09/07/2023 : Le repos du bébé

Prédication du 09/07/2023 par le pasteur Marc LABARTHE

Zacharie 9,9-10 Matthieu 11,25-30

 

En ce temps-là, commence notre passage de l’évangile. Mais quel temps ? Ce temps-là, en faisant un peu d’analyse, c’est le moment où se passent les événements racontés juste avant, puisqu’en ce temps-là, Jésus répondant, dit cette louange à Dieu son Père. Alors que s’est-il passé dans les paragraphes précédents ?

 

Mt raconte une situation très conflictuelle. Jésus avait parlé de Jean-Baptiste dans sa prison, qui se demandait qui était vraiment Jésus. Puis il a interrogé la sagesse et le savoir des gens à propos de JB, en le qualifiant du plus grand des prophètes, mais qu’un petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui. Enfin il avait comparé ses auditeurs à des trouble-fêtes, parce qu’ils n’ont pas écouté Jn et ne font pas confiance à Jésus non plus : vous êtes comme des enfants dont les autres enfants se plaignent : on vous a joué et vous n’avez pas voulu danser ; nous avons chanté des lamentations, et vous n’avez pas voulu pleurer. Ce regret que les gens ne jouent pas le jeu devrait les secouer quelque peu. Et Jésus pousse le bouchon encore plus loin, en affirmant que si ses miracles avaient lieu à Tyr et à Sidon,  deux villes en dehors de la terre d’Israël dans le Liban actuel – les gens là-bas auraient rappliqué en masse. Et il ajoute encore une parole scandaleuse, en disant que même les gens de Sodome auraient fait demi-tour, que Sodome serait encore debout aujourd’hui, alors qu’ici, personne ne bouge.

 

Et en cet instant-là, Jésus bascule dans la louange : Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre ! Ce temps-là, en gc, ce kairos -là, le kairos étant le moment favorable, le temps opportun, l’occasion à ne pas manquer, la conjonction idéale ! Alors que ça gronde et que les yeux se plissent autour de lui, Jésus saisit cette opportunité pour chanter Dieu : Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché ces choses aux sages et intelligents et révélé cela aux bébés.

 

Qu’est-ce à dire ? Nous tous qui pensons que l’intelligence et la sagesse sont absolument nécessaires, pour plein de raisons, Dieu nous cacherait-il encore des choses ? En fait, le contexte très polémique dans lequel se situe Jésus permet de comprendre que Jésus parle encore de ses détracteurs. La sagesse et le savoir des dominants, des maîtres de la loi, qui utilisent leurs compétences pour maîtriser non seulement le politique mais aussi les personnes, par de multiples contraintes. Ces sages sont des gens qui ne veulent pas être éclairés parce qu’ils ont un savoir ancien et bien acquis, et ils deviennent trouble-fêtes parce qu’ils ne veulent rien apprendre de nouveau, en refusant les jeux des enfants, parce que cela leur échappe, ou les dérange. Jésus se réjouit pourtant, car il reconnait que la volonté bonne de Dieu se dévoile aux tout-petits et non aux sages.

 

Et Jésus continue, en précisant sa pensée : il n’est pas facile pour quiconque, qu’il soit intelligent ou stupide, de reconnaître Dieu et Jésus ; et c’est même impossible: personne ne connaît le Fils, sinon le Père, personne non plus ne connaît le Père, sinon le Fils. C’est troublant…, et pourtant, nous savons bien que nous ne pouvons connaître Dieu, comme s’il pouvait être une matière à travailler et un savoir à acquérir. C’est bien notre cas, puisque l’on revient toujours aux textes bibliques qui nous interpellent et orientent encore notre foi, notre pratique.

 

Mais Jésus n’a pas fermé la porte : en disant: personne ne connaît le Père, sinon le Fils, il ajoute : et celui à qui le Fils décide de le révéler. C’est là aussi le temps favorable, l’opportunité : le fils veut révéler ces choses aux bébés, il vient révéler le Père aux tout-petits. Et il lance aussitôt son appel à tous les fatigués et les accablés, — ces gens qui sont les premiers tout-petits, ces bébés à qui est révélé le Père et le Fils, et qui découvrent les choses cachées aux sages.

 

Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et moi je vous donnerai du repos. Ce repos est l’arrêt des pressions exercées par les obligations de rendement dans l’économie de marché; c’est  l’allègement des contraintes étouffantes de la religion et de certaines pratiques inégalitaires entre hommes et femmes, entre vieux et jeunes; c’est l’enlèvement du poids des drames et des catastrophes
— il suffit de lire l’Evangile. Jésus donne ce repos, en donnant un autre joug – oui, un joug quand même.

 

Prenez sur vous mon joug et laissez-vous instruire par moi, car je suis doux et humble de coeur, [et vous trouverez le repos pour votre vie]. D’abord l’expérience du joug, puis l’enseignement. Ce joug est une instruction qui vient de lui, et qui est défini par la douceur et une humilité fondamentale. Celui qui apprend de Jésus, qui met en pratique ce qu’il enseigne, acquiert de l’expérience, il découvre que ce n’est pas un fardeau de plus pour ceux qui sont déjà surchargés, mais c’est comme de la lumière qui éclaire l’existence ; ce n’est pas une pression supplémentaire empêchant d’avancer, sur les personnes déjà subjuguées (= sous le joug) ; ce joug si particulier fait découvrir que Jésus lui-même est humble et aide ainsi d’autres humbles à entrer dans la danse et le chant de louange au Père.

 

Car mon joug est bon, et ma charge légère. Jésus répète cette formule du joug, en précisant que la charge est tout à fait légère. Son joug bienveillant aide à trouver le repos et il est un poids rassurant. Il s’agit donc bien d’une expérience de vie, mais plutôt positive et encourageante, car bien différente de celles qu’imposent les obligations professionnelles, médicales, sociales, politiques et même religieuses
trop souvent. Il ne s’agit pas que d’une théorie intellectuelle, d’un savoir supplémentaire, parce que cela tomberait dans les choses cachées aux sages.

 

Il s’agit d’une valse à oser apprendre, ou d’une marche lente à découvrir, avec des enfants qui sont prêts à jouer ensemble. Le joug et sa charge légère, c’est donc la mise en oeuvre, la réception de Jésus lui-même comme co-ouvrier, compagnon de route et de fête, de deuil et de guérison. C’est la confiance d’un partenariat qui ne laisse pas sur la touche, mais relève, et qui renouvelle l’enseignement tout en conduisant au rafraîchissement de nos vies.

 

Zacharie 9 v. 9-10

9 Sois transportée d’allégresse, Sion la belle !

Lance des acclamations, Jérusalem la belle !

Il est là, ton roi, il vient à toi ; il est juste et victorieux, il est pauvre et monté sur un âne, sur un ânon, le petit d’une ânesse.

10 Je retrancherai d’Ephraïm les chars et de Jérusalem les chevaux ; les arcs de guerre seront retranchés.

Il parlera pour la paix des nations, et sa domination s’étendra d’une mer à l’autre, depuis le Fleuve jusqu’aux extrémités de la terre.

 

Matthieu 11 v. 25 à 30

25 En ce temps-là, Jésus dit :

Je te célèbre, Père, Seigneur du ciel et de la terre !

parce que tu as caché ces choses aux sages et aux gens intelligents,

et que tu les as révélées aux tout-petits.

26 Oui, Père, parce que tel a été ton bon plaisir.

 

27 Tout m’a été remis par mon Père, et personne ne connaît le Fils, sinon le Père,

personne non plus ne connaît le Père, sinon le Fils,

et celui à qui le Fils décide de le révéler.

28 Venez à moi, vous tous qui peinez sous la charge ; moi, je vous donnerai le repos.

29 Prenez sur vous mon joug et laissez-vous instruire par moi, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos de vos âmes.

30 Car mon joug est bon, et ma charge légère.

 

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