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12/12/2021 : le temps nouveau
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Prédication du 17/06/2023 par le pasteur Marc LABARTHE
Les 4 dimanches qui précèdent Noël ne nous proposent pas de construire un village de santons autour d’une étable avec une mangeoire vide; les textes bibliques, que ce soient les prophètes, les évangiles ou les épitres, regardent vraiment ailleurs. Ils nous font entrevoir un bouleversement bien au-delà de notre temps. Ils nous entraînent dans le projet que Dieu veut réaliser au-dela du temps, et que Jésus a contribué à mettre en oeuvre, selon l’espérance chrétienne.
Depuis le premier Avent, nous sommes accompagnés par les textes du 1er testament, à savoir les prophètes Jérémie, puis Esaïe, et aujourd’hui Sophonie. Ces prophètes ont tous annoncé le changement radical, la conversion dont toute la création a besoin pour retrouver la vie, pour entrer dans une joie et une paix renouvelées. Ce regard porté sur le changement que Dieu veut amener, est au coeur des 4 dimanches de l’Avent.
Car l’Avent, dans l’histoire de l’Eglise, est d’abord un temps d’attente, non pas de Noël, mais de Celui qui va advenir à la fin des temps. Or, au coeur de cette attente, se trouve un temps de préparation – un temps de mise en ordre pour la venue du Seigneur. L’Avent est un temps pour entrer dans la restauration promise par Dieu, lui qui offre la paix et surmonte toute violence, et dont l’amour parfait vient chasser la peur. Cela ne fait qu’à peine une centaine d’année, que nous oublions de plus en plus cette dimension de la fin des temps, entrainés que nous sommes par la société qui prépare le bling bling sentimental de noël.
Sophonie annonce le jour du Seigneur, comme un jour de grand sacrifice, ce qui signifie un temps de nettoyage radical, qui passe par l’éradication du mauvais, le 1er aspect. Il annonce que les adversaires de Jérusalem, à l’extérieur comme à l’intérieur, seront détruits, et Jérusalem avec, car elle n’en a rien à faire de son Dieu: v2 Elle n’écoute rien, elle ne veut pas recevoir l’instruction, elle ne met pas sa confiance dans le SEIGNEUR, elle ne s’approche pas de son Dieu. Et au v8, j’ai résolu de réunir les nations, pour rassembler à moi les royaumes, pour répandre sur eux ma fureur, ma colère ardente ; car par le feu de ma passion jalouse tout le pays sera dévoré. Le prophète annonce la destruction de ce qui est mal édifié, un immense chantier qui doit abattre les malfaçons et les constructions illégales, réduire au bulldozer tout ce qui défigure l’humanité.
La parole de Sophonie va s’accomplir : Juda sera anéanti, et Jérusalem détruite, exil à Babylone de la population locale, et surtout de l’élite judéenne survivante, princes, prêtres, anciens, propriétaires ; c’est la fin de tout ce qui n’est pas digne du Seigneur, de tout ce qui n’est pas conforme à sa volonté. Ne resteront sur place que les plus démunis, dispersés dans les collines… Je laisserai en ton sein un peuple pauvre et faible dit Dieu au v.12. Et dans la foulée, les autres nations subiront le même sort à leur tour, assure le prophète.
Sophonie annonce le jour du Seigneur, comme un jour de grand sacrifice, ce qui signifie un temps de grand nettoyage, avec le 2nd aspect, la restauration du bien. Ce jour de feu est en fait destiné à purifier, à redonner de l’éclat, à restaurer en enlevant les couches de vernis et de plâtre. Comme le dit le v.9 Alors je rendrai pures les lèvres des peuples, pour qu’ils invoquent tous le nom du SEIGNEUR (YHWH) en le servant dans un même effort… et il ne se trouvera plus dans leur bouche une langue trompeuse (v13).
Voilà où le Seigneur veut en venir. Le jour du Seigneur n’est pas que l’apocalypse de la société, et du monde, au sens anéantissement ; mais c’est avant tout la volonté de faire apparaître ce qui est caché et qui est beau, ce qui a été oublié et qui est essentiel – une apocalypse au sens biblique du terme : révélation de ce qui est encore caché à nos yeux et à nos coeurs. En ce jour-là, tu n’auras plus honte de tous les agissements par lesquels tu t’es révoltée contre moi, dit Dieu (v11). En ce jour, Dieu va dégager un peuple composé de tous ceux qu’on humiliait, en particulier ceux que les richesses matérielles autant que spirituelles, des autres repoussaient et faisaient trembler (v13). Le jour du Seigneur deviendra pour eux jour de lumière. Les humains retrouveront entre eux une parole droite et simple, sans arrière-pensée, sans soupçon, sans jugement.
Nous devons être attentifs à ces paroles de restauration du prophète, après celles où il annonçait la destruction. Parce qu’elles ne concernent pas que les habitants de Jérusalem, ou de ce qu’il en reste. Son regard englobe les nations alentours (Moab, Edom, Babylone, Egypte), tout en gardant en point de mire Jérusalem. En fait, la restauration du peuple d’Israël ne peut pas avoir lieu sans la restauration des peuples du monde entier. Il y a une corrélation unique entre ces 2 groupes ; l’un ne peut aller sans l’autre. En ce jour-là, il n’y aura pas que la destruction de l’un et pas de l’autre, ni la restauration de l’un et pas de l’autre.
Bien sûr que Sophonie s’adresse avant tout à Jérusalem, parce qu’il vit là, et qu’il voit et discerne ce que Dieu prépare pour le peuple de Juda. Mais il élargit aux peuples alentours, aussi bien le jugement de condamnation que le jugement de restauration. Il peut ainsi écrire En ce temps-là, je vous ramènerai, en ce temps je vous rassemblerai ; car je ferai de vous un nom et une louange parmi tous les peuples de la terre, lorsque sous vos yeux je rétablirai votre situation, dit le SEIGNEUR. (v20) Les peuples seront aussi changés pour entrer dans la louange.
Et Sophonie de préciser le pivot de ce changement radical, qui n’est pas l’oeuvre de l’humain d’aucune sorte, incapable d’y parvenir par lui-même. Si Dieu a laissé faire la destruction, il sera par contre lui-même présent pour assurer la restauration et la permanence du renouveau : v15+17: Le SEIGNEUR a écarté de toi les jugements, il a détourné ton ennemi ; le roi d’Israël, le SEIGNEUR, est en ton sein ; tu n’as plus de malheur à craindre. 17 En ton sein, le SEIGNEUR, ton Dieu, est un héros sauveur ; il fera de toi sa plus grande joie ; il gardera le silence dans son amour ; il poussera des cris d’allégresse à ton sujet.
En ce temps-là qui doit advenir, le Seigneur Dieu est celui qui sera présent au milieu de son peuple, à savoir tout humain qui le vénère; il le restaure, il le remplit de joie, il le comble de consolation, il l’entoure d’amour. Ça c’est un vrai cadeau !
En ce temps-là, temps que l’Avent fait entrevoir, le Seigneur ramène et rassemble tous ceux qui sont humbles, tous ceux qui acceptent ce travail de nettoyage en eux et autour d’eux, afin que le roi de gloire mette sa lumière dans leur vie.
L’Avent est un temps pour regarder vers la restauration promise par Dieu. La réflexion des prophètes et de l’Eglise se veut bien plus large qu’une veillée de Noël ; elle veut nous entraîner jusque dans la nouvelle Jérusalem, cette cité où Dieu règne dans l’amour, où le Christ Jésus rétablit l’humanité/la création et les remplit de sa joie. Oui, avec Sophonie, l’Avent entraîne notre regard au travers des souffrances du monde, pour le focaliser sur la cité de lumière où Dieu veut être tout en tous.
amen