11/04/2021 : Actes-inattendu de la vie

prédication du 11/04/2021 par le pasteur Marc LABARTHE

Ac 3. 12-19     1 Jean 2.1-5     Luc 24,35-48

Le partage des paragraphes à lire n’est pas toujours pertinent ! Ainsi, ce matin, le lectionnaire nous propose un extrait d’un long discours de Pierre, et si on ne connaît pas ce qui s’est passé juste avant, c’est pas très clair. Et prendre son discours au milieu d’une phrase (v13) n’est pas très honnête non plus. Alors nous lisons en introduction, le fait divers qui conduit Pierre à témoigner et exhorter :
Actes 3 v.1 à 11 : guérison d’un paralysé (BSemeur)

Voilà donc une guérison qui se passe de manière inattendue, pour un homme qui est déposé quotidiennement pour mendier de quoi survivre. Ce jour-là, un éclair passe dans l’esprit de Pierre et Jean, et ils décident de proposer une autre solution à cet homme : Je n’ai ni argent ni or, mais ce que j’ai je te le donne : au nom de Jésus-Christ de Nazareth, lève-toi et marche ! Le résultat est spectaculaire pour lui. Il se lève et retrouve l’usage des jambes, de la voix, des bras, de tout son corps et il gesticule bruyamment dans la cours du temple.

Son comportement étrange provoque un attroupement de gens curieux.
La foule accule Pierre et Jean contre les colonnes de Salomon, elle est médusée et remplie d’émoi (10). Des foules déconcertées, on a déjà connu cela avec Jésus (Marc 6.34). L’homme, Pi et Jn sont encerclés, et pour s’en sortir, Pi s’adresse à la foule. (cf.témoignage ?)

1° Cette prise de parole a un objectif visible, que l’on repère avec la dernière phrase proposée en lecture du jour, v19: Convertissez-vous donc et revenez à Dieu, afin que vos péchés soient effacés. C’est clairement une invitation à suivre le message et la pratique religieuse des disciples de Jésus. Un autre objectif est visible dès les premiers mots (v12:Hommes israélites) tout en demandant du recul par rapport à l’ensemble du livre : Luc chercherait à ce que ses lecteurs, en majorité des pagano-chrétiens, prennent racine dans les Ecritures juives, et que les judéo-chrétiens ne rejettent ni leurs racines d’abord, ni les païens ensuite. Il a comme l’apôtre Paul dans sa lettre aux Rom, la volonté de montrer que c’est ensemble, juifs et nonjuifs, que la foi en Jésus Christ conduit les disciples à vivre.
Mais Luc nous ouvre l’esprit aussi sur d’autres aspects, qui viennent nourrir notre cheminement spirituel et humain.

2° – le geste de la guérison n’est pas prémédité. Luc donne l’impression que ce jour-là, tout à coup, Pi et Jn découvrent l’homme assis à la « Porte Belle » du temple. Cet adulte est infirme depuis sa naissance, soit 20 ou 30 ans(4.22 = 40). Aucune indication du temps passé depuis la Pâque ou la Pentecôte : Quelques jours ? quelques années ? Notre imagination est sollicitée, elle crée un film des événements. Après sa guérison, l’homme agit comme une mouche autour de Pi et Jn. Et cet homme tourbillonnant attire la foule, et oblige Pi à prendre la parole. Car s’il gesticule et chante des alléluia à toutes les fins de phrases, il est incapable de dire clairement ce qui s’est passé, malgré la parole de Pi : v6-au nom de Jésus Christ, le Nazôréen, marche !

Pi interpelle d’abord la foule : qu’est-ce qui vous prend ? pourquoi nous regarder avec des yeux ronds ? nous ne sommes pas des guérisseurs qui cherchent une part de ce marché lucratif ! nous n’y sommes pour rien, c’est Jésus qui a guéri cet homme. Il ne veut pas qu’on les prenne pour un groupe de guérisseurs comme il y en avait beaucoup à cette époque et encore aujourd’hui. Il veut que l’on voie en eux des disciples de ce Jésus, là, dont on parle encore, et dont certains suivent les enseignements, allant jusqu’à croire en sa résurrection. Ce miracle a lieu presque à leur corps défendant, c’est donc que Dieu en Jésus est à la manoeuvre, avec Pi et Jn qui ont su inter-agir et parler sous l’inspiration de Jésus lui-même, et ouvrant la porte au ralliement de nouveaux adeptes : Convertissez-vous donc !

3° le geste de guérison est aussi une parabole, du pardon et de la résurrection que Dieu en JC opère dans nos vies. Luc survole la maladie de l’homme depuis sa naissance, sa guérison surprise, et sa joie de vivre autrement ; de la même manière, le discours de Pi assure le survol du péché du peuple, en partant des patriarches jusqu’au rejet de Jésus par le peuple, et s’achève dans la résurrection du Prince de la vie par Dieu ; et à cause de cette résurrection, il y a possibilité pour chacun d’en vivre les conséquences dans sa propre vie, par une conversion et un pardon des péchés. Dieu est venu lui-même, par Jésus, ouvrir ce chemin de pardon, de guérison, de vie nouvelle, à chacun, car il ne retient pas la dette du rejet du Juste qu’est Jésus. Il utilise sa mort pour ouvrir la porte de son Royaume; un message inhabituel, révolutionnaire !

Si Luc concentre le péché, ici, dans le fait d’avoir rejeté le Saint et le juste, d’avoir fait mourir le Prince de la vie, il affirme que le pardon survient dans la résurrection opérée par Dieu, avant même la conversion des foules, afin que le choix de suivre Jésus soit vraiment libre et non pas conditionnel. La repentance vient de la prise de conscience que l’appel de Dieu au changement, n’a pas de condition autre que de bien vouloir prendre la route avec lui, avec son Christ et ceux qui le suivent déjà, en fait d’entrer dans la joyeuse danse de l’homme guéri.

4° la guérison physique et spirituelle rend gloire à Dieu, à JC, mais pas aux humains. C’est très clair pour Luc, pour Pi et pr Jn. Bien sûr, ils sont vecteurs d’un geste et d’une parole qui provoquent un changement dans l’existence d’un homme. Mais Pi ne s’arroge aucun pouvoir, il ne s’octroie aucune responsabilité directe dans le succès d’avoir guéri l’homme. Le seul lien que Luc nous livre est au v.16, assez difficile à traduire, mais dans lequel la foi joue un rôle important. C’est d’abord « sur la foi en son nom », puis « la foi qui est à travers lui » que « son nom a affermi » et « donné pleine vigueur » à l’homme.

En ne prononçant pas le nom de Jésus, mais en l’évoquant par son « Nom », hashem, il unit clairement Jésus à Dieu. Et c’est la confiance en ce fait que Jésus est Dieu, tout autant que la confiance qui vient à travers Jésus, c’est-à-dire la foi puisée en Jésus, la foi donnée par Jésus, que l’homme a repris vie. Si Pi et Jn sont au premier regard les acteurs de la guérison, ce n’est que par une relation de confiance qu’ils ont placée en Jésus et que Jésus place en eux. Luc nous fait comprendre ainsi (a)la dépendance envers Jésus, et (b) son lien avec Dieu, et (c) l’attitude toute de service et de crainte de Dieu que prennent Pi et Jn. Ils ne s’arrogent aucun avantage auprès de la foule, aucun contrôle sur les autres disciples. Ce n’est pas toujours observé par ceux qui se réclament du même Jésus…

Ces quelques points : unité judéo-pagano-chrétienne; disponibilité à l’inattendu; pardon avant la repentance; la foi n’octroie aucun privilège; nous encouragent pourtant à demeurer disponibles à la nouveauté que Jésus peut provoquer dans notre existence, afin qu’il soit glorifié au travers de nos gestes et de nos paroles, et que certaines personnes soient sauvées, guéries, et rencontrent Jésus, le prince de la vie.

Juste un détail encore. Cette guérison conduira Pi et Jn en prison, cf Ac4 (pas l’homme !). La gloire du Christ, c’est la croix, nous dit Jn régulièrement dans son Ev. Pas d’autre chemin pour suivre Jésus-Christ en toute liberté ! amen

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