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19/05/2024 : agence des merveilles divines
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Prédication du 19/05/2024 par le pasteur Marc LABARTHE
La fête de Pentecôte : qu’est-ce que vous faites chez vous, ce jour-là ? mettez-vous des guirlandes comme à Noël, et allumez-vous des bougies, et préparez-vous des cadeaux et un bon repas genre dinde rôtie ? ou peut-être essayez-vous de rappeler une autre fête, avec des oeufs et des lapins si possible en chocolat, et un repas festif réunissant la famille ? Quel signe extérieur permet de rendre compte que nous sommes dans le temps de Pentecôte ?
En fait, pour Pentecôte —comme pour l’Ascension d’ailleurs, nous n’avons pas de traditions, qui auraient surgi de nos cultes et qui déborderaient l’Eglise, jusque dans le schéma de consommation de notre société. Alors que Noël et Pâques, y a pas photo ! Et pourtant, n’aurions-nous pas un point de rencontre de ces 2 fêtes et de nos vies sociales? Un petit quelque chose auquel nous ne pensons pas de prime abord, parce que ce n’est pas ce que nos Eglises mettent en avant, loin de là ! A trouver dans le texte que nous avons lu !
Essayons de le cerner en parlant de la Pentecôte – le mot vient du grec pentékostè, signifiant « cinquantième ». C’était une fête juive célébrant la récolte du printemps et la révélation de la Loi sur le mont Sinaï. Dans le récit de la Pentecôte du NT que seul Luc raconte, le Saint-Esprit est descendu sur 120 croyants à Jérusalem le 50e jour après la résurrection de Jésus. L’Esprit leur a donné plusieurs choses : l’envie de se lever et de sortir de leur lieu de culte, le pouvoir de parler des grandes actions de Dieu, à tous les juifs de passage; l’Esprit a encouragé l’apôtre Pierre à prêcher à une foule déconcertée et moqueuse, et il a attiré 3000 convertis en un seul jour. Ils auraient même été baptisés dans la foulée.
Pour les chrétiens, la Pentecôte marque l’anniversaire de l’Église. Et c’est un anniversaire qui a une histoire fantastique, avec des détails qui défient l’imagination: Des langues de feu. Des vents impétueux. 120 personnes qui parlent en même temps à qui mieux-mieux. Des accusations d’ivresse, et des questions incrédules. Des baptêmes de masse. On pourrait passer des heures à déballer ces détails.
Or l’Eglise n’a finalement gardé aucun de ces détails fabuleux pour en faire une identité de cette fête de la Pentecôte. On parle certes de la venue de l’Esprit lors du culte de ce jour, mais cela reste un discours, une prédication, cela n’a pas d’impact, ni dans l’église ni dans nos familles, ni dans la société. Où alors, c’est qu’on ne voit plus ce qu’il en est.
Pourtant, quelques églises ici ou là, quelques paroisses, ont tenté de garder ce point particulier, et cela même non loin de nous ; mais avec de profondes difficultés pour y arriver, parce que la plupart de ceux qui portent le nom de chrétiens ont choisi de mettre l’accent sur un aspect plus personnel et moins communautaire.
Reprenons le texte. Nous avons lu {avec quelques difficultés}, la présence de nombreuses cultures, et le texte insiste en les citant toutes : Elam, Mèdie, Cappadoce, Egypte, Cyrène, Lybie, Rome, Arabie…16 ! Puis l’auteur précise que ce ne sont pas tous des juifs, mais qu’il y a des non-juifs de naissance qui sont des prosélytes du judaïsme. Cette grande diversité d’origine culturelle couplée au fait que ce sont aussi bien des juifs de naissance que des païens attirés par le judaïsme, veut attirer notre attention sur une extraordinaire capacité réussie en ce jour-là. C’est le fait que l’Esprit saint fait parler 120 personnes dans la langue maternelle de chacune de ces cultures.
Nos pasteurs ont souvent parlé de la Pentecôte comme du renversement de Babel, le récit de l’A.T. dans lequel Dieu divisait et dispersait les communautés humaines en multipliant nos langues. En réunissant ces gens éclatés dans le monde, à Jérusalem et en leur faisant entendre les merveilles de Dieu, c’est comme si Dieu réunissait à nouveau les peuples divisés et dispersés.
Mais en fait, la Pentecôte n’a pas renversé Babel ; bien au contraire, il l’a perfectionné et béni. Lorsque le Saint-Esprit est venu, il n’a pas rétabli l’humanité dans un langage commun ; il a déclaré toutes les langues, saintes et également dignes des histoires de Dieu. Il n’a établi ni l’hébreu, ni le latin, ni le syriaque ni l’anglais ni le français comme langage officiel de son peuple. L’Esprit a intégré le multilinguisme dans le tissu même de l’Église: v11 nous les entendons parler dans nos diverses langues des grandes œuvres de Dieu !
Nous savons tous, que nous jouons parfois avec les mots de notre langue, que nous créons des phrases à double sens ou des calembours, et que ce n’est pas toujours facile à expliquer à quelqu’un d’une autre culture, parlant une autre langue, qui a aussi les mêmes capacités dans sa propre langue : il pleut des cordes, un soleil de plomb…
L’autre face de cet accueil qu’assure l’Esprit saint, c’est le fait que les disciples ont parlé en ces autres langues, et ils ont été compris. Ce qui attire les gens c’est le bruit, mais ce qui les trouble, c’est le fait qu’ils comprennent. Ce n’est pas le contenu qui les surprend, mais la clarté du message dans leur langue maternelle. Ce que les foules ont trouvé déconcertant, c’est que Dieu vienne leur parler dans leur propre langue locale. Qu’il les rencontre avec des mots et des expressions évoquant leurs lieux de naissance, leur éducation, leurs villes, leurs cultures d’origine. Dieu te rejoint chez toi ; il ne te fait pas sortir de ton origine pour intégrer une identité étrangère, mais il vient marcher avec toi pour vivre de son Evangile.
L’Esprit saint est le premier à inciter au tourisme mondial avec un objectif de visiter toutes les nations et d’y faire connaître les merveilles de Dieu. La Pentecôte devient ainsi l’agence touristique de Dieu, pour que ses enfants sortent avec hardiesse et visitent les foules, sans y traîner leurs casseroles parpaillotes, mais pour accueillir l’identité du voisin, dans ce qu’il a de plus intime, et ensemble chercher les points de rencontre autour du Christ Jésus.
Si notre société a détourné l’élan missionnaire de l’Eglise pour en faire une ressource égoïste de plaisir et de revenus, le fait d’aller vers les autres est fondamentalement inscrit dans les gênes de tout chrétien qui prie D-PFSE. La Pentecôte devrait nous faire sortir de nos habitudes, nous jeter sur les routes, pour aller rencontrer les autres et leur parler des choses glorieuses de Dieu, dans leur langue. C’est-à-dire ne pas les amener à soi, à nos croyances et nos dogmes, mais les inviter à découvrir l’amour de Dieu pour eux et nous.
C’est ainsi que les milliers de km de bouchons sur les routes lors de l’Ascension et de la Pentecôte peuvent rappeler aux chrétiens que nous sommes, l’importance d’aller à la rencontre les uns des autres, non pas égoistement dans nos bagnoles, mais ivres de l’Esprit d’amour et de joie, pour des rencontres inattendues.