09/04/2023 : Marie, de la mort à la vie

Prédication du 09/04/2023 par le pasteur Marc LABARTHE

Jean 21, 1 à 22

 

Quelle est la question au point de départ des textes qui parlent de ce bouleversement de ce matin qu’est devenu Pâques pour nous ? Tous les textes la reprennent, même s’ils la racontent avec quelques différences dans les acteurs. Et Jean concentre cette question dans la personne de Marie de Magdala. Si nous ne prenons pas en compte cette question fondamentale, nous ne pouvons pas vraiment rencontrer celles et ceux qui se trouvent dans une situation similaire. Mais les évangiles n’en restent pas à cette question, ils offrent une réponse, qui, elle aussi, s’exprime de manière diverse, mais tout en affirmant la même certitude.

 

La question qui fait démarrer cette histoire, c’est le cimetière, la tombe, et donc, la mort du maître, l’assassinat de Jésus orchestré par les pouvoirs en place. Malgré son pouvoir de guérison, malgré ses paroles vivifiantes, il est mort. A ce moment-là, personne n’a encore compris, ni ne pense aux annonces de résurrection que Jésus avait faites.

 

Il n’y a pas moyen d’échapper à la mort. Marie le savait quand elle s’est approchée du tombeau de Jésus. Mort c’est mort. Lorsque Jésus prononça ces dernières paroles sur la croix, rien ne pouvait être plus vrai quant à ce qu’il advient finalement de la vie : Tout est accompli ; oui, tout est fini.

 

Marie est en pleurs, tout comme nous versons des larmes lorsque un conjoint, un parent, meurt, comme aussi devant d’autres tragédies. Dans le cas de Marie, la mort de Jésus a été soudaine, violente; elle a marqué la fin brutale d’un ministère qui était promis à un avenir lumineux, glorieux. Marie a non seulement perdu son maître qui lui a donné de l’espoir, elle a perdu un avenir qu’elle anticipait en le suivant : n’était-il pas le Messie, le fils de Dieu ? Mais le jackpot d’une vie épanouie, d’une ascension fulgurante, s’est transformé en une tornade dévastatrice. Ce qu’elle a gagné, c’est le traumatisme
et la honte de sa mort violente, voulue par le monde politique, et c’est une institution religieuse corrompue qui en sort victorieuse, et c’est encore cet empire autoritaire et machiste qui va continuer à l’oppresser.

 

Lorsque vous ne pouvez pas blâmer les pouvoirs publics, parce qu’ils se retourneraient contre vous, et qu’aucun membre de votre communauté n’est prêt à vous accompagner dans l’horreur de votre perte, le seul endroit où vous pouvez être enclin à vous tourner, c’est encore – Dieu. Les psalmistes n’ont jamais hésité à le faire. Même Jésus, sur la croix, a utilisé leurs mots qui parlent de l’abandon de Dieu : pourquoi, m’as-tu abandonné ? A travers Jésus, Dieu entend cette question qui taraude ceux qui regardent la croix, même de loin; une question qui est encore posée aujourd’hui un peu partout dans le monde au sein de l’humanité, et qui rejoint celle sur la mort.

 

Et pourtant, toute question de ce genre ne peut pas empêcher le Jardinier de se lever. Jésus, qui avait anticipé à la fois sa mort et sa résurrection, a quitté le tombeau pour être pris comme le jardinier du lieu. Et c’est une très belle métaphore : Dieu incarné s’occupant du jardin, et lui apportant une nouvelle vie. Jean au début de l’Ev. avait uni la Parole faite chair avec la Parole du Dieu créateur du jardin qu’est la terre. Paul s’exclamera: Si quelqu’un est dans le Christ, c’est une création nouvelle !

 

Le tombeau et sa lourde pierre ne pouvaient annoncer que la mort, la destruction, le tohu-bohu. Mais le jardinier a repris l’Eden en main, pour le donner aux créatures bien-aimées de Dieu. Il a laissé le tombeau vide, la mort vidée de son pouvoir, et des anges occupent son lieu paisiblement : ils sont messagers et disent que ce n’est pas dans la mort qu’on trouve la solution à nos problèmes, nos larmes, nos détresses. Marie est ici la première à se trouver confrontée à l’incompréhensible, l’impossible. Les anges, puis Jésus, tel un jardinier plein de douceur, l’interrogent sur ses larmes. Puis il prononce son nom et plante en elle une espérance qui essuie ses larmes et lui redonne la vie !

 

F&S, chaque fois que nous entendons Jésus prononcer nos noms, dans la Parole, par son Esprit, nous sommes saisis par la vie de relèvement, de résurrection ici et maintenant. Jésus prend soin de notre foi avec ses promesses ; il nous re-plante fermement et avec douceur, dans le jardin de Dieu, aux bons soins de Dieu. Les pleurs peuvent venir la nuit, et le feront encore, mais la joie vient du matin qui se lève, et de la voix du Jardinier qui nous parle. Nous aurons l’envie de nous accrocher à cette joie, de la retenir comme Marie voulait s’accrocher à Jésus; pourtant ce ne sera pas possible, même si nous savons maintenant que notre foi a un endroit pour aller se ressourcer. Le jardin où tout à commencé, pour chacun d’entre nous !

 

Regardez le changement de Marie : au début, triste et dépitée; puis angoissée et éperdue par le rapt, l’enlèvement de la dépouille de son bienaimé. Sa désolation est totale lorsqu’elle entend et voit les anges lui parler. Et enfin, la rencontre le basculement incroyable, impossible : Jésus est là, vivant ! Elle tient à peine debout que Jésus l’envoie porter aux disciples la nouvelle extraordinaire : va vers mes frères et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, mon Dieu et votre Dieu. Et Marie-Madeleine vient annoncer aux disciples qu’elle a vu le Seigneur et qu’il lui a dit cela.

 

Or, il faudra toute la journée à ces hommes qui se croyaient légataires du message d’un défunt, pour méditer cette annonce ; et ils restent encore enfermés dans une maison comme dans un tombeau, lorsque Jésus les rencontre enfin; et alors, ils reçoivent la paix, la consolation, la joie.

 

Et de même qu’avec Marie, Jésus ne les laisse pas tranquille : Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie – Recevez l’Esprit saint. Annoncez le pardon ! F&S, nous ne pouvons pas nous installer dans le jardin, sans nécessairement aller vers ceux qui n’ont pas encore rencontré le jardinier. Vous ne pouvez pas vous taire, car l’Esprit vous donnera ce qu’il faut dire à ceux que vous rencontrez, même s’ils mettront toute la journée pour oser rencontrer le Seigeur. Le Jardinier a planté en chacun le fruit de la résurrection, et nous en répandons les graines autour de nous. Nous rencontrons des
gens de ce côté-ci de la tombe, avec la nouvelle extraordinaire d’un tombeau ouvert, et un jardinier doux et humble, qui nous rejoint dans notre chagrin avec la joie de la résurrection.

 

Nous pouvons toujours avoir des questions, nos doutes, lorsque nous nous tournons vers nos proches, vers nos voisins : nous pouvons quand même tendre la main à ceux qui vivent dans l’obscurité du chagrin, l’ombre du traumatisme, la solitude de l’abandon, la peur du mensonge. Nous n’avons pas de réponses rapides, quasi magiques, à beaucoup de leurs demandes, mais nous avons de l’espérance en Ce Jardinier qui ne cesse de remuer le sol de nos cœurs, afin que nous puissions grandir sous ses soins, nourris par sa vie. Et ça, ça n’a pas de prix !

 

Jésus, sois le centre, Sois ma lumière, Sois ma source, Jésus
Jésus, sois le centre, Sois mon espoir Sois mon chant, Jésus
Sois le feu dans mon coeur Sois le vent dans ses voiles Sois la raison de ma vie, Jésus,
Jésus, sois ma vision, Sois mon chemin, Sois mon guide, Jésus
Jésus, sois le centre, Sois ma lumière, Sois ma source, Jésus

 

Ou ces paroles qui pourraient être chantées par Marie :

 

Cet air que je respire, Cet air que je respire, C’est ta présence Qui vit en moi
Ce pain jour après jour, Ce pain jour après jour, C’est ta parole Donnée pour moi
Et moi, j’ai tant besoin de toi Et moi, je suis perdue sans toi
Et moi, j’ai tant besoin de toi Et moi, je suis perdue sans toi.

 

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