02/07/2023 : Des morts-vivants

Prédication du 02/07/2023 par le pasteur Marc LABARTHE

Romains 6, 1 à 11

 

Prenez conscience que vous êtes mort pour le péché, et vivants pour D en JC !

 

N’est-il pas bon, peu avant les grandes vacances, de revenir sur ce beau texte de Paul aux Romains ? Parce qu’il ne raconte pas seulement une histoire de baptême ; mais il nous affirme clairement le coeur de notre foi chrétienne, de notre vie reçue en Christ. Et cette affirmation n’utilise aucun vocabulaire de  sacrifice ou d’expiation, ces mots qui véhiculent l’idée qu’une personne innocente doit mourir à cause de nos péchés et d’un Dieu vengeur. Et pas non plus la notion de substitution, qui présente la crucifixion comme  l’acte de punition de Dieu, affligeant Jésus sur la croix à notre place, et pour nos péchés. Selon ce vocabulaire, Jésus a pris, sur lui, notre mal, et nous a donné sa justice. Dieu ne pouvait-il pas simplement nous pardonner ?

 

Or c’est bien en référence aux rituels de pardon que l’on trouve dans le P.T. que Paul ouvre une toute autre réflexion. Et dans ce passage, son récit exclut complètement une histoire de substitution, selon laquelle nos péchés sont si graves que nous méritons la mort ultime, ou encore notre péché de révolte a offensé Dieu et cela nous condamne à mort; la seule façon d’être sauvés de cette punition serait alors que Christ se substitue à nous et subisse la mort, afin que nous n’ayons pas à la subir. Paul ne dit pas cela du tout.

 

Paul écrit que en étant baptisés, nous sommes baptisés dans la mort du Christ. v3 Paul dit que ce dont nous avons besoin, c’est de mourir avec Christ. Tout le contraire de ce que dit  l’expiation/substitution, qui veut nous faire échapper à la mort. Paul insiste : nous avons été ensevelis avec Christ par le baptême, v4 En d’autres termes, nous sommes bel et bien dans la tombe avec Jésus. La mort est bien là, pour nous aussi.

 

Mais il ajoute immédiatement ceci : afin que, comme Christ a été ressuscité des morts par la gloire du Père, nous aussi nous marchions en nouveauté de vie.v4 Si nous sommes dans la tombe avec Jésus, si nous sommes morts, c’est afin de vivre sur de nouvelles bases. Paul insiste encore en disant que si nous sommes unis à Christ dans sa mort, nous serons unis à lui dans sa résurrection.v5 Nous mourons, donc, afin de pouvoir vivre, et cela bien au-delà de cette vie-ci.

 

Dans la description que fait Paul, la mort n’est jamais une punition; bien au contraire, la mort est un instrument de libération : quiconque est mort est affranchi du péché.v7 !! péché !! Paul utilise le mot péché dont on est libéré, et non pas qu’on échappe à la colère de Dieu. C’est une profonde contestation de toute idée de sacrifice qui servirait à ôter l’offense faite à Dieu. Celui qui est mort avec Christ est libéré du péché, afin que, comme Dieu a relevé Christ, nous aussi nous marchions dans une vie nouvelle.

 

Paul décrit avec encore un autre vocabulaire cette réalité-là : Nous savons que notre vieil homme a été crucifié avec lui afin que le corps du péché soit détruit et que nous ne soyons plus esclaves du péché.v6 Le vieil homme et le corps de péché, désignent la même réalité, notre nature humaine qui cherche à contrôler tous les domaines, à poser ses propres règles, aussi loin que possible. Le vieil
homme et le corps de péché, c’est 2 manières de parler de qui je suis, en particulier dans le refus de recevoir une quelconque règle de vie de quiconque, serait-ce même Dieu – comme Eve et Adam. Or, selon Paul qui suit l’enseignement de la Genèse, c’est quand l’humain obéit au Dieu qui l’a fait et qui l’aime, qu’il est vraiment libre de s’épanouir. Et quand l’humain refuse, et se pense libre dans le
contrôle de tout savoir et dans une soi-disant neutralité supérieure, c’est un leurre, et il devient esclave du mensonge.

 

Il écrit : Nous savons que notre vieil homme a été crucifié avec Christ.v6 Nous sommes donc crucifiés avec Christ, et ensevelis avec Christ : la mort est nôtre, autant que celle du Christ. Avec la conséquence suivante, celui qui est mort est libéré du péché.v7 Ce qui veut dire que notre vie asservie par le péché est anéantie. Mais ce n’est que la moitié du trajet : l’autre moitié, c’est que Christ s’est réveillé des morts et cela nous donne de marcher en vie nouvelle.v4 Il y a donc 2 parties très concrètes dans la vie du chrétien, à la suite du Christ : Dans sa mort historique et humaine, le Christ nous permet à tous de mourir, spirituellement et non moins réellement avec lui, afin que, dans sa résurrection historique réelle, nous ayons une nouvelle vie libérée du péché. Et Paul conclut sa démonstration, d’une part, en affirmant que le Christ étant ressuscité, la mort n’a plus de pouvoir sur lui.v9 Et d’autre part, il en tire la conséquence pour nous : dans notre union avec Christ, nous pouvons nous considérer comme morts au péché et vivants pour Dieu en Jésus-Christ.v11

 

Dans ce récit théologique, spirituel et concret de l’apôtre que nous utilisons pour expliquer le baptême, il proclame que, contrairement au récit de la substitution selon lequel Christ est mort parce que nous méritons de mourir, en réalité Christ est mort parce que nous devons mourir, et pour que nous suivions le chemin de la mort vers la vie. Le Christ est donc notre représentant et non pas notre remplaçant
— qui prend notre place. Il fait ce dont nous avons besoin, pas ce dont lui (Dieu) a besoin pour lui-même; il nous ouvre ainsi la voie pour mourir au péché, et vivre en vraie liberté.

 

Les discours qui enseignent que Christ est mort pour que nous n’ayons pas à mourir ne sont tout simplement pas l’histoire que Paul raconte. L’action de Christ n’a rien à voir non plus avec une quelconque punition ; le NT ne dit pas que Christ a été puni à notre place. Christ fait pour nous ce que nous ne pouvons pas faire pour nous-mêmes afin que nous soyons unis à lui — et dans la mort comme dans
la vie. Le baptême est ainsi l’expression liturgique, corporelle, de notre union complète au Christ, afin que nous puissions prendre conscience, considérer dit le v11, que notre moi est crucifié et enseveli avec le Christ, de sorte que notre vie est désormais une vie de résurrection, née de nouveau, conduite par l’Esprit St.

 

C’est pourquoi, puisque nous sommes morts avec le Christ, nous ne sommes plus esclaves du système de valeurs qui nous est imposé par les puissances et les autorités terrestres, toutes humaines — nos cultures occidentales ou africaines ou chinoises… nos économies fondées sur le progrès et la croissance obligatoires… nos religions souvent anti-féminines, au genre mâle dominant, etc. Toutes les identités socialement construites e qui nous forgent, vont cesser de compter pour nous ou contre nous, parce que notre corps qui porte ces identités est mort. Nous vivons en Christ d’une vie nouvelle : Nous sommes libres de regarder et agir autrement que le socialement correct, même si cela conduit à la mort par la société, ce ne sera que l’entrée dans la vie auprès du Père.

 

C’est pourquoi la vie que nous vivons désormais et encore aujourd’hui, nous la vivons dans la confiance au Christ et à ses paroles. Nous participons de sa vie de ressuscité. Nous sommes ainsi libérés du péché, libres de sortir de nos ornières, de nos tradis…, afin d’apporter d’autres manières de nous réunir, de témoigner, de parler de l’amour que Dieu nous manifeste en JC.

 

Que cet été, l’Esprit du ressuscité nous conduise à vivre de cette liberté, et à préparer notre reprise commune de rentrée, dans cette vie qui vient du Christ.

 

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