3 septembre 2023 : Torrent du jugement

Prédication du 3/09/2023 par le pasteur Marc LABARTHE

Jean 4,10-14        Amos 5, 21 à 24

 

Si les prédicateurs n’avaient qu’à prêcher sur le v.24 du ch.5 (que l’équité coule comme de l’eau, et la justice comme un torrent intarissable), nous serions heureux. Car il est merveilleux de parler à nos assemblées de la justice de Dieu. C’est vraiment une bonne nouvelle lorsque nous pouvons proclamer que la justice et la droiture de Dieu pénétreront dans nos vies comme un courant qui ne sera jamais soumis aux vicissitudes de la nature. La sécheresse ne pourra jamais tarir l’amour et la grâce de Dieu. Dans cette description, Amos a parfaitement capturé l’image, et c’est une bonne raison de prêcher ainsi. Mais nous ne sommes guère justes envers lui, et nous ne dressons pas non plus un portrait précis de son message, si nous le traitons simplement comme une annonce de la grâce de Dieu – à l’image de la parole de Jésus envers la Samaritaine, une source d’eau continue.

Car prise dans son intégralité, la prophétie d’Amos est dure et sans compromis. C’est un message qui condamne ceux qui profitent des richesses du monde aux dépens des pauvres ; elle est loin d’être un message de réconfort et de consolation, c’est un message qui contient peu, voire aucun, espoir. La justice et la droiture dont parle Amos dans ce v.24, sont bien plus des paroles de jugement que des paroles de réconfort, et nous nous trompons en ignorant cela. Et pour terminer, la prophétie d’Amos est une parole de jugement autant applicable aujourd’hui, qu’elle l’était il y a près de trois mille ans.

Amos nous dit qu’il était parmi les bergers de Tekoa lorsqu’il reçut son appel pour devenir prophète vers 760 avant notre ère, un village près de Jérusalem en Juda. Or cet homme du royaume du sud se rendit au nord d’Israël pour prononcer la parole de jugement de Dieu. Amos a commencé son message en prononçant la condamnation de Dieu sur les voisins d’Israël. Damas, Galaad, Gaza, Tyr, tous avaient péché et tous seraient punis. Comme les enfants des écoles qui se réjouissent lorsque leurs camarades sont punis et pas eux, les Israélites appréciaient sans aucun doute d’entendre comment le feu de Dieu allait pleuvoir sur leurs voisins. De cette manière, Amos attirait ses auditeurs, les berçait d’un faux sentiment de supériorité, les préparant au coup à venir.

Car soudain, le prophète a pointé le doigt sur eux : Ainsi parle l’Éternel : Pour trois transgressions d’Israël et pour quatre, je ne révoquerai pas le châtiment. (2:6.) Comme tous leurs voisins, Israël avait également péché contre Dieu, et Amos avait pour mission de prononcer le jugement de Dieu.

Alors qu’avaient-ils fait ou n’avaient-ils pas fait ? Au fil des années de paix qu’ont connues les royaumes du nord et du sud, la disparité entre les riches et les pauvres en Israël s’est considérablement élargie. Il y avait en Israël des gens qui jouissaient d’une grande richesse et d’un grand luxe. Ils mangeaient bien et vivaient dans de belles maisons. Et c’est à eux qu’Amos a adressé le message de Dieu. Car ils ont profité de cette paix pour piétiner les pauvres et spolier leurs biens (4:11). Ils ont construit des maisons 5 étoiles (4:11), vivaient dans le luxe, s’amusaient avec les DJ, buvaient quantité de bon vin, et se pomponnaient avec les meilleures huiles (6:4-6). Les loisirs prenaient tout leur temps, ignorant et oubliant les pauvres qui souffraient. Malgré quelques fléaux et catastrophes, ils ont caché la réalité par quelques aumônes tape à l’oeil, et des célébrations splendides, mais vidées de leur sens.

Plus que n’importe quel autre prophète, Amos déclare une parole de malheur et de destruction avec presqu’aucune parole d’espoir. Amos est très clair. Le peuple d’Israël a péché contre Dieu et il sera puni. Ils vont souffrir pour leurs transgressions.

Et la réalité fut cruelle : Une génération après Amos, le royaume du nord d’Israël fut détruit par l’Assyrie, et environ 200 ans plus tard, Juda fut contraint à l’exil à Babylone. Ceux qui avaient connu la richesse et l’aisance ont connu les ténèbres et l’obscurité qu’Amos avait prédit.

Malheureusement, le doigt d’Amos est également pointé sur nous, c’est-à-dire notre pays, notre Occident. Nous aussi, nous vivons dans le luxe et buvons des boissons de qualité. Ceux qui, en Occident, jouissent de grandes richesses le font aux dépens des pauvres, et Dieu entend leurs cris. Et cela peut aider à nous interroger, comment notre style de vie est-il rendu possible par cette privation de vie ailleurs, nos succès par leur maintien dans la survie, notre privilège par leur pauvreté, etc ?

Les prophètes sont très clairs sur le fait que la vie des enfants de Dieu ne doit pas être vécue dans l’isolement spirituel. Notre Dieu est un Dieu de compassion, de justice et de droiture, ici, dans ce monde. Amos nous rappelle que Dieu est notre créateur. Dieu nous a donné la vie, et il nous l’a donnée en abondance. De plus, Dieu a été, est et sera toujours fidèle à cette création. Mais, en réponse à la grâce et à l’amour de Dieu, des prières qui n’engagent à rien et une adoration de Dieu, qui ne fait du bien qu’à soi, ne suffisent pas.

Lorsqu’il proclame : que le droit jaillisse comme les eaux et la justice comme un torrent intarissable ! C’est bien un bouleversement en profondeur que Dieu attend de nous, jusque dans nos cultes – Eloigne de moi le tumulte de tes chants !. Si ce n’est pas le cas, le torrent nous emportera, du moins toute injustice dans nos louanges ! 

Nous sommes appelés, par Dieu, à répondre aux besoins de toute la création, non par égoïsme et par cupidité, mais par compassion et générosité. Nous devons aimer notre prochain, et non l’ignorer ; soutenir et encourager, et non négliger et mépriser. Et cela peut prendre la forme d’actes discrets et persévérants, comme aussi être vécu à des échelles plus amples, dans un quartier, près d’une famille, dans la cité, voire mondiale.

 

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