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27/02/2022 : Actes 15v1à8 – vivre ensemble
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Prédication du 17/06/2023 par le pasteur Marc LABARTHE
Introduction :
Ce matin en venant vers vous , je n’ai pas eu de grande révélation, je n’ai rien vu écrit sur les murs de la chambre de la famille Mery, qui nous a accueille, comme jadis les prophètes, je n’ai pas eu d’’illumination particulière, j’aurai aimer, cela aurait était plus facile, mais je viens vers vous avec simplicité, avec humilité partager quelques convictions qui m’habitent qui se sont construites, forgées dans la durée qui sont le fruit d’une expérience, d’un vécu qui me permet aujourd’hui de dire encore et toujours que l’Evangile est bon pour l’homme, ici et ailleurs, qu’il transcende nos vies et qui nous permet de Vivre et d’Espérer.
Les textes qui se sont imposés à moi et que nous avons lu, sont des récits qui mettent en tension plusieurs expressions du vécu de ses jeunes communautés naissantes qui ont était au bénéfice de l’appel lancé jadis par Jésus « Allez chez tous les peuples pour que les gens deviennent mes disciples » que se soit à Antioche de Syrie, à Jérusalem, ou à Rome.
On a souvent idéalisé ces communautés, et pourtant elles connaissent et sont sujettes à de vraies turbulences, elles sont confrontées à de nombreuses difficultés capables à chaque instant de les faire éclater citons en quelques-unes :
Malgré ce tableau peu idyllique résonne en nous ce verset du chapitre 9/31 du livre des Actes « Dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie, l’Eglise jouissait alors de la Paix. Elle grandissait dans la foi, vivait dans l’obéissance au Seigneur et s’accroissait en nombre, grâce au soutien du St Esprit. »
Cette citation nous fait rêver, tout parait calme, évident, il suffit de se laisser porter par cette dynamique évangélique. Pour traiter tous ces problèmes, une Assemblée est convoquée avec comme ordre du jour. Faut il circoncire ou non les non juifs ? Cela nous paraît bien loin de nos préoccupations actuelles et pourtant.
La plupart des commentateurs s’accordent pour dire que la scène se passe à Jérusalem aux alentours des années 70 après JC du moins avant la destruction du Temple. Même en relisant attentivement ces nombreux versets des Actes des Apôtres, je ne suis pas sûr que nous mesurions bien le fossé qui séparait les deux mouvements principaux de l’Eglise à ce moment. Nous aurions tendance à classer le mouvement dont Jacques le frère du Seigneur semble être le principal responsable, comme étant rétro et condamné à disparaître.
Nous oublions que pour ces premiers chrétiens, d’origine juive, c’était un drame spirituel que d’envisager que des gens non circoncis, qui ne respectent pas la loi de Moïse puissent entrer en contact avec le Dieu Saint, le Dieu de leur père. Ils avaient baigné toute leur vie dans les enseignements de la synagogue, ils avaient appris à manger casher, et voilà tout d’un coup on changer les règles du vivre ensemble, on leur demande de vivre en communauté avec des gens qui sont sans loi ou du moins qui interprètent la loi différemment. Dieu n’aurait plus les mêmes exigences. Chacun fait sa loi. Mettez vous à leur place. Même si tout n’est pas transposable, et à divers degrés, j’ai un peu vécu cela en partant en mission
Paul et Barnabas qui représentent une autre façon de vivre la communauté en fonction de leur expérience un peu charismatique ont bien compris que l’Eglise ne peut pas devenir une synagogue bis. Les deux apôtres discernent bien le danger pour l’Eglise de mélanger les genres, les théologies,. C’est tout le débat de l’Epître aux Hébreux avec des passages dramatiques je cite « il n’est pas possible que ceux qui ont été éclairés et qui sont retournés aux anciennes pratiques puissent retrouver le salut. »
Deux thèses fortes et fondamentales qui s’opposent dans lesquelles se mêlent de la théologie, de la culture, des personnalités si fortes, des habitudes, des us et coutumes si encrées. On se lance des anathèmes, on s’excommunie. Et pourtant personne à tort. Chacun veut organiser l’Eglise en fonction de son histoire, de son expérience spirituelle. On peut se tromper en étant de bonne foi.
Pierre explique, Paul et Barnabas argumentent. Jacques fait une proposition d’ordre du jour comme on dit aujourd’hui. Depuis, de nombreuses Eglises se sont divisées pour bien moins que cela. Ce qui me semble époustouflant et qui m’a interpellé et porté durant mes séjours en mission, c’est la manière dont les apôtres et l’Eglise, à ce moment là ont su transformer ce qui était un grand risque d’altération et d’appauvrissement de la communauté en une dynamique de croissance, d’encouragement mutuel.
Dans ce processus de réhabilitation j’ai trouvé trois étapes :
Ces trois étapes nous serviront maintenant de fils conducteur.
I) Ils ont su s’écouter. En Acte 15/12 il est nous dit « on se tue pour écouter » c’est ce miracle de l’écoute vraie qui a contribué à cette Eglise de sortir de l’impasse et de faire un pas de plus. Ecouter ce n’est pas le silence, le vide, ou le mutisme ou de laisser parler l’autre pour qu’à bout d’argument je puisse à mon tour être plus incisif.
Lors de mon séjour en Guyane, j’ai était invité par l’évêque qui d’ailleurs a vécu avec Nelson Mandella, au synode de l’Amazonie, pour exprimer et dire ce que j’en pensais. Le thème principal de ce synode était le cri, j’ai entendue le cri des peuples du fleuve, de la terre, après chaque cri l’assemblée devait faire silence durant 4 minutes, pour entendre certes la plainte, mais aussi accueillir les motions de l’esprit. Je fus édifié, par la méthode, mais aussi par ce qu’une écoute active peut générer pour vivre la communion.
Ecouter est cité 130 fois dans l’écriture et dans ce seul chapitre 15 des Actes des Apôtres il est repris 7 fois sous une forme ou sous une autre. Ce terme vient du latin ausculterai qui a donné en français le mot ausculter, c’est-à-dire prêter l’oreille pour entendre, savoir reconnaître. Un peu comme le stéthoscope des soignants qui leur permet d’écouter ce qui est anachronique Cette écoute est liée au discernement (diakrino en grec), c’est distinguer entre et à travers, faire la différence. Réciproquement celui qui ne peut plus écouter son frère finit par ne plus pouvoir écouter Dieu lui-même. Il fait les questions et les réponses. Il se parle à lui-même. Celui qui estime son temps trop précieux pour pouvoir le perdre à écouter les autres n’aura en fait jamais de temps pour Dieu et le prochain. Celui qui parle sème et celui qui écoute récolte.(Socrate)
II) Cette écoute active à ouvert un chemin à une deuxième étape, c’est la possibilité de s’accepter les uns les autres. C’est peut être ce que j’ai appris aussi en partant en mission. Ne pas projeter systématiquement tout ce que j’ai vécu ici. Toutes les personnes et les peuples ont une histoire, une spiritualité.
Notre récit nous dit que les nouveaux convertis ne sont pas obligés de devenir juifs, mais en même temps on se met d’accord sur un minimum vital. Ce qui m’a frappé dans ce texte. C’est le souci et la volonté des apôtres de préserver l’unité de l’Eglise, mais aussi de s’ouvrir à l’universel tout en ayant le souci de l’Unité, Croissance et Paix qui sont les trois mots clefs de ce débat qui résonnent en moi encore ce matin.
J’ai retenu qu’à travers cette Assemblé de Jérusalem il y a eu une recherche et un appui biblique, mais aussi une recherche de compréhension spirituelle. Qu’est que l’Esprit dit à l’Eglise un peu comme dans les 7 églises de l’Apocalypse, mais aussi une recherche humaine avec sa raison, son intelligence, sa foi. On laisse le terrain du vraie et du faux pour s’orienter vers une dynamique qu’est ce qui est bon pour la communauté. Qu’est qui fait grandir. Et qui nous permet de dire Amen ensemble.
Il me semble que nous devons rechercher notre assisse sur ces trois points en évitant d’utiliser l’écriture à des fins partisanes pour éviter le légalisme. De ne pas tomber aussi dans l’illuminisme, en utilisant le St Esprit pour faire de l’arithmétique spirituelle. Ou dans un humanisme, un rationalisme forcené qui fasse force de loi, et qui soit la seule grille de lecture.
L’histoire à une suite c’est mon troisième point
III) ils se portent les uns les autres. Les membres de la communauté d’Antioche qui étaient en conflit avec celle de Jérusalem vont organiser pour cette église une collecte de solidarité pour pallier les caprices de la nature (Jérusalem a subit des épidémies, cela ne vous rappelle rien…). De l’action naît aussi la communion.
L’un de mes théologiens préféré Dietrich Bonhöeffer (dans son livre de la vie communautaire) dira qu’entre Dieu et moi il y a le frère ; qui m’est donné comme un prochain. Comme une icône de l’humanité. C’est avec lui qu’il faut composer.
L’Eglise n’est pas un parti politique ou une amicale des anciens amis de Jésus ou l’on se coopte. Dans cette église nous nous ne sommes pas choisi. Mais c’est le Christ qui nous a appelle et nous a mis ensemble pour former un peuple, que se soit ici où à 20 000 kms. Peut être et sans doute que mon prochain est un fardeau. Il serait aisé d’éviter ce fardeau, en cherchant à le formater à mon image. Par liberté du prochain, j’entends tout ce qui constitue sa nature profonde, ses qualités, ses charismes mais aussi ses faiblesses ses bizarreries qui mettent tellement notre patience à l’épreuve. On a plus envie de lui imposer le pied que les mains. Se porter les uns les autres voilà aussi ceux qui nous est demander. (voir Rm 15/1-2)
Au terme de cette méditation je me sens interpeller par cette question : Où sont encore mes fidélités de quoi je les nourris. Qu’est ce que je joue dans mes décisions. Est ce que cela va produire de l’unité, de la croissance, de la paix.
Pour terminer et non conclure, je souhaiterai reprendre le texte qui à était cité au début de cette méditation et qui peut être aussi une parole d’espérance et une feuille de route pour chacun d’entre nous.
« Dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie, l’Eglise jouissait alors de la Paix. Elle grandissait dans la foi, vivait dans l’obéissance au Seigneur et s’accroissait en nombre, grâce au soutien du St Esprit. » C’est mon vœu et ma prière.
Que Dieu nous donne la force de nous écouter, de nous accepter, de nous supporter les uns les autres et d’avancer, car l’avenir nous appartient.
Je ne vous dis pas amen mais bon courage.
Faisons silence. Chantons « Sur ton Eglise universelle »