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22 janvier 2023 : faire du bien
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Prédication du 22/1/2023 par le pasteur Marc LABARTHE
Esaïe 1, 12-18 & Luc 10, 25 et 30
12 Quand vous venez pour paraître en ma présence, qui vous demande de fouler les cours de mon temple ? 13 Cessez d’apporter des offrandes inutiles : l’encens est pour moi une abomination ; quant aux nouvelles lunes, aux shabbats et aux convocations, je ne supporte pas le mal avec les assemblées solennelles. 14 Je déteste vos nouvelles lunes et vos rencontres festives, elles me pèsent ; je suis las de les supporter. 15 Quand vous tendez les mains, je ferme les yeux pour ne pas vous voir ; quand bien même vous multipliez les prières, je n’entends pas : vos mains sont pleines de sang. 16 Lavez-vous, purifiez-vous, ôtez de ma vue vos agissements mauvais, cessez de faire du mal. 17 Apprenez à faire du bien, cherchez l’équité, redressez l’oppresseur, rendez justice à l’orphelin, défendez la veuve.
25 Un spécialiste de la loi se leva et [] dit à Jésus : Et qui est mon prochain ? 30 Jésus reprit : Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho. Il tomba aux mains de bandits qui le dépouillèrent, le rouèrent de coups et s’en allèrent en le laissant à demi-mort.
Selon Ésaïe, Dieu veut que la tribu de Juda ne se contente pas de pratiquer la justice, mais qu’elle adopte le principe de toujours faire ce qui est juste. Dieu ne veut pas seulement que nous nous occupions des orphelins et des veuves, mais que nous fassions aussi et dans le même temps, ce qui est juste et bon pour eux et pour toute personne mise en marge par la société. En hébreu, (bon=tob) «agir bien » se dit « ytab ». Ce mot signifie être heureux, joyeux, agréable, bien faire, faire quelque chose de beau.
Être chrétien signifie être un disciple. Tous les chrétiens se rassemblent pour écouter la Parole de Dieu, apprenant ensemble ce que signifie faire le bien et aussi, qui a besoin de cette solidarité. Alors que la société accentue l’indifférence aux besoins des autres, ne proposant que le bénéfice individuel et personnel, pour son petit clan, nous, les enfants de Dieu, devons apprendre à prendre fait et cause pour nos frères et sœurs opprimés, et même davantage, tout être humain, et aujourd’hui aller jusqu’à défendre la création, en interpellant ceux qui sont au pouvoir et, quand cela est nécessaire, en défendant leur cause afin qu’ils puissent vivre en paix et dans la justice. Si nous le faisons, nous ferons toujours ce qui est juste !
Notre engagement à éradiquer ce poison et ce mensonge qu’est le racisme et toutes ses ramifications, et à guérir de ce péché qui nous habite encore, exige que nous soyons prêts et disposés à instaurer des liens avec nos sœurs et frères chrétiens, de toutes les églises et de toutes origines.
Et la question de l’homme de loi à Jésus devrait aussi être la nôtre pour réveiller nos engagements : Et qui est mon prochain ? La réponse de Jésus nous appelle à voir au-delà des divisions de la religion, de la tribu ou de la nationalité, pour reconnaître notre prochain dans le besoin. Les chrétiens également doivent regarder au-delà de ces barrières, et des divisions au sein de la famille chrétienne pour reconnaître et aimer leurs frères et sœurs en Christ.
Prions :
Seigneur, tu as appelé ton peuple de l’esclavage à la liberté, peuple hébreu d’une part, et peuple de toutes les nations, d’autre part. Donne-nous la force et le courage de chercher ceux qui ont besoin de justice. Fais que nous voyions ce besoin et sachions offrir notre aide, accepter de déplacer nos actions en leur faveur, et par ton Esprit Saint, rassemble-nous dans l’unique troupeau de Jésus Christ, le berger qui rassemble, notre berger. Amen
Psaume 137. 1, 3-4
Près des fleuves de Babylone, là-bas, nous étions assis et nous pleurions en nous souvenant de Sion. [] 3 Là, nos vainqueurs nous demandaient des chants ; nos bourreaux, de la joie : Chantez-nous des chants de Sion ! 4 Comment chanterions-nous le chant du SEIGNEUR sur une terre étrangère ?
Luc 23,27-28
27 Une grande multitude du peuple et de femmes le suivait ; celles-ci se frappaient la poitrine et se lamentaient sur lui. 28 Jésus se tourna vers elles et dit : Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ; mais pleurez sur vous et sur vos enfants !
La lamentation du psalmiste remonte à l’exil de Juda à Babylone, mais la douleur de l’exil résonne à travers tous les temps et les cultures, certaines plus fortes que d »autres. Peut-être le psalmiste a-t-il crié sa complainte en se tournant vers les cieux. Peut-être chaque verset a-t-il été clamé au milieu d’amers sanglots et d’un profond chagrin.
Peut-être ce poème a-t-il été composé dans un haussement d’épaules de résignation, que seuls une existence vécue dans l’injustice et un sentiment d’impuissance à changer les choses de manière significative, peuvent susciter. Quelle que soit la manière dont ces mots ont été prononcés, la douleur de ce passage trouve un écho dans le cœur de ceux qui sont traités en étrangers dans d’autres pays, ou parfois même dans leur propre pays.
Dans ce psaume, l’oppresseur demande aux personnes qu’il exploite, de sourire et de se réjouir, de chanter les chansons d’un passé « heureux ». Sous le couvert d’assurer du spectacle, de la variété, les oppresseurs ont souvent exigé que les personnes opprimées, se produisent joyeusement, pour assurer leur propre survie. Leur message est aussi simple que cruel : vos chansons, vos cérémonies, votre identité culturelle, tout ce qui vous rend uniques et dignes de respect, n’est autorisé que tant qu’il nous est utile. Sinon, disparaissez ! Ce genre d’oppresseur traverse les siècles, il s’adresse à des personnes qui de nos jours encore, sont marginalisées, tolérées tant qu’elles sont utiles au bon plaisir du dominant.
Ce psaume donne la parole aux exilés juifs de Babylone, comme à tous les opprimés de tous les temps. Comment pourrions-nous chanter le chant du Seigneur alors que nous sommes des étrangers dans notre propre pays ?
Lorsque nous chantons, si nous chantons, nous ne chantons pas pour ceux qui nous privent de notre liberté, mais pour louer Dieu. Nous chantons parce que nous ne sommes pas seuls, car Dieu, s’il ne nous a pas gardés dans notre pays, ne nous a pas abandonnés. Et hier comme aujourd’hui pour les chrétiens, nous chantons parce que nous sommes entourés d’une nuée de témoins. Les ancêtres et les saints qui sont partis nous inspirent. Ils nous encouragent à chanter des chants d’espoir, des chants de liberté, des chants de libération, des chants qui nous parlent d’une terre où un peuple est rétabli, cette terre pouvant aussi bien être le pays d’origine que la terre du Royaume de Dieu. Et ces chants, cette espérance, le souffle de l’Esprit de Dieu, nous remplissent de joie.
L’Évangile selon Luc rapporte que des personnes, dont de nombreuses femmes, suivent Jésus, alors qu’il porte sa croix vers le Calvaire. Le suivre ainsi est l’acte de disciples fidèles. Jésus reconnaît leurs combats et les souffrances qu’elles devront endurer en portant dans la foi leur propre croix, elles et leurs descendances, jusqu’à nous certainement. Pleurer sur quelqu’un, cela se fait par les larmes, la poésie, le chant.
Grâce au Mouvement œcuménique, les chrétiens partagent aujourd’hui des hymnes, des prières, des réflexions et des idées par-delà leurs propres traditions. Nous les recevons de chrétiens issus de communautés différentes de la nôtre comme des dons issus de la foi et d’une vie de disciple vécue dans l’amour, souvent au milieu de difficultés.
Ces dons partagés sont des richesses à conserver précieusement, à savoir respecter et à ne jamais cesser de faire connaître à d’autres communautés, car ils témoignent de la foi chrétienne que nous partageons dans cette grande famille du Seigneur.
Prions :
Dieu des opprimés, Ouvre nos yeux sur le mal qui continue d’être infligé à nos sœurs et frères en Christ. Que ton Esprit nous donne le courage de chanter à l’unisson avec eux, et d’élever nos voix avec ceux dont la souffrance n’est pas entendue. Renouvelle notre liberté de prendre des chemins de solidarité qui rendent justice à tous ceux qui se réclament de toi. Et que nos chants expriment autant notre confiance que notre espérance, en nous remplissant de ta paix et de ta joie. Nous te prions au nom de ton Fils Jésus. Amen.
Ecoutons une reprise de ce PS 137
01 Terre Étrangère -Ps137