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07/05/2023 : Quelle église fonder
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Prédication du 07/05/2023 par le pasteur Marc LABARTHE
Je ne sais pas si vous vous étonnez encore de ces lectures bibliques proposées à notre méditation chaque jour, et chaque dimanche. Bien souvent, nous sommes blasés; et parfois aussi, enfermés dans nos habitudes, incapables de bouger.
Vous avez entendu ce qui se passe à la fin de la prédication de Pierre : il a suffit d’un long discours un peu direct, et 3000 personnes se font baptiser. Pierre ajoute quelques encouragements pressants, et ça marche ! Vous imaginez cela possible, dans leur contexte, sans micro ni rediffusion télé ni réseau social ?
Par ailleurs, Luc dit que Pierre et les Onze resserrent les rangs; mais combien étaient-ils ce jour de la Pentecôte, vous vous souvenez ? 120 nous dit Act-1. Ces 120 disciples qui tous parlent en langue – ce n’est pas que les apôtres ni Marie en leur centre, mais bien 120 suiveurs de Jésus, H+F, qui se retrouvent à faire du tapage verbal, et qui après l’appel de Pierre, sont 25 x + nbx !
Pourtant, cette histoire pose de nombreuses questions. Commençons par le baptême des 3000; ce n’est pas un baptême dans les règles, puisqu’il n’est fait qu’au nom de Jésus le Christ (au lieu de la norme P-F-SE). Ensuite, il n’y pas de catéchisme à apprendre avant ce baptême – mais c’est vrai que ce sont déjà des croyants ; et enfin, il n’y a pas non plus de longues repentances en public, où l’on raconte son passé et son pardon. Et ce n’est pas tout : assurer 3000 baptêmes d’adultes a dû prendre quelques heures. Et trouver un endroit à Jérusalem n’est pas simple ! Luc évite prudemment le sujet. Cela n’a pas pu se faire ni à la piscine de Béthesda, ni à Siloé, 2 endroits bien surveillés par les autorités militaire et religieuse, et elles n’auraient pas permis de bloquer ces lieux pendant des heures au profit d’une secte qui s’appuie sur un condamné à mort prétendûment ressuscité selon la secte.
Ces invraisemblances nous poussent donc à chercher ce qui est autrement plus important : l’effet de la prédication autour de la mort et de la résurrection de Jésus, d’une part, et d’autre part, cette foule, ayant passé par le baptême, est directement intégrée à la communauté pour recevoir l’enseignement, la cène et vivre en communion fraternelle.
C’est quelque chose de beau, qui nous encourage à prendre le même chemin. Ce début de l’histoire de l’église est comme une création nouvelle : sans nous expliquer les modalités concrètes, l’histoire dit que la parole, la prédication a un effet, comme la parole de Dieu au commencement (Gen). Et pour ceux qui lisent quelques années ou siècles plus tard, ce passage vient relativiser certaines de nos doctrines un peu légalistes, et trop tâtillonnes quant aux modalités de mise en oeuvre : nos pratiques peuvent être simplifiées. Et surtout, l’essentiel se trouve vraiment ailleurs que dans nos rites.
Luc écrit un discours que Pierre aurait pu donner, et qui a suscité de vives réactions auprès des auditeurs. Cette prédication est la première que Jésus ne supervise pas, et qui va servir pour démarrer l’église. On y découvre entre autres, ces 3 aspects :
1°/ Dans cette partie du chap.2, on est à la fin de tout un processus. La demande de la foule (quoi faire ?) est une réaction au sermon de Pierre, qui est lui-même une réponse (écoutez-moi !) à la réaction de la foule (c’est quoi?) qui entend le bruit que font les disciples en parlant dans les langues des différentes personnes rassemblées. On a donc une réaction à une réaction à une réaction à un coup de vent ! Et il y a des conséquences, le baptême et la réunion pour écouter, manger et fraterniser.
2°/ Il semble bien que le sommet du discours de Pierre, son point essentiel, est cette phrase : Dieu a fait Seigneur et Messie ce Jésus même que vous avez crucifié. Pierre a rappelé les oeuvres et les discours de Jésus jusqu’à sa mort ; il s’est même appuyé sur des Ps pour dire que Dieu avait préparé cet événement, et il témoigne enfin que la foule – ceux qui sont là devant lui à l’écouter – a tué un innocent ; elle l’a fait, en tordant (=scoliose) la justice et la vérité, parce qu’elle a voulu assurer sa tranquillité et son salut, en éliminant l’homme qui la dérangeait. Or c’est ce condamné-là et ce crucifié-là, que Dieu a ressuscité, et même qu’il a établi comme Messie. Il est donc facile de comprendre que la foule est du mauvais côté de la barrière, et qu’elle a manqué le but souhaité.
Cette méthode d’évangélisation existe encore de nos jours, avec souvent des excès inutiles.
3°/ Car le plus important arrive et c’est déterminant : la foule peut changer sa situation défavorable. En se faisant baptiser au nom de Jésus, c’est-à-dire, en entrant dans la pensée et les actes de Jésus, la foule est pardonnée et recevra le même Esprit qui a bouleversé les disciples. C’est l’appel à la conversion pour que la foule change sa manière de penser et de comprendre l’oeuvre de Jésus et son identité. C’est l’encouragement au changement (v38:changez !), pour renoncer aux pratiques de la perversion, et prendre les paroles de Jésus comme nouvelle structure de la pensée et pour l’action. Luc écrit qu’en cette heure-là, 3000 ont ainsi reformaté leur pensée pour utiliser le logiciel MESSIEJESUS version éternité.
Ce que nous devons garder, c’est d’abord le point de bascule : Dieu a fait Seigneur et Messie ce Jésus-là, ce Jésus que vous avez crucifié en suivant les règles de pouvoir de ce monde. Dieu a relevé de la mort ce Jésus que vous ne vouliez plus voir au milieu de vous. Et la 2e chose, la bonne nouvelle, c’est que vous pouvez encore et toujours changer de camp – rejoindre celui de Jésus, et le faire savoir à ceux qui ne l’ont pas encore fait. Le baptême en est l’expression physique – la carte d’adhésion, et la venue de l’Esprit Saint mènera à bien les changements de sa vie, en la plaçant à l’écoute et dans obéissance aux paroles de Jésus. C’est vraiment quelque chose d’intime, et pourtant qui se partage; se taire, c’est préparer la mort de la communauté, puisque les 3000 ne sont pas interpellés, ni baptisés. N’est-ce pas un sujet de prière pour notre église ?