^{Actes 6, v 1 à 7}

Echanges en 2 séries de questions sur le texte

• Dans les 1ers chap des Actes, Luc nous présente une église quasi idéale, une sorte d’avant-goût éblouissant du Royaume de Dieu : ils étaient tous assidus aux prières, etc. Cette image d’une église euphorique n’a jamais cessé de hanter nos rêves, avec le désir de retrouver cet idéal, gâché par les infâmies des chrétiens au cours des siècles.

• Et voilà que Luc nous présente une situation conflictuelle, de manière « soft » – il adoucit les angles : Des femmes et des hommes bougonnent et râlent ouvertement, parce qu’ils n’ont pas ce dont ils ont droit. Et cela bien qu’ils aient signé le même engagement ! Et il semble même que les apôtres en personne commettent cette injustice — au pire, ou se laissaient aller à ce favoritisme – pour le moins.

• Les femmes oubliées dans le service de nourriture cumulent les handicaps : femmes, veuves, et immigrées, ne parlent pas (français) l’hébreu, mais le grec. Alors c’est facile pour les apôtres qui parlent hébreu de passer à côté d’elles… Or l’AT souligne que les veuves, les orphelins et les étrangers, parce qu’ils sont souvent méprisés et exclus, Dieu défend leurs droits et demande à son peuple d’y faire particulièrement attention (Dt.10/18, 14/29 etc). Et Jésus rappelle que mépriser un petit, c’est mépriser Dieu lui-même (Luc 9/47-48, 18/15-17).

• Or, avec les langues, c’est aussi les mentalités et les cultures qui diffèrent. Cela se sent peut-être dans la manière dont les 12 s’expriment. D’ailleurs à Jérusalem déjà, il y avait différentes synagogues selon les pays d’origine des Juifs (16/9). Rien n’a vraiment changé depuis lors, quand on voit la diversité des églises autour de nous, et les blocages dès que l’on change un ordre liturgique ou qu’on introduit un chant nouveau. Les ségrégations culturelles étaient bien présentes dans la vie de l’église primitive, comme aussi chez nous.

• Mais ce qu’il faut remarquer, c’est la réaction des apôtres. Aussitôt, on convoque une assemblée plénière pour résoudre la difficulté. Cela ne traîne pas, une fois la situation dévoilée. Peut-être s’inspirent-ils de Moïse qui a bénéficié des conseils de son beau-père non-juif pour établir des hommes capables de l’assister dans la gestion du peuple dans le desert.

• La proposition des apôtres trouve bon accueil, et c’est l’assemblée qui choisit. Les 7 élus, porteurs de noms grecs, sont donc des Hellénistes : on confie ainsi l’arbitrage, au groupe qui s’estimait lésé ! Il n’y a pas de proportionalité en introduisant des locaux. Cependant, cette répartition des tâches ne réduit pas les 7 élus à devenir commis de cuisine ou serveurs de restaurant : leur reconnaissance dans cet appel comporte l’imposition des mains : un signe que leur charge est une responsabilité spirituelle, importante pour la vie communautaire.

Ainsi, un trop de monde qui se convertit, aboutit à un manque dans le partage du minimum vital ; ou un manque de temps pour assurer correctement le travail aboutit à un trop égoïste et sélectif dans le partage vital. 

Mais l’écoute des récriminations aboutit à mettre tout le monde au parfum, sans cacher les intérêts propres aux apôtres, et la solution est entérinée par l’assemblée; c’est encore elle qui assure le choix, et non les apôtres !

L’actualisation décalée, est volontaire, au sujet de ce temple, pour nous faire réagir et assurer quelques propositions, qui seront travaillées par la suite.

Alors je ne ferai pas de proposition ce jour, mais le CP veut bien recevoir par écrit toutes vos idées, quelles qu’elles soient !

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