11/05/2025 -calculer son salut !

prédication donnée à Saulce

L’ours, la fouine et le renard    

repris d’un texte poétique de Sylvain

Un froid matin d’automne, à l’heure où le marché ouvre ses portes à la Clairière des Marrons Ensoleillés, Ouzou, haut dignitaire parmi les ours, et préfet domanial parmi les grands de la cour de Sa Majesté le roi, Ouzou donc, faisait ses courses pour préparer sa léthargie coutumière. En effet, à l’orée de ce cycle saisonnier rituel, dont les heures deviennent sombres et les nuits élargies, l’ours voulait s’offrir un dernier repas, avant d’hiberner.

En face de lui, en qualité de vendeur, Maître Renard, la main grasse et au service de Sa Majesté le roi, ricana de servir le haut préfet de ces lieux, lui soumettant quelques remises intéressées sur des légumes saisonniers ; il espérait recevoir par là-même, quelques malhonnêtes privilèges. Ainsi, pensait-il :

« J’augmenterai mes revenus et passerai la prochaine saison à l’abri, dans un terrier aux branches de chêne ».

Le marché étant à la disposition de tous les habitants de ces bois, arriva promptement pour l’achat de quelques navets automnaux, Dame Fouine aux griffes ouvrières. La jeune dame sortait vaillamment de son champ, où elle creusait ardemment des sillons pour les plantations alimentaires de la haute société de ces bois.

Maître Renard, armé de son stratagème, l’arrêta et l’interpella en ces termes :

“J’ai en ma possession, chère amie, quelques légumes de mon potager, que j’ai réservés pour vous et votre famille, vos enfants ainsi que vos aînés. Sur cette balance de mon invention, je vous vendrai le poids de cette grasse jardinière pour quelques sous de vos ressources journalières. Déposez-y donc votre panier que j’en fasse la mesure. ”

Maître Renard s’empressa donc d’actionner la pédale, pour tarer à l’excès sa machine faussée, et s’octroyer par malice quelques frauduleux bénéfices. Le rouquin fit de même avec toutes les autres ouvrières passant à portée de sa voix, se frotta les mains et rentra chez lui, fier de sa bonne franchise.

Le lendemain advenant, comme le soleil le fait savoir à chaque nouveau rayon du matin, le goupil s’empressa d’aller à ses bonnes affaires, quand les lévriers en meutes entières l’interloquèrent sur ses ventes de légumes :

« Que se passe-t-il donc à votre étalage ? lui grognèrent les canidés, comme un seul chien. Notre bienfaiteur, le préfet Ouzou, a retardé son hibernation,  et se retrouve bien malade ce matin, pour une raison très étrange d’asticots malsains venant de vos végétaux d’étalages. De plus, les ouvrières de Sa Majesté ont baissé leur rendement et leur productivité journalière, pour une cause aggravée de malnutrition, venant de vos paniers ombrageux. 

Son Autorité a jeté, à juste titre, son discrédit sur votre valeur, et il vous démet de vos fonctions séculières, dont vous êtes devenu illégitime, et destitué à plein temps. Maître Chat Velouté, qui vous en dérobe la vertu, est un serviteur dont l’astuce et la ruse féline serviront nos greniers de plein droit ; ce poste en effet, ne vous était que bien mal réservé. »

Cette histoire, qui bien mal se termine, ou tout en bonne justice s’épanouit, nous parle de vérités bibliques concrètes et accomplies, car dans les Proverbes, il est écrit : “La balance faussée fait horreur à l’Eternel, mais un poids exact lui est agréable.”(20.10) De même ce livres de sentences ajoute : “Bien mal acquis ne profite jamais, seule la pratique de la justice délivre de la mort.”(10.2)

Vous en faut-il une autre, de ces paraboles revisitées ?
Alors voici : s’appuyant sur une exhortation de l’épître de Pierre :
Vous savez en effet que ce n’est point par des choses périssables – argent ou or – que vous avez été rachetés de la vaine manière de vivre, héritée de vos pères, mais par le sang précieux de Christ, comme d’un agneau sans défaut et sans tache. (1.18)

La tunique 12 février 2021 

repris et adapté d’un texte de Marina A

Je cheminais avec la foule vers le château du Roi, les bras encombrés des cadeaux que je comptais lui offrir. J’en étais très fière. Ils étaient ce que j’avais de meilleur. Après une longue marche, je fis une pause et m’assis au bord du chemin, tout près d’un torrent. Peut-être était-ce la réverbération de l’eau, mais je m’aperçus soudain que mes précieux présents étaient ébréchés, rouillés et déformés. Je les posai à terre et constatai, éplorée, que mes vêtements étaient eux aussi sales et abîmés. Je ne pouvais pas paraître ainsi devant le Roi ! Dans l’eau de la rivière, plus je m’évertuais à les laver, plus ils se salissaient et se déchiraient.

Je vis alors s’avancer vers moi le Fils-de-la-Lumière.

« Je voulais voir le Roi, me plaignis-je, mais ainsi, c’est impossible !

– Donne-moi ton vêtement.

– Il est si sale et plein d’épines ! protestai-je.

– Donne-le moi quand même. »

Je le lui remis, et les épines qui me griffaient lui déchirèrent la peau. Cependant, mon corps était encore plus sale que mon vêtement. Je descendis dans la rivière et me mis à me frotter avec de l’eau, de la boue, des pierres. Rien à faire. Je jetai un œil désespéré vers le Fils-de-la-Lumière. Il me fit signe d’approcher. Je remarquai alors qu’il avait rempli un bol du sang qui avait coulé de ses blessures. Il le versa sur moi. Aussitôt, toute la saleté disparut et mes vieilles meurtrissures commencèrent à guérir. Il me mena un peu plus loin et j’observai comment on fabriquait une tunique d’une blancheur éclatante. Je la contemplai sidérée. Je n’avais jamais rien vu de si pur. Mon guide m’expliqua qu’on ne pouvait entrer chez le Roi sans porter un vêtement semblable.

« Est-il difficile à obtenir ? demandai-je.

– Très, me répondit-il sérieusement. Le fil provient d’une vie composée uniquement de secondes parfaites.

– Uniquement ?

– Si une seule seconde présentait le moindre défaut, tout le fil serait bon à jeter. »

Je pensai à ma propre vie qui ne comportait, je le savais, bien peu de secondes parfaites.

« D’où vient ce fil ? l’interrogeai-je.

– De ma vie » me répondit-il. Il prit le vêtement et me le tendit. « Je te le donne. »

Je regardai intensément mon interlocuteur. Une joie immense rayonnait de ses yeux tandis qu’il me revêtait de cette tunique resplendissante. Une tunique tissée avec une vie parfaite.

« Ne veux-tu pas la garder ? demandai-je d’une voix hésitante.

– Je l’ai préparée exprès pour toi ! »

Alors je me prosternai à ses pieds, me serrant dans mon nouveau vêtement. Je sentais combien chacune des secondes dont il était tissé était plus pure et plus importante que tous mes efforts et toute ma vie.

« Viens, me dit-il. Allons vers mon Père. »

Avant de le suivre, je jetai un dernier regard aux objets que j’avais pensé lui offrir. Ils formaient sur le sol un tas immonde. Heureuse du changement reçu, j’emboîtai le pas à mon guide. Peu après, je foulai les dalles d’un palais si magnifique que son éclat aurait consumé quoi que ce soit d’impur.

« Mon Père, voici mon amie. Mon sang l’a lavée et ma vie l’habille. Elle m’a suivie, accueille-la comme tu m’accueilles. »

Le Roi et son Fils se regardèrent avec un amour incommensurable et un respect sans égal. La lumière de leur communioin devenait presque aveuglante. Ils se souvenaient d’une certaine longue histoire… Puis le Roi ouvrit les bras, le visage souriant « Bienvenue, mon enfant ! »

 

Télécharger le texte en PDF

Textes originaux disponibles ici :

https://plumeschretiennes.com/author/sylvaindacosta20/

https://plumeschretiennes.com/author/dydyma/

Contact