10 septembre 2023 : Rivière vivifiante

Prédication du 10/09/2023 par le pasteur Marc LABARTHE

Saison de la Création

Amos 5, 21 à 24   et    Jean 7, 37 à 43

Le livre d’Amos nous accompagnera tout ce temps de la Création, avec ses paroles dures, ses paroles de non-réception, et une dernière qui est ambivalente, à la fois annonce de la justice qui emporte tout le mal comme l’eau arrache tout sur son passage, et aussi annonce de la justice qui restaure la vie, comme l’eau irrigue et nourrit les plantes à proximité. Ce verset est repris pour tout ce mois : Que la droiture soit comme un courant d’eau, Et la justice comme un torrent qui jamais ne tarit. Une parole actualisée de la manière suivante : que la justice et la paix se répandent ! Et par l’image, on passe du torrent à la notion d’un fleuve puissant.

Et pourtant, tous ces termes pour parler de l’eau qui se déplace d’un endroit à un autre, n’ont pas le même sens. Nous repérons assez vite la différence entre le fleuve, la rivière, le ruisseau et le torrent. Ce sont des termes que l’on retrouve dans la bible. Et ils désignent des cours d’eau avec un débit permanent ou seulement ponctuel, lors des pluies du printemps ou d’un orage.

Car le pays d’Israël, comme ses voisins, est un pays sec, où l’eau est rare, les sécheresses fréquentes, et donc tout cours d’eau permanent comme un fleuve est considéré comme une richesse, un signe de faveur et d’abondance. Et les fleuves, ruisseaux et torrents sont souvent utilisés comme des comparaisons : la progression d’une armée est représentée comme un torrent qui s’avance (Jér. 46,7: Qui est celui qui monte comme le Nil, et dont les eaux débordent comme les fleuves ? ; 47,2: Ainsi parle le SEIGNEUR : Des eaux s’élèvent du nord, elles deviennent un torrent impétueux ; elles déferlent sur le pays et sur tout ce qui s’y trouve, sur la ville et sur tous ceux qui l’habitent. Les hommes crient, tous les habitants du pays hurlent au tonnerre des sabots de ses étalons, au grondement de ses chars et au vacarme de ses roues ; És. 8,7: Parce que ce peuple a rejeté les eaux de Siloé qui coulent doucement et qu’il s’est réjoui au sujet de Retsîn et du fils de Remalia, voilà pourquoi le Seigneur fait monter contre eux les eaux puissantes, les grandes eaux du fleuve— le roi d’Assyrie et toute sa gloire. ; 59,19). Ils symbolisent aussi des grâces spirituelles comme dans Ézéch. 47,1ss: De l’eau sortait sous le seuil de la Maison à l’est, grossit et va assainir la Mer ; És. 33,21 le SEIGNEUR est magnifique pour nous : Il nous tient lieu de fleuves, de vastes rivières; et comme le proclame Jésus le jour de la grande fête : Jn. 7,38 : celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein !

Là-bas, un seul cours d’eau est permanent, celui du Jourdain, qui prend sa source au Nord, près du Mt Hermon, de 3 résurgences différentes, et s’écoule sur 215 km jusqu’à la Mer Salée-Morte, avec un dénivelé négatif de +de 900m (520à-400), et 2/3 du parcours a lieu sous le niveau de la Mer Méditerranée. Les autres rivières et torrents sont temporaires, et n’ont de l’eau qu’en temps de pluie… Vous imaginez ce que cela signifie pour l’agriculture, le bétail, la vie tout court. De nombreux puits sont creusés pour atteindre des nappes phréatiques, qui parfois sont aussi à sec une partie de l’année. Des réservoirs d’eau sont creusés dans la roche ou aménagés en certains endroits abrités, surtout pas de bassines à ciel ouvert.

Il y a bien quelques réservoirs naturels contenant de l’eau : le plus connu est la Mer Salée, au sud, avec 5X+ de sel que la Méditerranée. Pas de pêche, navigation rare, dans une dépression de 400 et plus. 110km au nord, à -200m, la Mer de Galilée, très poissonneuse, entourée de collines souvent verdoyantes, source d’eau vitale. Et 30 km au nord, le lac Mérom ou Houlé, qui est un étalement du Jourdain dans une plaine marcageuse, qui a disparu aujourd’hui. Et à 80km plus à l’Est, la grande Mer, Méditerranée. Voilà pour le tableau !

Dans ce pays, hier comme aujourd’hui, l’eau est la ressource vitale par excellence, qu’il s’agit d’économiser, de respecter, d’assurer entre 2 périodes de sécheresse. Alors détourner un cours d’eau est un sujet immédiat de conflit; confisquer un puits peut conduire à l’exode de toute une population.

Dans la bible, que l’eau surgisse comme un torrent et balaie tout sur son passage, comme dans la vallée de la Roya (etc), c’est aussi bien un malheur qu’une promesse de renouveau, d’où l’utilisation de ces événements comme image du déferlement violent d’une armée étrangère qui détruit et emporte en exil, ou d’une promesse que la vie va renaître avec justice et s’épanouir comme le désert reverdit après l’inondation. Parce que d’une part, cette armée cessera de couler comme le torrent se tarit; et après son passage, la nature reprend des couleurs et le peuple dévasté renaîtra.

A côté du torrent ponctuel, il y a la rivière au débit régulier, et le fleuve qui assure une masse d’eau suffisante et qui dure dans le temps. Et cet aspect revient comme une bénédiction de Dieu pour les animaux et les plantes, pour le peuple qui peut se désaltérer et vivre sur le long terme : Lorsque Jésus s’écrie Que celui qui a soif vienne à moi et qu’il boive, et celui qui croit en moi, de son sein coulera un fleuve d’eau vive, il prend une image connue pour l’appliquer à sa personne et à ceux qui le suivent.

Il est, en lui-même et dans ce qu’il permet de trouver et de puiser en lui, une réserve d’eau inépuisable, mieux qu’une méga-bassine qui s’assèchera, car celui qui s’approvisionne en lui fera surgir les eaux vives d’un fleuve. Et comme le fleuve de l’Euphrate ou du Nil, dont les variations de débit n’altèrent pas leur permanence, de même, celui qui ne cesse de s’approvisionner dans les paroles de Jésus assure une continuité de vie malgré les temps de sécheresse.

« En présence de la modification climatique évidente, beaucoup autour de nous traversent une situation générale de désarroi, d’inquiétude commune face à la crise environnementale, comme si brusquement la Terre sur laquelle nous nous trouvons se mettait à bouger, à réagir à nos activités. Nous sommes bombardés de mauvaises nouvelles, venant de scientifiques eux-mêmes angoissés : augmentation de la température, augmentation des épisodes de canicule, de sécheresse, d’inondation, de cyclones ; disparition d’espèces, appauvrissement des sols, mort des glaciers, montée des eaux, et ainsi de suite. Nous absorbons ces mauvaises nouvelles et nous en avons la nausée. Lorsque nous essayons d’assimiler tout cela, nous n’avons pas le métabolisme pour digérer ces nouvelles. Pour certains, leur solution sera de nier que le problème existe. Il y en a d’autres que ces nouvelles paralysent, et empêchent d’agir. D’autres accueillent ces mutations et prétendent que des solutions se préparent. Parmi eux, celles et ceux qui essayent de trouver des métabolismes nouveaux » (cf. http://ouatterrir.fr/).

Je place la dynamique Eglise Verte dans ce mouvement, qui trace un chemin, parfois sinueux, parfois rocailleux, mais toujours avec la référence essentielle et désaltérante au Christ Jésus, chemin de vérité jusque dans la vie qui vient de Dieu et va en Lui. Nous pouvons dès maintenant intégrer cette dynamique dans nos projets d’Eglise, en modifiant notre métabolisme, pour que toutes nos actions soient imprégnées de la nécessaire collaboration avec l’environnement plutôt qu’à chercher à le combattre. Notre défi sera de l’exprimer -par ex – dans le chantier qui se met en place pour le Centre Renée Enjalbert : que là puisse couler une rivière d’eau limpide, dans les mois à venir. Amen

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