la forêt ?

Aujourd’hui, écrit la commission du TprC, la prévalence des incendies non naturels est un signe des effets dévastateurs du changement climatique sur les parties les plus vulnérables de notre planète. La cupidité humaine, la désertification et la mauvaise utilisation des terres entraînent la désintégration des écosystèmes, la destruction des habitats et la disparition des moyens de subsistance et des espèces à un rythme alarmant. La création crie alors que les forêts craquent, que les animaux fuient et que les gens sont obligés de migrer à cause des feux de l’injustice que nous avons causés.

Comme tout berger, Moïse craint le feu qui peut anéantir son troupeau. Mais il constate que le buisson en feu ne propage pas les flammes à d’autres buissons, à l’herbe alentour; et même, que le buisson brûle toujours de la même intensité, le feu ne le consumme pas, ne le détruit pas. Est-ce un mirage ? Moïse connaît les plantes rougeoyantes, ici, c’est du feu qui n’en est pas, tout en l’étant… Intrigué, curieux, il se rapproche.

Et tout bascule. Sans transition, Moïse entend une voix surgir de ces flammes non destructrices. Elles lui disent qu’il est sur le terrain du sacré, du divin, dont il ne peut être trop proche, c’est-à-dire venir toucher ce phénomène étrange. Il doit apprendre à garder ses distances, et ôter ses sandales pour toucher le sol avec humilité, cet humus dont sa vie dépend aussi. Ce n’est qu’ainsi, dans une fragilité acceptée, qu’il va pouvoir écouter le Dieu de son père et de ses ancêtres.

Et la voix de ce Dieu continue, lui ravivant des souvenirs dont il pensait ne plus avoir à se préoccuper. J’ai vu la maltraitance, j’ai entendu les cris de douleurs, je connais les souffrances, de qui ? de mon peuple, dit Dieu. Je sais le feu dont mon peuple brûle, dit Dieu, et j’en brûle aussi. D’où la flamme intense, inoubliable.

Et la voix continue en précisant son objectif. Alors je viens, dit Dieu; je viens pour les délivrer du pouvoir des Égyptiens, et pour les conduire de l’Égypte vers un autre pays. Et pour cela, dit Dieu, je t’envoie, toi Moïse, va, et fais sortir d’Egypte Israël mon peuple. D’où la flamme qui ne détruit pas, chaleureuse et cicatrisante, attirante et cependant distante, lumineuse et éblouissante.

Et Dieu s’appuie sur une promesse, qui deviendra l’unique accroche de confiance de Moïse par la suite, et qui révèle le nom de Dieu : Je suis avec toi. JE SUIS.  Comme le buisson qui brûle sans être détruit. Dieu est. Il est cette puissance du feu dont tout le monde connaît la brûlure pour avoir touché une flamme un jour ou l’autre, et qui pourtant, n’est pas un feu qui détruit, qui calcine, qui désole mortellement un espace ou une forêt. Il est un feu qui cherche à faire vivre, à libérer des liens étouffants, à guérir les plaies douloureuses, à consoler du désespoir, à rendre plus proche ceux qui fuient et se cachent en éclairant leur chemin.

Moïse ne s’attendait pas à rencontrer Dieu dans ce lieu désert. Et pourtant, c’est là que Dieu se révèle. Au milieu de cette nature, de ces paysages austères.

Une rencontre qui va changer le cours de l’histoire. Si Dieu entend la voix de ceux qui souffre, il n’abandonne pas le reste de sa création. Il ne sauve pas son peuple tout seul, car il emporte « veaux vaches cochons et couvées » dans sa liberté.

Dieu demande à Moïse de se déchausser, il doit sortir de ses ornières, il doit réapprendre à marcher différement pour sa mission. N’est-ce pas aussi notre rôle, d’ôter les chassures de ce monde pour marcher sur d’autres traces, laissées par Jésus, et devenir plus sensibles aux besoins de toute la création, qui souffre déjà tant des comportements meurtriers de l’humain sans Dieu, le Dieu D’A-I-J ?  Le Buisson ardent inconsummé est promesse du Dieu qui nous dit JE SUIS avec toi, va.

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