14/05/2023 : Quelles conversions ?

Prédication du 14/05/2023 par le pasteur Marc LABARTHE

Apocalypse 16 Marc 13v21 – 27

 

Ces textes ++ ont souvent été pris pour développer les histoires tragique de la période finale, juste avant l’avènement de Jésus comme Seigneur du monde, au yeux de toute la création. Et c’est vrai qu’à leur écoute, ces textes évoquent des situations qui nous semblent de plus en plus réalistes quant à notre actualité climatique d’une part, et de révolte humaine d’autre part. Le texte de l’Apoc,
évoque plusieurs bouleversements qui modifient en profondeur la vie des humains, avec l’apparition de virus malins, la mort des eaux salées, l’assèchement des eaux douces, l’augmentation intolérable des rayons du soleil, les ténèbres et les soubresauts violents de la terre.

 

Notre climat change. C’est un fait que nous constatons depuis des décennies dans certains lieux, depuis quelques années à peine en d’autres lieux. Nous en sommes les principaux responsables en raison de nos émissions de gaz à effet de serre. Les faits à propos du changement climatique sont essentiels pour comprendre le monde qui nous entoure, et faire des choix éclairés concernant
notre avenir.

 

L’attention à la création n’a jamais cessé dans la tradition de l’Église, mais c’était davantage pour louer sa beauté, et rappeler l’attitude de jardinier conférée à l’humanité. Depuis une cinquantaine d’années, des théologiens des diverses confessions chrétiennes ont étudié l’importance du soin à apporter à la Création dans la pensée biblique. Peu à peu, des théologiens se sont intéressés au
réchauffement climatique et aux interrogations qu’il soulève au niveau de la foi chrétienne. Depuis lors, de nombreuses Eglises ont lancé des appels sur la question écologique.

 

Mais “Que peut nous apporter la Bible sur la crise climatique ?

 

Les questions liées au réchauffement climatique, que ce soient ses causes profondes ou les mesures que l’on peut entreprendre pour y faire face, ne sauraient être uniquement scientifiques, techniques ou  politiques. Elles ont une dimension profondément éthique et spirituelle, et les réponses que nous trouverons pour agir dépendent en grande partie de notre vision du monde, de notre
conception du monde.

 

En tant que chrétiens, nous croyons que Dieu s’est fait connaître à l’humanité au moyen de ses oeuvres, d’une part, et au moyen de la Bible d’autre part. La Bible nous révèle les origines et la destinée du monde,” ce qui nous donne “le sens même de l’existence. Elle nous révèle aussi les desseins de Dieu pour notre bien-être, celui de nos communautés et de toute la Création. Par conséquent, il est
logique que le chrétien trouve dans la bible, d’importantes pistes pour guider sa réflexion et son action concernant la crise climatique que nous traversons.

 

La Bible ne parle pas explicitement de la crise climatique actuelle” malgré un texte comme celui d’Apoc 16, “tout comme elle ne parle pas non plus de nombreux thèmes qui nous touchent pourtant tous les jours. Toutefois,” les orientations éthiques de nombreux textes bibliques “peuvent nous guider de manière concrète et pratique dans les questions de notre temps. Les chrétiens d’aujourd’hui” sont donc appelés à se “référer à ces principes pour comprendre, gérer et apporter des solutions concernant un grand nombre de défis récents” et actuels. Et l’un de ces défis concerne “le climat.

 

La crise climatique” peut être comprise aussi comme “reflet d’une crise spirituelle.

 

Car “jusqu’à l’ère moderne, les phénomènes naturels, et en particulier les phénomènes météorologiques et climatiques (par ex. les épisodes de sécheresse), étaient souvent perçus par les croyants comme l’expression directe de la volonté de Dieu. Un lien causal entre l’activité humaine et les phénomènes climatiques n’était pas observable, et donc pas considéré. De tels phénomènes étaient compris comme des punitions divines” contre l’oubli de Dieu et de ses directives, comme le dit bien Ap.16, “et des actes de repentance étaient demandés (par ex. Deut 28.15-22, 1 Rois 8.35-38, Joël 1.1-20, Amos 4.9, Jér 19.9, etc.).

 

Aujourd’hui, l’influence importante de l’humanité sur le réchauffement climatique actuel est scientifiquement démontrée. Cela pose des questions éthiques et théologiques centrales. Au niveau éthique, l’une d’elles est la remise en question de notre relation au progrès. Les avancées scientifiques et techniques des derniers siècles sont à l’origine de l’urgence climatique.” Mais attention, il ne s’agit pas
“de rejeter notre capacité humaine d’innover et de progresser. Il s’agit plutôt d’oser affirmer qu’il y des limites à choisir, et apprendre comment les respecter.”

 

Au niveau théologique, “tout comme Job n’a pas compris la signification de ses souffrances, nous devons également admettre que nous ne pouvons pas donner une interprétation théologique et spirituelle définitive, de l’urgence climatique actuelle. Néanmoins, nous devons nous poser des questions centrales: si l’humanité dont nous, chrétiens, faisons partie, a causé une si grave crise climatique, n’est-ce pas la conséquence de son éloignement de Dieu ? Quelle est notre désobéissance, à nous, chrétiens ? Et à quels changements de comportement doit mener notre repentance ? Certainement, nous avons voulu étendre nos richesses et notre puissance sans égards aucuns pour la création de Dieu. Mais Dieu peut utiliser cette crise pour nous rappeler nos limites de créatures. Et le fait que nous ne pouvons pas façonner le monde sans lui. (…)

 

Un certain nombre de principes se dégage donc de la Bible, dont celui de l’espérance. Notre “espérance chrétienne est fondée sur la promesse de Dieu de sa victoire définitive et entière sur la mort. Cette dernière semble triompher en paraissant être une fin inéluctable pour chaque créature. Et pourtant, Dieu a donné la vie et va la donner à nouveau. Nous, chrétiens, nous avons cette espérance
au-delà de toute espérance : être réunis avec Dieu et par sa vie, pour toujours.

 

Cette espérance nous accompagne et nous porte, malgré les hauts et les bas, les certitudes et les doutes. Or, comment pouvons-nous prétendre refléter un Dieu de vie et d’espérance, et en même temps adopter un style de vie menant au désespoir et à la mort ? Car c’est ce qui est en train de se passer pour de nombreuses personnes qui doivent fuir à cause de la montée des océans ou des températures si élevées qu’il est impossible de vivre en journée à l’extérieur.

 

Comment pouvons-nous cultiver une telle espérance” en nous – celle du Dieu qui nous promet la vie, “et pourtant continuer à fonctionner avec des habitudes de consommation ou de mobilité qui alimentent le désespoir de tant de gens” ailleurs ? Nous devons être “de véritables porteurs d’espérance, dès à présent. L’espoir n’existe que s’il nous porte aujourd’hui.” Quelles conversions allons-nous
entreprendre ? ou pour le dire de façon plus moderne : quelles transitions allons-nous entreprendre ?

 

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