Esaïe 40,1 à 11 Marc 1v 1 à 8
Chers amis, voici Noël qui se profile à l’horizon, et toutes ces joyeuses fêtes de fin d’année. Les magasins ont réussi à allonger la période de l’Avent, en remplissant leurs rayons de marchandises presque 2 mois avant Noël, pour mobiliser autant que faire se peut, l’intérêt des clients, grands et petits. Sur leurs étals, on n’y trouve presqu’aucune crèche, même parmi les santons ; et à côté d’un jeu vidéo ou de ChatGPT, le boeuf et l’âne se font éliminer avant même d’avoir fait un pas.
Et lorsque nous lisons Marc, on est encore plus déçu – rien de bien attirant ! c’est même assez brut de décoffrage : pas d’anges puissants qui visitent une frêle jeune fille, toute prête à vivre des aventures, même si elle est un peu forcée, ce qui rejoint les idéaux du cinéma. Il n’y a pas ces bergers débonnaires et rêveurs qui se font prier d’aller voir ailleurs, dans une crèche au lieu de regarder le ciel. Il n’y a pas d’étoile baladeuse qui joue à cache cache avec des devins qui se trompent de maternité. Et surtout, il n’y a aucun cadeau – et ça pour des enfants, c’est pas drôle.
Pour ouvrir son livre, Mc écrit 5 ou 7 mots grecs, qui disent le contenu de son roman: COMMENCEMENT de-la BONNE-NOUVELLE DE-JESUS, de-christ, de-fils, de-Dieu.
Mc met au coeur de cette phrase, avec 5 mots, celui de EVANGILE/B-N; s’il met 7 mots, c’est alors JESUS. Mais tous ces mots dépendent du 1er, commencement. Ou alors du 2e, ou pour les derniers du 3e.
Dans ce COMMENCEMENT, on peut y trouver ce qui nous passe par la tête, selon ce que nous avons reçu et appris au cours des années. Les origines du monde, ou le début de sa propre vie, de cette bonne-nouvelle qui concerne chacun de nous. Par quoi COMMENCER son histoire ? comment racontez-vous à vos enfants et p-e, le COMMENCEMENT de votre vie ? Mc ne s’attarde pas sur les prémices, il veut entrer très vite dans le sujet qui l’intéresse, dans ce qui est pour lui l’essentiel: la bonne nouvelle de Jésus.
Son livre nous présente le COMMENCEMENT de l’histoire de Jésus, non pas avec sa conception dans le ventre d’une jeune fille mère, mais d’une manière qui met en évidence les relations les uns avec les autres, comme une succession d’échange nécessaires lorsqu’un début de relation se met en place. Ainsi, dans les rapports humains, il souligne l’importances d’apaiser les vieilles histoires, de refaire du lien, de réparer ce qui a été cassé ou de rétablir ce qui a été oublié.
Pour mieux comprendre ces quelques phrases de l’Ev, un petit conte qui vient éclairer ce texte : Les ciseaux ou l’aiguille ? Conte oriental :
Un jour un roi rendit visite au grand mystique retiré dans le désert, Farid. S’inclinant devant lui, il lui offrit un présent d’une grande valeur, un objet d’une rare beauté : une paire de ciseaux en or, incrustés de diamants. Farid prit les ciseaux en main, les admira, et au lieu de les poser devant lui, les rendit à son visiteur en disant :
– Merci, Sire, pour ce cadeau précieux. L’objet est magnifique, vraiment, mais je n’en ai pas l’usage.…Donnez-moi plutôt une aiguille. Je n’ai que faire d’une paire de ciseaux.
– Je ne comprends pas, dit le roi. Si vous avez besoin d’une aiguille, il vous faudra aussi les ciseaux.
– Non, expliqua Farid. Les ciseaux coupent et séparent. Je n’en ai pas besoin. Par contre, une aiguille recoud ce qui a été défait. Mon enseignement est fondé sur l’amour, l’union, la communion. Il me faut une aiguille pour restaurer l’unité. Les ciseaux déconnectent et tranchent. Apportez-moi une aiguille ordinaire quand vous reviendrez me voir, cela suffira.
C’est ainsi qu’a commencé la bonne nouvelle de Jésus, nous écrit Mc. Par le prophète qui annonçait la venue d’un réparateur de brèches, un cantonnier qui remettra les routes en bon état : il criera : Préparez le chemin pour le Seigneur, Aplanissez les sentiers par lesquels il doit passer.
N’est-ce pas ce qu’il est possible de faire avec une aiguille – pour réunir les tissus déchirrés par des querelles ? ou par un travail long et pénible de terrassier, pour rejoindre des humains qui ont détruit tant de choses entre eux ?
Et ce cantonnier est arrivé sous les doubles traits de Jean le baptiseur et d’Elie, aux habits cousus de poils de chameaux et tenus par son cuir. Il vit dans le désert, loin du bruit de la ville et du rayonnement des réseaux électriques ou des réseaux sociaux. Il mange frugalement de ce que lui offre la nature, sans produits ultra-transormés qu’on nous donne souvent. Son comportement et son aspect visible révèlent déjà son attention à l’autre plutôt qu’à lui-même.
Ce Jn tient un double discours : d’abord en tant que réparateur, avec son geste du baptême par lequel il fait passer ceux qui le rejoignent : cela nécessite d’oser se déplacer et déplacer ses repères, il faut se mouiller et plonger dans l’inconnu ! Il s’agit de renouver ainsi, les relations avec celui qu’on veut ignorer, son adversaire autant que Dieu : alors le Seigneur pardonnera vos péchés.
Ensuite, il annonce qu’un autre réparateur, bien plus fort et efficace que lui, est en route sur le chemin qu’il a commencé à restaurer. Celui qui vient après lui amène l’Esprit de Dieu, bien plus efficace que l’eau du Jourdain, ou même l’aiguille du couturier.
Arrive alors Jésus, et la bonne nouvelle peut commencer ; le prologue est fini. Jésus qui est bonne nouvelle en lui-même et par son nom (Il sauve), vient là où les gens ont besoin de lui, là où les gens nettoient leur linge sale d’une part, et nettoient leur coeur meurtri d’autre part.
D’une part ce lieu sensible du repentir, de la conversion signifés par le baptême. D’autre part ce lieu où la compassion apaise, et la confiance rétablit la communion. C’est là que Jésus commence par rencontrer chacun de nous. Commencement de-la bonne-nouvelle de-Jésus.
Selon Mc, la bonne nouvelle commence en Jésus qui restaure les liens entre Dieu et les humains, qui recoud les humains ensemble, comme les 2 parties de la même vie, les 2 faces de la même pièce. Voilà ce qu’il fait encore pour chacun de nous, et ce qu’il attend de chacun de ses disciples, qu’il envoie avec son Esprit dans le monde et les folies de Noël !
